Je suis tombée sur facebook sur une liste à donner de mes dix films préférés. J’ai préféré la repartager ici pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli des archives perdues de l’infraweb of the abyss.
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1 – Belle de Jour – Luis Bunuel – FR (1966)
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Luis Bunuel fait parti de mes 4 cinéastes préféré. J’ai vu presque tous ses films (il est le réalisateur dont j’ai vu le plus de films, au moins une bonne vingtaine sur plus de trente), écouté des conférences, des interviews, lu des livres sur lui et de Claude Carrière avec intérêt.
Vu au cinéma du Centre G. Pompidou. Belle de Jour est le film qui m’a le plus marqué émotionnellement mais à l’époque j’étais plus sensible au sujet. J’en suis tombée amoureuse de Pierre Clementi, lu son livre sur la prison en Italie (« Quelques messages personnels ») etc,…
Mais dans mes films marquant, il y a beaucoup « Un chien andalou » de 1929. Je ne l’ai pas mis ici car j’avais déjà trop de films et que c’est un court métrage. Je l’ai vu la première fois au Tate Modern à Londres il me semble.
Ce film me plait pour son esthétique contemporaine d’une époque graphique, pour son surréalisme, qui est très important pour moi car l’art doit réveiller du réel.
C’est ce que fait ce film comme d’autres que j’ai beaucoup aimé notamment La Voie Lactée, qui s’en prend beaucoup à l’église (comme « l’Age d’or »), mais qui à l’époque était vraiment audacieux.
Et « le Fantôme de la liberté » qui a un humour particulier (ou que j’aime particulièrement), j’aime sa façon de remettre en cause les valeurs de la société de l’époque, sa manière de se moquer des bourgeois et de casser les codes.
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2 – La Grande Illusion – Jean Renoir – Fr (1937)
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Vu à la cinémathèque Française de Paris, ainsi que pas mal d’autres de ses films, car Renoir fait aussi parti de mon « top 4″. Je ne sais pas si j’aime les films qui se passent pendant la guerre, ou si j’aime simplement les uniformes (enfin si je sais). La présence de Erich Von Stroheim fait beaucoup pour ce film, car il est un personnage qui malgré son physique peu avantageux sait incarner l’élégance, la froideur et le côté sombre qui me plait (dans son goût pour le style « gothique »…). L’esthétique du film est parfaite et émouvante, mais le côté bon enfant, bon vivant est également très présent (et ne me gêne pas alors qu’il me gêne dans le cinéma d’aujourd’hui). On y parle de la guerre sans manichéisme, mais avec un espoir qu’on ne connait plus, que je qualifierais de poétique. Cet espoir qui selon moi est cette grande illusion, est de penser que c’est la « der des der », à l’aube de la seconde guerre mondiale.
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3 – Les damnés – La caduta degli dei – Luchino Visconti – It (1969)
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Mon troisième de mes quatres cinéastes préférés, sans ordre particulier, sachant que j’ignore qui est le quatrième est l’italien Luchino Visconti. J’aime aussi également Ludwig et le Guépard, un peu moins Senso ou Mort à Venise (qui reste magnifique). Je pense souvent que les films que je préfère le sont pour les costumes et les décors et précisément les papiers peints. Certains trouveront cela superficiel mais le costume et le design de motifs sont de réelles et profondes passions et professions chez moi. La lumière est magnifique, certains trouveront cela trop théatrale ou académique mais avec la mode des années fin 60/ début 70 j’adore vraiment ces images.
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Encore ici la présence du beau Helmut Berger rend ce film encore plus agréable, et son personnage à la fois fou, qui aime se travestir, qui aime les enfants et sa mère est très intéressant. La référence à la nuit des longs couteaux, la tuerie des S.A. me plait énormément car rappelle comment le régime hithlérien utilise et massacre ses alliés, pour retourner sa veste et se faire bien voir auprès des dirigeants. Le côté ou peut être la vision légèrement homoérotique de Visconti me plait aussi, parfois j’ai l’impression d’être, dans mes goûts esthétiques un homme homosexuel dans le corps d’une femme. Mon côté Douglas Pearce.
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Charlotte Rampling n’a pas de chance avec les nazis. Je voulais mettre dans mon top 10 Le portier de nuit de Liliana Cavalli (1974), car il fait aussi parti de mes films préférés, mais je triche déjà en mettant plusieurs films préférés par réalisateur.
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4 – Inferno – Dario Argento – It (1980)
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Pour rester dans le cinema italien, j’ai découvert Dario Argento plus récemment (il y a six ou sept ans), avec Inferno à la cinémathèque française. C’est parce que je l’ai vu en premier, et qu’on m’avait dit beaucoup de mal d’Argento (pour son kitsch etc) et que je m’attendais à ne pas aimer, que j’ai beaucoup aimé et que je n’ai pas choisi Profondo Rosso ou Suspiria vu plus tard. Peut être que je préfère Profondo Rosso, car il y a une maison (près de Turin) avec une très belle architecture, mais ce que je préfère dans Inferno est le côté fantastique. En voyant ce film, j’ai vraiment retrouvé des sensations que j’avais dans mes rêves. Je me suis vraiment demandé si j’avais rêvé de ce film et je pense que Dario Argento sais se connecter à une vibration sensible un peu inconsciente et totalement onirique (qui peut aller dans l’horrifique). Mais avouons que les papiers peints de Suspiria sont les plus beaux, même si l’hôtel de Inferno est carrément génial. J’adore aussi les vitraux, donc je me devais d’adorer Argento. Et je finirais par saluer les musiques de ses films qui sont superbes.
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5 – 2001 l’Odyssée de l’espace – Stannley Kubrick US (1968)
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J’ai vu ce film seule chez mes parents quand je devais avoir 16 ou 17 ans. J’étais à l’époque grande fan de Marilyn Manson qui recommandait Kubrick. C’était vraiment une découverte intéressante, et même si je ne comprenais pas tout ce que je voyais, les images et je dirais même les symboles qu’ont réussit à créer les images sont restées gravées en moi jusqu’à aujourd’hui. Les mégalithes noirs, bien que discrets semblent avoir une puissance extra terrestre divine. J’ai lu juste après le livre de Arthur C. Clarcke pour tenter de percevoir un peu plus certaines choses. Le design et le style de l’époque, me plait énormément. Shinning, Orange Mécanique et Barry Lindon sont aussi des films qui m’ont plu, mais j’ai détesté Eyes wide shut et ses 3 accords de piano. J’aime l’humour du Professeur Folamour, et imaginons qu’il ait pu réaliser un film sur Napoléon (l’exposition à la cinémathèque nous montrait ses recherches), cela aurait pu être magistrale.
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6 – idi i smotri (Requiem pour un massacre) – Elem Klimov – Ru (1985)
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Découvert au cinéma espace Saint Michel de Paris, sur un conseil, je ne savais pas à quoi m’attendre. La surprise vient d’un format d’image à la fois sale et carré qui rend à la fois les scènes proches de nous, et aussi un côté différent de ce que j’ai l’habitude de voir (plus la langue qui n’est pas celle que j’entends le plus souvent). D’une certaine manière on sent une certaine immersion dans des moments terribles. J’ai ressenti un malaise avec ce film et cela m’a plu car il avait réussi à remuer mes petites tripes sensibles. Encore un film dans le contexte de la guerre.
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7 – labyrinthe d’herbes – Shuji Terayama – Jp (1979)
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Ici encore, ce film réussit à composer plusieurs éléments que j’aime : l’onirisme étrange, le bizarre, le côté avant-gardiste et artiste du style Angura, le côté légèrement subversif ou anticonformiste, les fantasmes mêlant sexe, mort, étrange, les souvenirs comme des fantômes du passé, le côté théâtral, la poésie,…
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Il réussit a créer des personnages qui deviennent des sortes de symboles ou d’archétypes comme ce personnage de jeune garçon au visage blanc ou portant un masque, avec un uniforme et une casquette symbolisant l’enfance du réalisateur, et que l’on retrouve dans « pastoral to die in the country ».
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8 – cold fish – Sono Sion – JP (2010)
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Film vu au Forum des Images, en présence d’une des actrice. Il y a encore ici beaucoup de films, ou d’éléments de films que j’aime chez Sono Sion. J’ai bien apprécié Suicide Club (2001), Noriko’s Dinner Table (2006) (cela rappelle cet article :
), Strange Circus, Love Exposure (2008) (vu a cinéma de Saint Denis en présence du réalisateur, pendant ses quatre heures, ou Cold Fish (2010). (moins aimé « comme dans un rêve » ou « guilty of romance »). Et The Land of Hope (inspiré de Fukushima) m’a fait beaucoup pleuré.
Apparemment il aime beaucoup l’auteur Edogawa Rampo aussi.
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J’aime beaucoup un certain cinéma japonais, j’aime le décalage qu’on pourrait trouver avec notre réalité française, et qui pour moi me permet de faire ce pas de côté, cette critique et cette ouverture vers un ailleurs possible. J’aurai pu mettre d’autres films qui m’ont marqué : Visitor Q, Ichi the killer (Takashi Miike),… J’aime beaucoup le thème de l’échec familial avec lequel je me sens proche, je ne sais pas s’il y a un lien avec mes origines asiatiques mais le malaise créé entre modernité et tradition est quelque chose que je ressens. J’aime aussi cet humour tragi-comique, parfois noir, qui n’appellent pas au ricanement actuel de rigueur. J’aime quand les images sont à la fois subtiles, transgressives et extrêmes, du coup le « gore » ou le sanglant en font parti. (J’aurai pu mettre dans ma liste de films Brain Dead vu quand j’avais 13 ans qui était un film assez drôle).
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9 – Innocence – Lucile Hadzihalilovic – Fr (2005)
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J’aime beaucoup l’atmosphère de ce film. J’aime cette innocence. Ce film réussit à créer un environnement proche du conte, qui est un élément important pour moi. Ce n’est ni joyeux ni triste, c’est complexe et nuancé. J’apprécie cette ambiguïté, plus proche de la réalité. La jalousie, l’espoir, la peur, la tristesse,… Il ne faudrait pas enlever cela aux enfants, même si on a tendance à vouloir les représenter sous leurs meilleurs jours. Quand il y a des enfants à l’écran, j’ai tendance à m’identifier. Faire une régression dans mon enfance, ou le concept de l' »enfant en moi », vulnérable, naïf. Je vois cette douce sensation de nostalgie. Beaucoup de personnes ont plutôt pris le parti de se voir en tant que prédateur sexuel, et ont dénoncé ce film. Pourtant ce n’est pas explicite, ce qui serait à dénoncer est de n’y voir que ça chez les censeurs. « L’ambiguité sexuelle » est quelque chose qu’il ne faut pas dissocier absolument de l’enfance. Quand on est enfant, on sent aussi ces choses, ces regards, ces gestes, ces attentes, en tout cas moi je le sentais. Beaucoup d’enfants cherchent à faire plaisir aux adultes, à être parfait à leurs yeux. C’est là que réside la complexité.
J’ai récemment regardé « Evolution » que j’ai aussi aimé. C’est le genre d’atmosphère qui me plait, le conte, le mythe, le symbole.
Et aussi la beauté et l’esthétisme.
J’ai récemment regardé « Evolution » que j’ai aussi aimé. C’est le genre d’atmosphère qui me plait, le conte, le mythe, le symbole.
Et aussi la beauté et l’esthétisme.
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10 – Marie Antoinette – Sofia Coppola – USA (2006)
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Vu au cinéma, j ‘ai beaucoup apprécié ce film comme beaucoup de personnes à l’époque. Il a influencé toute une tendance. J’ai déjà parlé que j’aimais les costumes et les décors en général, qui sont ici très beaux, malgré les débats futiles sur l’historicité (ce film n’avait pas pour but d’être un documentaire). Sofia Coppola réussit très bien à créer une ambiance féminine, onirique et dramatique, qui est à la fois romantique et contemporaine (avec un brin de « jeunesse »). On arrive a se mettre à la place d’un personnage à la lourde responsabilité qui cherche à s’évader dans son propre monde. Je pense que ce film serait mal passé 12 ans plus tard, où on s’attarde trop au caractère « royal », vu comme la pire des choses (alors que c’est plus complexe que cela), ou à la « blanchitude » des personnages, comme a été très lourdement accusé son dernier film « les proies », film que j’ai beaucoup aimé pour l’ambiance également, les costumes et ce regard également sur la féminité (à la fois mignonne, jalouse, mesquine et fatale). J’avais aussi apprécié Virgin Suicide mais moins Lost in Translation. J’aime assez Kirsten Dunst qui est née le même jour que moi, du coup je pense que c’est une personne intéressante. ^^
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Mais aussi en pagaille :
Seul contre tous – Gaspar Noé
crash
the naked lunch – Cronenberg
eraserhead – David Lynch
Neon Demon Judgement – Nicolas Refn Widding
The wicker man,…