Exposition « Pléiades » au Bailli

Je vous invite à une nouvelle exposition qui aura lieu du 22 au 27 février 2019 à la Maison du Bailli à Epinal.

 

190211_expos2019PigV1

.

.

 

J’expose quatre oeuvres originales avec le collectif Pigment’ T. N’hésitez pas à venir au vernissage qui aura lieu vendredi à partir de 18h30 !

 

Je serai par ailleurs présente à la galerie dimanche après midi !

.

.

IMG_20190216_125617

 

 

.

Dernièrement, je suis passée par différents états émotionnels et de réflexion qui se sont concrétisés par une petite série d’illustrations. Je les ai partagé sur les réseaux antisociaux et je vais tenter de résumer les idées ici.

.

« Je voulais juste à la base des dessins en tant que supports d estampes (imprimer une plaque gravée et encrée) puis finalement elles existent pour elles mêmes, comme des particules de vie, comme des amas d étoiles. Je les ai nommé Pléiades, ces étoiles proche de la constellation du Taureau qui m est cher, plus nombreuses que les sept soeurs grecques. Certaines semblent avoir eu des mains ou des yeux emportés par des grenades des forces de l ordre capitaliste, mais ce n est qu un pur hasard »

.

.

IMG_20190215_150142

 

 

.

Cet été, j’étais dans un besoin de couleurs pastels, notamment du fait de son impopularité auprès de certains préjugés anti féminin, autant de la part de certains phallocrates que chez certaines féministes et autres moralistes new ageux (prônant le capitalisme « naturel » et vert et préjugeant les femmes coquettes de superficielles sans jamais leur donner la parole). Le rose pastel est notamment une de mes couleurs préférés, qui m’apporte beaucoup de bonheur quand je la vois, notamment lorsqu’elle prend possession des nuages. Elle porte le stigmate d’une féminité niaise qu’il faudrait dépasser. La seule chose qu’il faille dépasser est ce qu’on nous impose qui ne nous correspond pas, et en l’occurrence on nous impose de la rejeter. Même si ces cinq dernières années elle revient beaucoup dans la mode, certaines personnes y restent allergiques pour ces préjugés. J’ai déjà parlé du rose pastel et de son association au bébé féminin au début du XXème siècle, je comprends combien il peut constituer un symbole genré à combattre, mais je trouve que c’est un cliché ringard. C’est plus souvent de la part des hommes, que je ressens (et non le ressenti n’est pas moins vrai que n’importe quelle injonction médiatique) un besoin de combattre un corps assumant son féminin sensible et maniéré (un corps de femme comme un corps d’homme d’ailleurs), ou ont ils plutôt l’impression d’une légitimation à laisser s’exprimer leurs pulsions de domination.

.

.

IMG_20190215_125847

 

 

.

Ensuite, l’automne m’a donné envie de me protéger du froid et j’ai eu besoin de rechausser mes rangers et porter mes manteaux noirs. La gravure me manquait, j’avais besoin de retrouver la texture et la matière de l’aquatinte. Le noir revenait dans mes dessins. Cela s’est superposé à une pression sociale qui trouvait un moment de respiration dans la crise des Gilets Jaunes. Je relisais et écoutais des podcasts critiquant le monde moderne et le capitalisme matérialiste, cherchait des alternatives écologiques au désastre de la terre sans cesse souillée, qui est une chose qui me rend très souvent triste. William Morris, Jean-Claude Michéa, Henri GuilleminFrançois Jarriges, Bernard Stiegler, les techno-critiques romantiques, Deep Green Resistance et les éco-féministes m’ont consolé de mes tourments.

.

.

IMG_20190219_185008

 

.

Le jeu de rôle que je repratique depuis près de deux ans me mène vers le théâtre, la performance, le rituel, le shamanisme, la danse, la musique et l’expression physique et orale. Il m’aide à « invoquer » les esprits m’aidant à me déconstruire des normes sociétales et me guider vers ce à quoi j’aspire : une certaine spiritualité, un état de reconnexion avec le monde sensible et les esprits invisibles. Les théâtreux parlent des « ghosts » invoqués par Shakerpeare, lorsqu’ils incarnent un personnage. La musique dark folk Sturmpecht m’inspire beaucoup.

.

J’ai eu ensuite une phase photographique, d’abord pour travailler sur ma perception de la lumière, afin de mieux la représenter en peinture, d’où le fait aussi que je peignais des néons roses. Cela m’a apporté une certaine délivrance, je me suis sentie « inspirée » (possédée) lors d’un de mes shooting et c’était très agréable, j’avais l’impression d’accéder à quelque chose de différent, de m’élever de la matière (que je ne rejette pas par ailleurs). Et j’avais aussi le plaisir intellectuel de me rendre compte que j’avais accéder à un de mes objectifs. J’avais envie de me replonger dans Current 93, Coil et surtout John Balance et la Chaos Magick.

.

.

IMG_20190219_180839

.

.

Cet état de lâcher prise m’a amené vers la création de dessins quasi automatiques, à la manière de Austin Osman Spare. Je voulais revenir à la gravure, à la texture sombre et donc créer des supports à imprimer, mais finalement je les laisse ainsi, prêt à être exposés.

.

Hier la mort de Karl Lagerfeld, dont j’aime et respecte l’érudition et l’amour des belles choses m’a fait reconsidérer ma démarche. J’aime la discipline et la rigueur et le lâché prise n’est peut être qu’une injonction à laquelle je ne devrais pas me normer. Du coup je pense que c’était plutôt un état émotionnel et de sensibilité (permettant le contact avec le monde sensible) qui m’a conduit à ce résultat plus fluide, plus « poissons ». Car au fond de moi je trouve la discipline plus sexy que la négligence et mon but est de travailler sur mon être intérieur et authentique. Et je ne suis pas la personne détendue qu’on aime, que la société valide et encourage mais tant pis car je garde en mémoire la citation de Jean Cocteau comme une maxime : « Ce que le public te reproche, cultives le, c’est toi. »

Laisser un commentaire