Tristan et Iseult – Yvan Lagrange

Inspirations.
Mon travail artistique se base autour de recherches. Au fil des années, j’ai construit une carte heuristique assez dense, et j’aime y faire des ponts d’idées en idées. L’un des sujets sur lequel je travaille se base sur les légendes arthuriennes. Je travaille également le costume et j’étudie aussi l’époque du XIIème siècle et la figure de la reine Aliénor d’Aquitaine, car elle a importé à la cour de Paris, les arts raffinés des troubadours et que sa fille Marie de Champagne a commandé à Chrétien de Troyes les principales oeuvres arthuriennes, plus ou moins inspirées de plus anciennes légendes réactualisées à la mode de l’amour courtois. Le moyen âge, tout comme le mythe arthurien me renvoie également à William Morris (et Walter Crane) et son travail, qui m’inspire et me guide.

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Télérama, 1974, 1

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Quand on pense au cinéma français des années 70 abordant les thèmes arthuriens, on pense inévitablement au très bon Perceval le Gallois de 1978 de Eric Rohmer avec Fabrice Luchini .
Mais il existe également un Tristan et Iseult réalisé en 1972, plus d’un siècle après (1865) l’opéra de Richard Wagner, par Yvan Lagrange lorsqu’il avait 22 ans et produit par le styliste Pierre Cardin. Certains fans le connaissent pour la bande originale composée par Christian Vander (Magma).
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C. Vander + K. Blasquiz, 1974

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photos, casques du film Tristan et Iseult
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C’est un film que je viens de regarder sur YouTube en brodant une bordure de manche de ma robe médievale. C’est un film contemplatif qui se compose de tableaux oniriques très beaux alternant scènes de combats de chevaliers et jeune fille appelant son aimé. La pellicule est très abimée, mais le flou des années 1970 est délicieux pour ceux qui apprécient cette esthétique, on y voit de la femme nue qui crie, cela rappelle Zulawski.
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On The Silver Globe / Na Srebrnym Globie (1988)
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Ce film m’a rappelé et encouragé à juste créer de belles choses, sans trop se mettre d’autres barrières et contraintes. J’ai réalisé récemment un court métrage pour notre performance des Imaginales avec Christophe Siébert. Faire ce film m’a rappelé que j’aimais faire cela et qu’il ne fallait pas que j’écoute les autres, ni leurs avis, ni leurs goûts (ils peuvent faire leurs propres films). Hier, en brodant, j’ai également regardé une « leçon de cinéma » de la part d’un de mes cinéaste contemporain préféré, Nicolas Winding Refn, et cela m’a aussi encouragé à créer, en me libérant des contraintes données par tous ceux qui aiment me contredire à la moindre idée que j’expose. J’aime ces moments où les artistes et les créateurs nous émulent par leurs visions et leur sensibilité. J’aime ceux qui font et je m’ennuie de ceux qui parlent (sans faire). Tous ceux qui nous ralentissent, nous mettent des obstacles, nous contredisent dans la création sont des ennemis de la création et de l’art. Je suis contre la censure, même si mes créations n’ont rien de subversives ou transgressives. J’ai juste envie de raconter de belles images.
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L’utilisation de la viande m’a fait penser à l’artiste autrichien Hermann Nitsch et ses performances commencées au milieu des années 1950 (selon son site) et très présentes dans les années 1970, inspirées de Sade, Bataille, Nietsch ou Artaud, « Théâtre des Orgies et Mystères », ainsi qu’au photographe Joel-Peter Witkin, et donc aux films de Ari Aster notamment Midsommar (2019). Je retrouvais cette « ambiance de sculptures de chairs » dans une scène de The Northman (2022) de  Robert Eggers.

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