En ce moment, à Epinal dans les Vosges, est présentée une exposition de 250 oeuvres de l’artiste mondialement connu Shepard Fairey dit, Obey.
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Mon premier souvenir de son travail remonte à la ligne 2 aérienne du métro entre Barbès et Stalingrad. De là on avait une vue idéale sur ses collages recouvrant les vieux murs d’immeubles parisiens. Il s’agissait de collage en noir et blanc du visage du catcheur qu’il a photocopié comme une signature.
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A cette époque, je ne détestais pas le street art, je partageais l’idée de réappropriation du mobilier urbain, qui donnait l’impression d’oppression sur l’individu : marcher sur les lignes, dans les clous, ne pas être en marge, etc… Tout ce que la société contemporaine de consommation oblige à faire, être, penser,… J’aimais le détournement des objets et des concepts, l’esprit Dada, voire situationniste ou punk. J’aimais les actions de Zeus, les mosaïques Space Invaders, … Les contraintes sociales nourrissaient ce besoin artistique.
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Puis c’est devenu à mes yeux de plus en plus mou, bourgeois, niais et laid. N’importe qui voulant afficher ses petits dessins insignifiants sur un mur avec beaucoup plus de caractères agissait comme un chien qui pisse pour marquer son territoire, avec parfois un message soit disant poétique d’un vide affligeant. Le concept de réappropriation de l’environnement urbain par ses utilisateurs (public) est devenu une réappropriation bourgeoise (privé et illégal = vol) de biens personnels à posséder dans une culture de la sur consommation toujours de plus en plus assumée.
Je comprends le street art dans les ZAC, mais pas sur le patrimoine, ceux que certains ne savent différencier et qui révèle de leur (non) sensibilité.
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J’ai suivi l’évolution du travail de Shepard Fairey naturellement en considérant son
travail graphique, très inspiré du pop art mais surtout des mouvements de
propagande du XXème siècle. Graphiquement le futurisme, le constructivisme russe, les régimes communistes et fascistes ont un fort impact visuel. Là encore, on retrouve Dada, des artistes si peu considérés pour leur « monochrome », mais dont l’influence est incontestable comme
Malevitch, l’enseignement du Bauhaus, etc…
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Bien que toutes ces théories et ces pratiques de ces maîtres de l’art moderne qui ont formé le monde publicitaire du capitalisme d’aujourd’hui aient profité à l’effeuillage des fioritures typographiques que j’aime tant, jusqu’à la récente amputation d’empattement du logo Google, leurs influences sont incroyables et incontestables.
On peut aimer les fioritures et les détails et reconnaître l’influence et le génie de la modernité.
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Ce que j’aime dans le travail contemporain de Shepard fairey est la composition de ces « affiches », le choix d’une palette graphique réduite mais efficace, le talent d’avoir créé sa signature par le copié-collé. J’ai ensuite écouté les interviews présentés dans cette exposition et j’ai été beaucoup moins séduite par le propos que je trouvais assez basique, adolescent (dans le confort des jupons de sa mère). Son rapport à l’argent est assez peu assumé, voire hypocrite, alors que personne n’est dupe, il doit bien gagner sa vie en tant que « rebelle » utile. Que reste-t-il de « rebelle » de l’action de soutenir ainsi Obama et les meilleurs stratégies publicitaires ?
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J’ai ensuite aimer son utilisation de plus en plus présente de différentes trames, de all-over (qui titille ma création d’impression textile), de travail de textures (à la mode au début des années 2000, puis revenu aujourd’hui avec les « filtres » et autres gadgets technologiques donnant l’impression « d’authenticité » (c’est à la mode également les tuto sur « comment être authentique »… belle époque). J’aime beaucoup les brillances de noirs, surtout lorsqu’il s’agit de paillette et l’utilisation du doré brillant, sur du noir mat, les superpositions de certains travaux qui rappelles ceux des nouveaux réalistes des années 60, qu’on ne peut apprécier véritablement plus en vrai (en exposition par exemple) que reproduite sur papier ou sur un écran.
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Cette exposition vaut vraiment le coup d’oeil, pour les passionnés comme pour les curieux, c’est une chance qu’Epinal reçoive ce grand nom de l’art contemporain et du graphisme.
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Shepard Fairey, dit Obey à Epinal du 5 septembre au 17 octobre 2015 à la Lune en parachute, 46b rue de Saint Michel.