Tribute to Martin Gore from Depeche Mode

Tribute to Martin Gore from Depeche Mode
Martin Gore Depeche Mode

Martin Gore Depeche Mode illustration Holy Mane

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1980 et 1990 – Club Dorothée et MTV

Je suis ce genre de personne qui achète « Speak and Spell », le premier album de Depeche Mode sorti en 1981 au sombre automne de 2020. Il m’a beaucoup aidé à surmonter une sorte de morosité hivernale de confinement.

Depeche Mode est un groupe très populaire que j’ai découvert à l’adolescence, notamment avec la sortie de « Barrel of a gun » en 1996. Je trouvais le clip étrange, donc il me plaisait, mais à cette époque j’avais besoin de musique plus « agressive » et américaine. J’écoutais alors « Mellon Collie and The Infinite Sadness » des Smashing Pumpkins avant de plonger vers 1998 dans « Antichrist Superstar » de Marilyn Manson à l’entrée du lycée. (Ces deux groupes ont d’ailleurs fait des reprises de Depeche Mode, « Personnal Jesus» pour Marilyn Manson en 2004 et « Never Let Me Down Again » pour Smashing Pumpkins, présent sur un album tribute a Depeche Mode que j’avais acheté en 1998 à cause de la présence de ce dernier groupe ainsi que Rammstein et Deftones. La reprise des Smashing Pumpkins est assez appréciée par le groupe ainsi que la reprise de Personnal Jesus que Johnny Cash a fait plus tard). Je connaissais le groupe de réputation (j’avais aussi vu le reportage live « 101 » qui était passé sur MCM) sans creuser d’avantage leur discographie. Dans ces années 90, Depeche Mode essayait d’enterrer leur image de groupe lié au style New Wave, en mettant plus de guitares saturées et en usant des claviers de façons plus « subtiles ». C’est un groupe qui préfère aller vers l’avant, vers l’avenir et aime la nouveauté technologique. Ils détestent notamment qu’on les associe au « New Romantics ». Je suis trop jeune pour avoir aimé le groupe à ses débuts, leurs premiers albums correspondent à une époque que je n’ai pas beaucoup vécu si ce n’est « inconsciemment » dans le décor des années d’enfance (à travers des sonorités, des jingles comme celui du Top 50, une esthétique graphique, etc… ) Dans les années 80, je m’intéressais plus aux dessins animés qu’à la musique anglaise et je n’ai pas grandi dans un environnement culturel stimulant. La télévision, comme pour la plupart des enfants de classe populaire était ma seule source de « culture ».

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2000 – dancefloor

J’ai toujours préféré les musiques un peu sombres et tristes (comme les films, la littérature, la peinture et les individus), et c’est tout naturellement que je gravitais autour du mouvement « gothique ». Mon goût s’est alors affiné vers moins de culture de masse américaine, télévisé et à la mode (propulsé par une communication commerciale privilégiée) pour plonger vers la musique anglaise prenant racine dans les années 80, et plus particulièrement après les Sex Pistols de 1975, tout en étant influencée par ce qui existait avant comme le disco ou le glam mais surtout David Bowie. J’ai réécouté avec plaisir les sons de synthétiseurs des années 80, après les avoir fuit dans les années 90 et début 2000. Et ce n’est pas tant la musique pop qui m’a reconnecté à ces sonorités que les premiers morceaux de Death In June comme sur l’album « Nada ! » de 1985 ou « Come Before Christ and Murder Love » sur « The World That Summer » l’année suivante ou d’autres groupes comme Dead Can Dance. Ce qui est pratique quand on cherche des albums rangés par ordre alphabétique dans des magasins est qu’ils sont réunis sous les lettres « De… ».

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2010 – Youtube

J’écoutais de temps en temps Depeche Mode comme une sorte de « easy listening » assez dansant et agréable donc je m’étais familiarisée avec les chansons mais pas avec le visages des musiciens. Ils se sont toujours défendus d’être sombre ou triste et c’est surement pourquoi je ne les écoutais pas souvent. Il y a quelques années, j’avais vu la vidéo de «Shake the Disease», où le groupe Depeche Mode était sur une sorte de péniche. Et j’ai eu une sorte d’attirance pour le blondinet peroxydé en tenue latex et yeux maquillés. C’était comme si je le voyais pour la première fois. Plus exactement je le regardais pour la première fois, car dans les années suivant cette période, son style me laissait plutôt indifférente.

A la fin de l’automne dernier, j’écoutais beaucoup plus cette musique, car je voulais quelque chose sur quoi danser, même si c’était toute seule en pyjama dans ma chambre, il me fallait lutter contre l’enfermement, le manque de soleil, l’addiction aux écrans en restant assise, et le froid humide. J’ai donc regardé plus de vidéos sur Youtube de Depeche Mode et notamment les lives des années 80 et c’est là que je suis devenue accroc.

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Devotion

J’avais parallèlement une sorte de saturation de certaines informations d’actualité (que mon esprit a besoin de connaître comme arme de résistance à ce qu’on nous fait subir) et j’avais besoin d’accrocher mon attention vers quelque chose de moins énervant. J’ai une grande capacité à aimer, à adorer, à aimer aimer, tomber amoureuse, être fan, ressentir l’amour des autres pour les autres, etc,… Je suis quelqu’un de très émotionnelle et d’empathique, et j’aime aussi analyser, raisonner et réfléchir. Je ressens très fortement les choses, mon coeur s’emballe très facilement. Comme il sait le faire pour des choses négatives, j’essaie de louer cette capacité d’émotion en le faisant battre pour des choses positives en m’entourant de belles choses, en écoutant de la musique que j’aime, en regardant des œuvres d’art, etc,… Mon coeur d’adolescente n’est pas enterré et je suis très heureuse de pouvoir continuer de ressentir ces choses, avec le recul de l’expérience (qui sait m’apporter la déception).

Ces morceaux de lives m’apportent beaucoup de joie. Puis j’ai regardé de plus en plus d’entretiens et j’ai déterré les Gigaoctects de Youtube au point d’avoir l’impression d’avoir vu toutes les vidéos sur le sujet, donc j’ai commencé à les regarder plusieurs fois, tous les jours. J’ai ensuite regardé sur Pinterest et Tumblr beaucoup de photos, puis j’ai cherché des gifs animés, puis j’ai créé des gifs animés, puis j’ai dessiné un peu, et puis dessiné sérieusement.

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Analyse d’émotion

Je me suis focalisée sur Martin Gore, le compositeur de Depeche Mode. J’ai étudié son thème astrologique. Si quelqu’un connaît son ascendant (ou son heure de naissance) je serai heureuse. Je me nourrissais de son aura en même temps que j’essayais de décortiquer intellectuellement ce que je ressentais, pourquoi je le ressentais, comment ça pouvait m’influencer, me faire avancer etc,…

Martin Gore ne ressemble pas spécialement au type physique qui m’attire, si ce n’est les yeux et les sourcils. J’apprécie généralement les personnes plus sombres, mais à la fois, j’adore son côté « Lion ». Il est à la fois exhibitionniste bronzé et souriant et à la fois très timide. En interview Andy rit parfois sur des anecdotes où Martin se mettait souvent nu. C’est la personne qui souffre de crise d’angoisse et qui aime se mettre plein de paillettes dorées.
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J’ai donc évidemment fait une sorte d’identification, étant moi même introvertie et aimant les paillettes. J’aurai aimé être une femme forte, guerrière, sombre, froide, dure qui ne montre pas ses émotions, une personne qui sait s’imposer, mais c’est complètement raté. J’apprends à m’aimer, à aimer ce que je suis intimement (grâce à l’astrologie) et c’est pour ça que j’ai aimé voir ces éléments (la timidité) chez quelqu’un, pour m’inspirer de son aura, dans le but de m’aimer à travers lui. C’est d’une certaine manière narcissique. Mais en même temps si j’étais narcissique (ce qui est un but – le côté Lion/paillettes), je n’aurai pas besoin de faire ce travail. Martin Gore m’apprend à être plus narcissique et à vivre mon introversion et ma timidité de façon flamboyante et positive. Tout ce que j’écris est l’analyse de mes sentiments, ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé en amont, c’est le fruit du décorticage de ce que je ressentais. C’est également une hypothèse, et non une vérité absolue.
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Le style physique de Martin Gore

En regardant les interviews de Martin Gore, je me suis mise progressivement à aimer la moindre de ses expressions, chaque muscle de son visage transmet à mon cerveau une information qui stimule des endorphines. Sa voix est devenue un remède contre le stress. Je m’écoute des podcasts où il parle et cela suffit pour accélérer mon rythme cardiaque et tomber dans une sorte d’extase. Je suis totalement amoureuse de son accent anglais, de sa façon de parler. Son sourire généreux qui semble cacher un mélange de timidité et de provocation mêlé à un côté indolent crée une sorte de joie et de désir. Et tout cela a été amené grâce à son goût, à son style vestimentaire, entre provocation (quand il portait des robes ou des accessoires fétichistes), extravagance, et une touche sombre.
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Le mauvais « type d’attention » que cela a engendré, m’a pêché comme un poisson. Les entretiens reviennent sur le fait qu’au début, la presse s’est focalisée sur les vêtements de Martin Gore plutôt que sur la musique et que cela nuisait à l’image qu’ils auraient voulu donner. C’est pourquoi ils ont ensuite travaillé avec des personnes, comme Anton Corbijn pour mieux diriger le style visuel du groupe. Je dois dire que le style d’Anton Corbijn ne marche pas du tout sur moi, c’est un peu la raison pour laquelle je ne m’étais pas vraiment intéressée au groupe visuellement. Alors que j’adore le style « communiste/réalisme socialiste » (très présent chez Laibach) de la pochette de « A broken Frame » et « Construction Time Again ». Il marque vraiment le style des années 90, en noir et blanc, plus sobre, que je n’aime pas. Ce style années 90 est aussi très marqué par les publicités noir et blanc de sous vêtements unisexe Calvin Klein. Pourtant Anton Corbijn a réalisé un de mes clips préférés qui est « Heart Shaped Box » de Nirvana.

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Martin Gore Depeche Mode

Martin Gore, Depeche Mode, illustration Holy Mane

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Energie créative de l’innocence

C’est pourquoi je reste surtout amoureuse de la période des années 80, qui est une période extrêmement riche. Le côté naïf et juvénile que les musiciens reprochent à cette période est aussi ce qui leur donne une extraordinaire créativité et une volonté d’agir sans peur, grâce à l’ignorance. Signer chez Mute sans contrat, sortir un album chaque année et faire des tournées entre chaque, jusqu’à être parfois 24 mois sur les routes,… J’ai aussi besoin de retrouver cet âge d’insouciance comme une énergie créative qui m’inspire et m’aide à dépasser mes blocages de personne trop raisonnable et donc qui se limite. Pour ma peinture, ma création, j’ai besoin de voir que les choses sont possibles, qu’on s’en fout de rater, que l’acte de faire est ce qui compte, que de créer en « do it yourself » est une belle alternative devant le manque de moyens. Je passe trop de temps à analyser les stratégies de communication permettant de ne pas être noyée dans l’arène de compétition du monde moderne et cela me déprime beaucoup. Je passe trop de temps à faire de la promotion dans le vide plutôt qu’à créer de nouvelles choses. Mais c’est aussi parce que j’ai énormément de créations, de matières et que j’aimerai les faire vivre autrement que dans mes cartons. Toutes ces questions m’éloignent de la création pure et j’ai besoin d’être dans cette spontanéité artistique. C’est pourquoi les albums des années 80 de Depeche Mode sont vraiment une nourriture stimulante.

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Contrairement à ce qu’on peut imaginer, la presse n’était pas vraiment tendre avec eux au début, cherchant toujours à les réduire à un groupe à filles (expression d’ailleurs misogyne).
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Songs of Faith and Devotion

J’essaie d’analyser mes sentiments, mais aussi ceux des fans. Je ne me sens pas, à ce stade fan. J’ai été fan de Marilyn Manson, je le suis de Death In June, mais pas encore de Depeche Mode. Ce groupe peut compter sur ses fans, qui sont vraiment dans une adoration quasi religieuse qui elle même, inspire le groupe à son tour. Ceux qui se tatouent ou dorment devant l’ouverture des magasins pour acheter en premiers les billets de concert, qui écoutent en boucle un seul morceau pendant toute une journée en pleurant, qui s’évanouissent tellement leurs corps ne peuvent plus supporter tant d’émotion sont très nombreux. On parle souvent d’une de leur session de signature dans un magasin de musique, qui a créé des accidents, tellement il y avait de monde. Les vitres du magasin ont explosé, des personnes ont été blessé,… Martin Gore aime parler de ce sentiment religieux, de l’inspiration du gospel, d’une sorte de sacré qui peut réunir des humains. Il parle de la religion comme de la sexualité, ce sont deux thèmes puissants dans ses textes. « Condemnation », sur l’album « Songs of Faith and Devotion » sorti en 1993 est une de leur chanson préférée pour l’influence gospel.

J’aimerai moi aussi comprendre comment un groupe peut rendre des personnes fanatiques et surtout procurer un amour et une dévotion comme celle ci. Je pense qu’évidemment beaucoup sont nombreux à vouloir comprendre et utiliser « la recette du succès ».

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Composition du son

Concernant les compositions, ce que j’apprécie de façon intense sont les sortes de petites dissonances qu’il glisse dans ses mélodies. Ca me rend vraiment folle et résonne avec des sons que mon corps d’enfant à enregistré au coeur de sa mémoire. Quelques notes peuvent me bouleverser puissamment, notamment dans les notes de clavier de « A question of Lust » (lorsqu’il chante « It is all of these things and more  ») présente sur Black Celebration » de 1986.

J’aime énormément l’introduction (surtout dans les versions live des années 80) de Blasphemous Rumours » sur « Some Great Rewards » de 1984.

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J’aime l ‘energie de la chanson « Tora, Tora, Tora ! De Speak and Spell (1981) ; Pipeline sur « Construction Time Again » ou « Told You so » avec son petit côté oï ! (très lointain, mais je ne sais comment le dire mieux).

Les notes dans la mélodie chantée sont aussi parfois déroutantes (cela dépend évidemment de chaque oreille, de chaque « culture » musicale), la ligne de chant de la chanson « Home » sur l’album Ultra sorti en 1996 me séduit pour son audace d’aller dans les aiguës où on ne l’attend pas malgré un arrangement très années 90.

Martin Gore, lorsqu’il parle a une voix plutôt grave, et lorsqu’il chante, il peut aller vers le ténor et faire des « choeurs d’arrière chant » aiguës. Dave Gahan a une voix profonde et ronde plutôt impressionnante qui ne faiblit pas avec l’âge, contrairement à celle de Martin qui était surtout au sommet au début des années 2000. Il a d’ailleurs sorti un album solo de reprise en 2003, qui s’intitule « Counterfeit² » après un EP nommé « Counterfeit » en 1989. Il a depuis les années 80, pris des cours de chants et perfectionné sa voix et sa musique (abusant peut être des mini vibrato), c’est une des raisons pour laquelle ils voient leurs premiers morceaux avec des oreilles techniques plus sévères. Dave Gahan aussi a beaucoup progressé depuis leurs débuts quand ils avaient 18 ou 19 ans. Martin Gore est né en 1961 et Dave Gahan en 1962. Le premier a commencé un groupe avec leur camarade de lycée Andy Fletcher et Vince Clarcke dans « Composition of Sound » en 1980. Je trouve d’ailleurs le morceau « Ice Machine » vraiment bon.

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Alan Wilder a rejoint Depeche Mode par la suite en 1982, pour partir en 1995 entre « Songs of Faith and Devotion  » en 1993 et « Ultra » en 1996. Bien que les musiciens s’expliquent très peu ou vaguement sur le sens des paroles ou des titres de leurs chansons, préférant laisser chacun interpréter comme il le souhaite, Alan Wilder commente dans une interview que le terme « masses » est employé de façon un peu ironique. Certaines personnes disent que son départ vient aussi du fait que le son qu’il apportait était moins « commercial » et qu’il trouvait qu’on ne lui donnait pas assez de place au sein du groupe. Son départ coïncide avec la décennie qui m’intéresse moins, même si j’adore quelques morceaux, mais c’est surtout l’esprit des années 80 plutôt que le son qui fait appel à des choses profondes et étranges comme, codées en moi, du fait de grandir dans ces années là.

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Fragiles aspérités sensuelles

Il y a trop de morceaux que j’apprécie pour tous les citer (« one Caress » quand même), et l’émotion change et évolue d’écoute en écoute, ce qui est intéressant, notamment par la présence de petits sons subtils qu’on découvre peu à peu. Je suis à la fois mon sujet et mon analyste d’étude. Même si j’aimerai comprendre aussi ce qui se passe dans la tête, le corps et le coeur des autres fans. Quand je vais sur youtube, j’ai le très mauvais besoin de lire les commentaires des vidéos. C’est généralement la voix de la haine et des stupides, mais sous les vidéos de Depeche Mode, il n’est pas rare de lire des témoignages vraiment touchant où l’amour se ressent dans une sorte de possibilité humaine oubliée.

Dans le live « I want you now», je suis capable de pleurer d’émotion , même si la qualité de la vidéo est très mauvaise.

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La voix chantée de Martin Gore devient un vecteur d’émotion incroyable. C’est dans le grain, les petites aspérités que surviennent les pics d’amour. Tout ce qui est considéré comme des défauts, ce qui entrave au lisse, prend de la grâce et du charme. Comme beaucoup de fan, je préfère Martin Gore avec ses dents d’enfant de la working class. Il les a refaite et vit à Santa Barbara, on ne peut que lui souhaiter le meilleur. Chaque expression de moue du visage, tremblement de sourcils, main dans les cheveux, grain de beauté sont autant de marques de dévotion. Oui, je n’ai pas encore parlé de ses cheveux. Je vais donc censurer ce passage pour ne pas glisser dans le fétichisme.

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L’art du portrait

J’adore plus que tout dessiner des portraits. Ce que j’aimerai faire est capter la beauté. Ou capter l’émotion que je ressens devant le visage de certaines personnes et réussir à transmettre ces sensations sur du papier. C’est à la fois difficile et à la fois, je suis encouragée par la beauté et la grâce qui me transportent. Je ne sais pas si c’est vraiment possible qu’un artiste arrive vraiment à faire partager des émotions à la fois intenses et subtiles (dans la subtilité des détails qui provoquent des effets physiques intenses). J’essaie de le faire et en même temps, je crois que je suis poussée par quelque chose, par cet amour, cette dévotion. Je ne sais pas quels sont les mots qui expriment vraiment ce que je ressens. Je ne suis pas amoureuse, je ne suis pas « excitée sexuellement », il y a de l’identification, un besoin d’admiration, de modèle, de moteur, et dans le cas de Martin un besoin de douceur, de fragilité, de tendresse. Il incarne beaucoup cette vulnérabilité tant diabolisée à notre époque. C’est comme si il me rassurait en me disant que j’avais le droit d’être fragile. « Fragile, like a baby in your arms » sont les premières paroles de « A Question Of Lust », on est très loin du guerrier viril et pourtant on a envie d’être cette personne qui va protéger et donner tout son amour à cette créature sensible et pleine de créativité. On n’est plus dans le slogan actuel « prends mon argent », on n’est pas dans le « prends mon corps », mais on est dans le « prends mon amour ». Même si, comme je l’ai écrit plus haut, la sexualité est un des thèmes assumés. Dave Gahan aime également se dandiner sur scène, et cela doit séduire beaucoup de fans. Je crois que personnellement, je préfère le trouble que fait naître la sexualité, comme sur la chanson « A World Full Of Nothing », que le sexe en lui même.

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Le sexe peut être très bien, mais je crois qu’en ce moment dans notre société il est trop présent, trop vulgaire, réduit au corps voire au porno et cela m’ennuie. Je préfère les choses plus contrariées peut être, sans tomber dans la frustration non plus. Je suis quelqu’un qui aime les fioritures et je peux être qualifiée de midinette par ceux qui ne ressentent pas ce qui me rend la vie plus passionnante.

En dessinant le visage de Martin Gore, j’ai essayé de capter ce que j’aimais chez lui, mais je crois que je n’ai pas réussi à mettre suffisamment les mots, il y a une grande part que je n’arrive pas à déchiffrer et je ne sais pas si j’arrive alors à le reproduire sur papier, à faire comprendre la sensation d’un coeur qui saigne d’amour. Je trouve ça toujours un peu kitsch ou ringard de faire des portraits de stars, des « fan arts ». Cela rappelle des dessins d’adolescents et leurs posters de stars dans leurs chambres. Mais j’aimerai rendre hommage à cet état d’esprit. Le style des années 80 a été largement ringardisé, puis remis à la mode en parti, puis re-ringardisé, donc ce portrait pourra être pris de façons différentes selon notre culture et nos goûts. Je suis contente du résultat.

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Martin Gore Depeche Mode

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Ecouter le son des années 80 en 2020 me fait beaucoup de bien, cela a peut être un côté réconfortant que certains appellent « l’effet doudou », même si l’esprit de l’époque était tourné vers la nouveauté, les synthétiseurs, les ordinateurs. J’ai une âme nostalgique, pour des musiciens qui, donc ne partagent pas mes goûts, vu qu’ils se tournent vers les expérimentations nouvelles, inspirés par d’autres groupes comme Kraftwerk. Mais c’est la même chose pour beaucoup de personnes qui aiment écouter des musiciens d’avant garde comme Beethoven ou Eric Satie.

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Martin Gore a aussi sorti des albums instrumentaux, notamment « MG » en 2015, et récemment « The Third Chimpazee » en février 2021 également chez Mute.

 

Holy Mane dans La Voûte en décembre

Holy Mane dans La Voûte en décembre

Comme chacun, nous sommes soumis aux autorisations et interdictions gouvernementales, sans nous laisser le temps de nous adapter comme on le souhaiterait et avec à tout moment la possibilité de changements.
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Cela me rappelle fortement les témoignages de souffrance au travail (dont une philosophe du travail rappelle qu’il faudrait plutôt appeler cela « maltraitance au travail » ou « harcèlement au travail « car ce n’est pas la faute du travailleur mais du « manager ») orchestrée par le capitalisme actuel. Ce type de management de plus en plus appliqué au secteur public comme la culture, l’éducation, la santé, se généralise maintenant à toute la population avec les ravages ( les employés d’Orange France Télécom) que nous connaissons pourtant…

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Comme je le dis souvent, je pense que notre société doit plutôt non pas s’adapter et faire résilience pour continuer à aller droit dans le mur, pour la Croissance des plus riches, mais plutôt ralentir et prendre soin de soi et des autres. Nous visons une époque de pandémie et personne ne parle réellement de prendre soin des corps et du vivant (la nature, les animaux, les végétaux,…) si ce n’est nous imposer un scientisme déraciné (la science profane comme religion comme l’explique René Guénon en 1927 dans la crise du monde moderne) à travers une course absurde (dans le sens de la précipitation plus que la qualité) pour un vaccin.

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Les humains sont réduits à des chiffres, des statistiques, des courbes de croissance et non plus à des individus avec des corps sensibles. Comment pouvons nous construire un futur sain avec ce genre de mentalité ? Il y a quelques années quand Staline parlait des morts comme des statistiques tout le monde trouvait ça horrible et maintenant c’est devenu la nouvelle norme.
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Fin octobre, j’avais donc prévu mon exposition et « marché » (vente d’impressions et de mes bijoux d’art textile) à la Voûte, située dans un petit village des Vosges. Cela a été entravé par la règle de l’ouverture des lieux seulement « essentiels ». Mon exposition chez le fleuriste a également été fermé.
Maintenant que les vacances de Noël arrivent, de nouvelles « adaptations » pour les commerces sont mises en place (laissant les restaurateurs et les bars à leur confinement). C’est ainsi que la Voûte peut réouvrir. En effet cette association, comme une maison d’artisans et d’artistes permet de s’acheter des créations artisanales faits mains. C’est aussi un lieu où se retrouver, où se poser, prendre son temps et regarder. Le lien humain est plus important que « l’obligation d’achat ». La Voûte est un beau lieu gardant une structure architecturale d’ancienne ferme, modernisée permettant à chacun de garder les « distanciations physiques » de rigueur. Elle est idéalement placée au centre du village près du clocher de l’église et profitant même d’un restaurant à côté qui permet de livrer des pizzas à défaut d’ouvrir ses portes, et d’un petit terrain adapté aux voitures (qu’on appelle « parking » dans le monde civilisé).

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Me voila donc installée à la Voûte, à une place d’honneur depuis dimanche 29 octobre et pour tous le mois de décembre (selon les changements de plan du manager de l’Etat). La voûte est ouverte du mercredi au dimanche de 13h30 à 18h30.

Ce qui m’intéresse est sa position dans le monde rural et les échanges possibles avec d’autres créateurs, et c’est encore plus stimulant si certains partagent certaines de mes idées, notamment le besoin de nature et de « spirituel » (que j’appelle « animisme », mais sans vraiment le nommer car il ne s’agit ni de dogme ni d’orthodoxie et encore moins de morale). Dans mes réflexions, en perpétuelles constructions, analyses, nourritures, je réfléchis à la manière de construire une société plus idéale, sans oublier que mon idéal n’est pas l’idéal de mon voisin, mais c’est important d’observer tous les possibles. Dans mon idéal, il faudrait des plus petits groupes d’humains autonomes dont le pouvoir n’est pas centralisé par une capitale comme Paris ou pire, Bruxelles qu’on appelle aussi New York.
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J’ai une amie qui habite une île au Japon est cela dessine bien les contours de mon idéal : quelque chose de traditionnel, sans être ni xénophobe ni sexiste pour autant, qui conserve un culte des anciens, un culte des lieux, des pierres, des rivières, des esprits (un mélange de croyance local et de shintoïsme), vénéré lors de fêtes traditionnelles, où musiques, costumes, contes, danses conservent un lien social intergénérationnel et remémorant le passé et les mythes fondateurs. L’entraide y est très présent, les gens ont tous un potager et partagent leurs légumes avec les voisins, ils viennent chez vous sans non plus s’imposer, ce qui me rappelle ma grand mère picarde qui avait toujours du café pour les visiteurs. Il y avait vraiment une solidarité et même si les réseaux sociaux numériques n’existaient pas, les gens ne souffraient pas comme aujourd’hui de solitude. La nature a une place importante mais pour autant ils vivent dans le présent, avec la technologie associée. Quand les gens font des choses pour toi, c’est moins difficile de faire des choses pour eux (sans être exploités par eux). C’est ce que les petites communautés, au contraire des grandes villes peut enseigner.
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Je pense que la ruralité peut prendre cette voie. Les parisiens aiment représenter les vosgiens comme des arriérés, des chasseurs et des consanguins. Mais ce n’est pourtant pas ce que j’ai rencontré (même s’il y en a sûrement, comme partout en fait). J’étais même plutôt ravie de rencontrer des personnes sensibles et cultivés. Ici, les gens ont plus un goût de la nature, et on peut parler astrologie, magnétisme et fantômes sans passer pour des gens bizarres ou naïfs (ce qui est le cas dans les « villes civilisées »). Le capitalisme et l’idéologie ont récupéré l’astrologie et le tarot pour faire des guidances et du coaching teinté de morale « woke », ce qui dénature terriblement cette science sacrée en partie oubliée (voir encore le chapitre sciences sacrées sciences profanes de René Guénon dans la crise du monde moderne de 1927). Je n’angélise pas le monde rural qui a de nombreux défauts, j’essaie d’observer et de construire dans ma tête un idéal. Ce que j’ai manqué pendant mon adolescence en Seine et Marne était de culture. Aujourd’hui, je souffre de ne pouvoir aisément aller à une exposition sur les Hittites au Louvre ou sur William Blake à Londres. Bien sûr, nous sommes plus mobiles qu’auparavant (quoiqu’avant il existait plus de lignes de train, notamment une ligne sous Napoléon III qui reliait Paris à Plombières les Bains). L’idéal serait d’avoir des lieux artistiques en zone rurale. Pourquoi pas. Alors bien sûr il en existe, comme ici à la Voûte, il y a aussi des squatts (mais la politique tue l’art, même si je suis profondément politique) mais si je poursuis mon idéal, on pourrait voir une exposition comme celle sur Mucha ou sur les préraphaélites par exemple. A Epinal, on a bien le Musée de l’Image et le Musée d’art ancien et contemporain qui accueillent de grands artistes reconnus. A Plombières ils voulaient réouvrir un musée avant le confinement.
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Selon moi, le problème ou le défi comme disent les bien pensants capitalistes, c’est le public. C’est vraiment un problème, et en fait, cela ne touche pas que les campagnes, car j’ai habité longtemps en région parisienne et j’ai pu voir que les gens n’étaient plus sensibles comme avant. Selon ma théorie, les gens ont trop bouffé de culture de masse et n’ont plus de goût pour les belles choses, ils ne se déplacent qu’en troupeau, mais ne prennent plus le temps de flirter individuellement et intimement avec l’art, ils sont dans la représentation de goûts et non plus dans l’émotion et la sensation, à cause de la société du spectacle actuelle qui t’indique quoi consommer, quoi penser, contre quoi t’indigner selon les hashtags à la mode.
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En ce moment, j’écoute Martin Gore et les titres de Depeche Mode des années d’avant la chute du mur de Berlin, une période très riche musicalement (Martin Gore y habitait un peu). Honnêtement j’ai des coups de mou et cette musique m’a vraiment aidé à me concentrer sur la joie de danser plutôt que sur le prix du panier de course, les factures à payer et l’administratif à gérer. Dans mon idéal, j’aimerai des clubs de musique avec des punk romantiques venant danser sur de la synth pop comme à Londres au début des années 80. Mais aujourd’hui, même à Paris, on ne peut pas dire qu’il y ait foule. J’ai déjà écrit mes notes désespérées sur ce que la gestion sanitaire a tué dans la culture artistique, notamment les artistes les plus précarisés, et je sais que malgré les bonnes intentions des gens, ça ne sera plus comme avant, on ne pourra plus danser. Car je ne veux pas d’un vaccin ARN qui modifie mon ADN, car mon corps a besoin de ce corps non génétiquement modifié pour m’approcher de William Blake et de sa capacité créative à avoir des visions. Le bruit des voitures, l’électricité et la technologie altèrent déjà mon corps (insomnie,…), alors comment pourrais je avoir foi en pire ?
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En tout cas il est important de « rêver », d’imaginer, pour ensuite construire des idées et proposer des alternatives, car il y a vraiment trop de choses qui ne vont pas. C’est pourquoi rencontrer des gens « en vrai », est important. Je continue de réfléchir à tout ça, il y a tant de propositions, j’ai vraiment besoin d’une énergie créative pour m’ouvrir de nouvelles portes. Il faut trouver des manières à l’art de s’exprimer et permettre de retrouver du lien social et faire naître des oeuvres de génies telles que les chansons de Martin Gore. A la Voûte on réfléchit à d’autres projets et événements possibles, c’est très stimulant !
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J’expose :

Ou ? :

La Voute, 36 Le Village, 88240 Les Voivres, France

Quand ? :

Du 29 novembre au 29 décembre :  Mercredi à Dimanche, de 13h30 à 18h30
(Je ne serai pas présente toujours)

Combien ? :

Entrée libre et entrez libres