L’écologie en boîte de conserve industrielle, Just stop oil.

L’écologie en boîte de conserve industrielle, Just stop oil.

Aujourd’hui, des militants portant des T shirt Just Stop Oil, ont aspergé le tableau « La jeune fille à la perle » (1655) de Johannes Vermeer aux Pays-Bas.

L’écologie déteste t’elle la peinture impressionniste et l’Art en général ?

 

 

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Le 14 octobre 2022, deux militantes du mouvement écologiste Just Stop Oil (1) ont déversé de la soupe sur la peinture «Tournesols » exposée à Londres, peinte par Vincent Van Gogh en 1888.

Le but ? Pour ces « écolos », il s’agissait de capter l’attention médiatique pour dénoncer et demander l’arrêt de projets d’exploration et de production de pétrole et de gaz au Royaume Unis.

Ils questionnent :

« Il est temps de se lever de se battre pour ce qui est juste. Qu’est-ce qui a le plus de valeur, l’art ou la vie ? »

 

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Autant il est important de préserver l’environnement et de dénoncer l’exploitation pétrolière et gazière qui le détruit, autant cibler l’art ne fait qu’appuyer une détestation de celui-ci. Sans parler du fait que l’art n’est pas responsable de la destruction de la nature, au contraire, il lui rend souvent hommage et grâce, en tire une inspiration infinie et conduit l’âme des hommes à la contemplation.

Ce geste de destruction symbolique (les actions étaient non violentes et les peintures étaient protégées par des vitres) de l’art a motivé d’autres personnes à poursuivre ce saccage. Le 23 octobre, c’était au tour des « meules » de Claude Monet d’être aspergées de purée dans un musée allemand par des membres de Letzte Generation.

Comme l’a révélé Nicolas Casaux sur le site Le Partage (2), ce genre d’actions a pullulé cet été, comme le 22 juillet en Italie contre « Le Printemps » (3) de Sandro Botticelli (1445-1510), parmi d’autres actions ne ciblant pas spécifiquement l’art (le tennis, le cyclisme, etc.). Il relie ces groupes écologistes à un même fond les finançant : le Climate Emergency Fund (4).

 

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Ses fondateurs sont des héritiers milliardaires américains investissant dans les énergies renouvelables, la technologie, la santé (biotechnologie). Il est étonnant de voir que l’un des fondateur est Aileen Getty qui a hérité sa fortune grâce à l’exploitation du pétrole par la Getty Oil Company.

 

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En effet, financer des groupes se croyant écologistes permet une bonne visibilité donc propagande pour préparer le terrain et l’opinion publique aux produits de demain issus de leurs investissements. Ce capitalisme vert, ou greenwashing, n’a d’ailleurs souvent d’écologique que l’étiquette. La plupart des énergies renouvelables nécessitent l’usage de combustibles fossiles ainsi que d’autres infrastructures polluantes. Ces fonds permettent aussi de soutirer de l’argent à des philanthrocapitalistes, industriels et autres stars leur vendant ainsi une bonne image sans devoir changer leur mode de vie polluante, mais il prend également l’argent public issue des lois votées par les candidats que ces fonds soutiennent.

 

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Just Stop Oil réclame l’arrêt de l’exploitation pétrolière au Royaume Unis, mais ne demande pas de décroissance de l’activité nécessitant ces énergies. Ainsi les anglais devront bien trouver cette énergie quelque part, et s’ils ne la produisent pas, s’ils ne sont pas souverains en énergie, ils devront bien l’acheter, par exemple aux Etats Unis, les principaux bénéficiaires de ce boycott de concurrents locaux.

En France, Yannick Jadot (Europe Ecologie Les verts), réclamait pendant les présidentielles en mars 2022 qu’on arrête d’acheter du pétrole et du gaz à la Russie, dans une injonction totalement hypocrite, paternaliste et risible :

« Si pour sauver la démocratie en Europe, il faut faire tourner sa machine à laver la nuit plutôt qu’à 18 heures, c’est le prix que nous devons être prêts à assumer » (5).

 

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Le résultat de tout ce cirque permit de débloquer des accords commerciaux en achetant du gaz de schiste ultra polluant, aux Etats Unis, les grands gagnants de l’histoire, pendant que le peuple français peine de plus en plus à pouvoir payer ses factures, malgré les profits des actionnaires et des industriels des énergies. Si l’arrêt des centrales nucléaires paraît un effort écologique, l’accroissement des besoins en électricité par les produits que cette société de consommation nous impose (voitures électriques, ordinateurs, appareils connectés, métavers,…) n’est pas logique, sauf si cela sert à des industriels américains, comme sait si bien nous imposer l’Union Européenne.

Ces fonds capitalistes, tout comme son idéologie déconstructiviste (6) (et son wokisme) détournent aussi l’énergie et la colère légitime de jeunes et moins jeunes qui ont raison d’être insatisfaits de la société vers des mensonges. Au lieu de se révolter contre les vrais responsables des crimes de l’environnement (les industries polluantes, les politiques, le capitalisme,…) et autres causes sociales (l’inégalité et l’appauvrissement croissant des populations,…), ils font des actions, qui n’arrêtent pas les nuisances et destruction de la nature, tout en se trompant de combat et de cibles (des peintures et des sculptures).

Cette société capitaliste (via ses médias, ses dirigeants, ses entreprises, ses financements d’associations progressistes) a transmis à nos enfants la haine de l’Art, la haine de la peinture figurative, des maîtres anciens, de la culture européenne et française.

Les militants de Just Stop Oil ont décidé de jeter de la soupe en conserve (dont ils ont repris le symbole sur leur page Instagram), rappelant immanquablement les sérigraphies de soupe Campbell de Andy Warhol qui ont imposé le pop art américain, soit le début de l’art contemporain (débutant avec l’action painting soit le fait de lancer de la peinture sur une toile et la performance) et de la société de consommation (avec les conserves et boîtes industrielles remplaçant la vraie cuisine).

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A la fin du XIXème siècle, Paris rayonnait artistiquement sur le monde au point d’accueillir les artistes du monde entier. C’est pourquoi le peintre hollandais Vincent Van Gogh s’est installé en France, pour s’imprégner de l’impressionnisme dans lequel excellait Claude Monet.

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Après la seconde guerre mondiale, les Etats Unis ont imposé un plan de reconstruction de la France (dont ils avaient bombardé la Normandie) contre une dette financière et l’introduction de la propagande et culture capitaliste américaine. Le plan Marshall, aidé par la CIA, la famille Rockefeller (qui s’est enrichi avec le pétrole) imposa la nouvelle peinture américaine, pour dépasser et faire oublier notre propre histoire et héritage artistique. (7)

De la soupe en conserve (sérigraphiée) signant le début de la fin de la peinture figurative européenne, revient salir les tournesols de Van Gogh et chasser la fierté de notre identité européenne pour la ringardiser et la condamner de tous les maux des éveillés progressistes (« sexiste », « raciste », et maintenant « responsable du changement climatique »), tout cela, de la main (collée) de nos propres enfants.

Les militants de Just Stop Oil et autres groupes écologistes en héritiers de l’art contemporain enchaînent leur quart d’heure de célébrité comme Andy Warhol l’avait annoncé en 1968 avec ses 15 minutes of fame (8), chassées par toujours plus d’actualités obsolescentes alimentant la machine capitaliste.

 

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(1) https://juststopoil.org/

(2) https://www.partage-le.com/2022/08/10/derniere-renovation-alternatiba-extinction-rebellion-etc-la-pseudo-ecologie-au-service-du-capitalisme-industriel-par-nicolas-casaux/

(3) https://www.lefigaro.fr/culture/patrimoine/des-militants-ecologistes-collent-leurs-mains-au-printemps-de-botticelli-a-florence-20220725

(4) https://www.climateemergencyfund.org/

(5) https://putsch.media/20220311/actualites/societe/video-si-pour-sauver-la-democratie-en-europe-il-faut-faire-tourner-sa-machine-a-laver-la-nuit-plutot-qua-18-heures-cest-le-prix-que-nous-devons-etre-prets-a-assumer/

(6) https://acontretemps.org/spip.php?article581#nh1

(7) voir l’article que j’ai écrit « Faut-il aimer l’art contemporain », dans le magazine Rébellion n° 90.

(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Quart_d%27heure_de_c%C3%A9l%C3%A9brit%C3%A9

texte et illustrations : Holy Mane

La Cancel Culture à la Villa Médicis

La Cancel Culture à la Villa Médicis

Je partage un article qui fait écho à des articles que j’ai écrit (ici ou ici), à propos de l’idéologie progressiste capitaliste de la cancel culture venue des Etats-Unis. Cette position n’est pas juste la motivation d’une minorité américaine, mais est largement reprise par les institutions européennes. Le changement de mentalité et d’obéissance d’un peuple au service d’un pouvoir (l’Etat) via ses médias, ses institutions (école, musées,…), ses influenceurs, sa morale pour faire adhérer à ses lois contre les intérêts des peuples (à commencer par la perte d’autonomie et de liberté des personnes) et la « fabrique du consentement » (en référence au livre de Edward S. Herman et Noam Chomsky publié en 1988 utilisée pour la première fois par Walter Lippmann en 1922 dans Opinion publique) est ce que certains appellent « l’ingénierie sociale », et que je préfère appeler la propagande (en référence à Edward Bernays et sa promotion des « relations publiques » en 1928 au service des « démocraties libérales progressistes »). (Certains à l’extrême droite appelle cela le « marxisme culturel », mais c’est dommage de tomber dans la stratégie de communicants américains défendant leur capitalisme en nommant de « marxisme » la stratégie qu’ils utilisent eux-mêmes pour garder les individus dans la prison de consommateurs-producteurs aliénés troquant la lutte de classe par la lutte (bourgeoise) de race). La Cancel Culture, que les pratiquants tentent de faire passer pour une théorie ou un complot qui n’existe pas, m’est devenu insupportable et j’avais d’abord écrit des textes dans une émotion sincère, puis l’incendie de Notre Dame a été pour moi, comme une sorte d’électrochoc, non pas de penser ce que je pense, mais de le revendiquer. S’opposer ouvertement à l’idéologie, c’est se fermer toutes les portes, déjà rares (quand on n’est pas né dedans) de projets artistiques, d’opportunités professionnelles, de désir de carrière dans les institutions, voire même de trouver des petits contrats en illustration, d’espérer des liens sociaux ou de fréquenter certains lieux (qui de toute manière sont tous soumis au passe sanitaire). Mais l’Art, la Création, l’Histoire et la Vérité sont parfois plus importants, en tout cas, il m’est difficile de me taire. Et en même temps, ce besoin viscéral d’alerter sur cette destruction de l’Art, m’a permis de publier des articles dans la revue Rébellion  depuis un an (un sur l’Art Contemporain dans le numéro 90, deux sur le sacré et la défense des mythes anciens dans les numéros 91 et 92 et un contre le passe sanitaire et sa société technologique de surveillance généralisée dans le numéro 93 et 94 à paraitre). J’écris d’ailleurs dans le 91 que la Cancel culture est la « culture de l’annulation ou annulation de la culture ». Expression que je retrouve chez l’auteur que je cite ci-dessous.

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Selon moi, l’oeuvre d’un artiste est de se cultiver soi même, de cultiver sa singularité, qui est l’expression honnête de ce qu’il est au fond de lui, un vrai et bon artiste doit donc oeuvrer pour le Vrai et vers ce qu’il pense intimement sans chercher à plaire ou à déplaire (à la morale du moment, la doxa, les dominants ou la masse). Ainsi, les attaques de ringardise (de styles démodés) ou autres (concernant la peinture figurative en France) sont tout simplement hors d’effet, car seul compte le jugement des pairs (des maîtres anciens et contemporains et des amateurs sensibles d’Art) et de ceux qui cultivent notre « Moi » (comme dirait le lorrain Maurice Barrès).
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Tout le texte est pertinent, mais la longueur fait renoncer à certains, le goût de la lecture, j’ai essayé d’en mettre alors quelques extraits, mais lisez le dans son intégralité (avec les notes) sur le site de la tribune de l’Art.

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« Depuis quelques années, la critique « décoloniale » prend une ampleur grandissante au sein du discours académique, et la Villa Médicis en subit aujourd’hui les assauts. Les splendides tapisseries des Indes qui ornent le Grand Salon au cœur de la Villa sont en effet critiquées car elles seraient « marquées par l’imaginaire colonial » selon la presse qui s’est fait écho de la protestation de certains pensionnaires hébergés par la prestigieuse institution [1]. Ces derniers exigent en effet le décrochage de la tenture suivant en cela un type de revendication de plus en plus fréquent : réclamer que l’on supprime ce qui offense. […]
Ce qu’on appelle études décoloniales (ou post-colonial studies) ne sont pas des recherches universitaires comme d’autres – qui étudieraient, comme on pourrait croire, le phénomène de la décolonisation. Il s’agit en réalité d’un militantisme politique dont l’objectif unique est une mise en accusation de l’Occident par une insistance obstinée sur son passé colonial et esclavagiste. La dimension morale et psychologique est centrale dans la définition. L’objectif de l’approche « décoloniale » n’est pas d’ordonner des faits dans une perspective historique mais de prononcer des jugements de valeur pour en définitive dire du mal de la civilisation occidentale et uniquement de celle-ci. Ce n’est pas une recherche de vérité mais un travail de sape. Cette idéologie progresse aujourd’hui avec une virulence spectaculaire dans l’organisme déjà bien fragilisé (on dit « déconstruit ») de la pensée occidentale [2].
Or, et c’est l’évidence même, l’esclavagisme, les conquêtes territoriales et la colonisation sont des phénomènes mondiaux et transhistoriques. L’Occident n’y a joué qu’une part ; l’Islam aux VIIe et VIIIe siècles (le fameux Jihad, la guerre sainte) ou les Mongols de Gengis Kahn au XIIIe siècle ont été bien plus actifs et bien plus ambitieux.[…]
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Le Grand Salon de la Villa Médicis avec les tapisseries des Indes Photo : Académie de France à Rome

Le Grand Salon de la Villa Médicis avec les tapisseries des Indes
Photo : Académie de France à Rome

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L’histoire est alors instrumentalisée pour devenir une arme morale : faire le partage entre le bien et le mal, entre les méchants et les gentils. Cette moraline est désormais parfaitement assumée par certains historiens progressistes. […]
En étant moraliste, la lecture historique en devient extraordinairement caricaturale, biaisée et malhonnête.
Et ce caractère malhonnête, biaisé et caricatural ne se voit nulle part aussi bien qu’avec l’absurde polémique autour de la tenture des Indes à la Villa Médicis. […]
Rappelons par ailleurs que la valorisation patrimoniale d’une œuvre d’art n’est pas la valorisation de son sujet.[…]
Cette première attaque ayant échoué, les adeptes de l’idéologie décoloniale entreprirent d’organiser le 30 septembre 2021 une journée entière de conférences pour s’en prendre une nouvelle fois à ces vénérables tapisseries. Il s’agissait alors de « ré-envisager les « objets patrimoniaux » à l’aune de perspectives méthodologiques et épistémiques nouvelles ». (On notera les guillemets soupçonneux autour d’« objets patrimoniaux »). Le texte d’annonce de cette journée est saturé de cette idéologie post-coloniale qui semble n’avoir pour seul objectif que la condamnation de la méchante Europe. Les historiens se font moralistes et c’est une morale de la déconstruction.
La tenture est évidemment une représentation exotique et fantasmée des pays lointains. L’étrangeté de la végétation, des animaux, des individus est mise en valeur par l’artiste, témoignant de la curiosité des Européens pour l’autre et l’ailleurs. Nul racisme, nulle caricature : c’est une description émerveillée de la beauté d’un monde inconnu. Or, aux yeux de nos nouveaux moralistes, rien ne peut être positif dans cette curiosité. Le texte d’annonce de la journée d’étude affirme ainsi que « l’exubérance des éléments déployés n’est pas sans soulever plusieurs questionnements du point de vue des débats actuels autour des questions du racisme, de l’esclavage et du passé colonial des nations. » Tout est bon pour évoquer « l’exploitation coloniale qui se sert du labeur des esclaves africains » quand bien même précisément cette tapisserie montrerait l’inverse : une mission diplomatique africaine au Brésil, magnifique témoignage de la participation du continent noir aux prémices de la globalisation du monde.
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D’après Albert Eckhout (1610-1666) et d’après Frans Post (1612-1680) Manufacture des Gobelins Le Combat d’animaux, 1723-1726 Laine et soie - 399,5 x 327 cm Rome, Villa Médicis Photo : Académie de France à Rome

D’après Albert Eckhout (1610-1666) et d’après Frans Post (1612-1680)
Manufacture des Gobelins
Le Combat d’animaux, 1723-1726
Laine et soie – 399,5 x 327 cm
Rome, Villa Médicis
Photo : Académie de France à Rome

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Une fois de plus, le courant progressiste met en œuvre une politique de la censure fondée sur une lecture moralisatrice, culpabilisatrice et de surcroît ici parfaitement biaisée. Cette critique puritaine qui veut expurger ce qui ne lui convient pas est désignée sous le nom américain de « cancel culture », une culture de l’annulation qui est surtout une annulation de la culture. Dans le mouvement créé par ce courant de la pureté, des films sont censurés, des livres sont condamnés, des dictionnaires sont modifiés, des personnes qualifiées perdent leur emploi. Les excès délirants de cette lame de fond ont conduit à la destruction de statues de grands hommes à travers le monde anglo-saxon. Quand elles ne sont pas détruites, ces œuvres sont dégradées. Les pouvoirs publics, pleutres et soumis, décrètent alors que ces sculptures sont « problématiques » et les retirent. En France, la statue du général Joseph Gallieni est vandalisée, celle du grand Colbert est également souillée. Cette pulsion nihiliste fait immanquablement songer à la révolution culturelle chinoise et à la lutte contre « les quatre vieilleries », entraînant la destruction des œuvres d’art et des témoignages du passé non conformes à l’idéologie autorisée.
Mais le plus frappant reste la soumission des institutions et des intellectuels aux caprices émotionnels d’une petite minorité d’individus endoctrinés travaillant avec acharnement à une grande épuration de l’Histoire sur l’autel de la probité morale. Guidés par une volonté d’interdire ce qui n’est pas conforme à l’idéologie politiquement correct, ces derniers veulent chasser de l’espace public tout ce qui peut « offenser ». Nous sommes tombés au niveau des talibans qui ne supportent pas ce qui est contraire à leur vision du monde.
Pierre Jourde, écrivain, professeur d’université et critique littéraire, publia en 2019 dans L’Obs une tribune éloquente à cet égard : « Notre époque a la passion de la censure, et désormais cette censure n’est plus la vieille censure réactionnaire de droite, elle est presque exclusivement pratiquée par des gens qui se réclament de la gauche et du progrès, et exercent un véritable terrorisme intellectuel. C’est un retournement historique, qu’on étudiera lorsqu’on fera l’histoire des mentalités et des idées au XXIe siècle. Au nom du progrès, de la gauche, du Bien, on persécute et on empêche de parler ou de travailler des écrivains, des artistes, des journalistes, des intellectuels. »
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D’après Albert Eckhout (1610-1666) et d’après Frans Post (1612-1680) Manufacture des Gobelins Le Chasseur indien, 1723-1726 Laine et soie - 400 x 285 cm Rome, Villa Médicis Photo : Académie de France à Rome

D’après Albert Eckhout (1610-1666) et d’après Frans Post (1612-1680)
Manufacture des Gobelins
Le Chasseur indien, 1723-1726
Laine et soie – 400 x 285 cm
Rome, Villa Médicis
Photo : Académie de France à Rome

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Charlie Hebdo a pris acte lui aussi aujourd’hui de ce grand retournement. Il concède désormais que la censure a changé de camp. Dans son éditorial du 7 janvier 2020, « Les nouveaux visages de la censure », le chef de la rédaction expliquait qu’il y a « trente ou quarante ans », le politiquement correct « consistait à combattre le racisme ». Mais tout a changé. « La gauche anglo-saxonne a inventé le politiquement correct pour faire oublier son renoncement à lutter contre les injustices sociales. La lutte des classes, trop marxiste à ses yeux, a été remplacée par la lutte des genres, des races, des minorités, des sous-minorités et des micro-minorités. »
La remise en cause aujourd’hui de la tenture des Indes conservée à la Villa Médicis est symptomatique d’un vaste mouvement. Les auteurs de l’attaque le disent d’ailleurs eux-mêmes. Cette affaire est révélatrice d’un bouleversement intellectuel majeur qui dépasse très largement la seule question patrimoniale. La critique décoloniale promeut une vision culpabilisatrice et mortifère de l’histoire européenne qui se nourrit d’une puissante haine de soi [5]. Et désormais, l’Occident se déteste tant lui-même qu’il cherche avec fureur son propre anéantissement. »
Jérôme Delaplanche
(ancien responsable de l’histoire de l’art à la Villa Médicis)

La solidarité travestie en concours de propagande idéologique.

La solidarité travestie en concours de propagande idéologique.

Coup de communication de l’État en faveur de la Culture, celui-ci annonce un « plan de relance » permettant aux artistes de ne pas trop la ramener concernant leur baisse de revenus pendant les mois d’interdiction de pouvoir travailler.

Ainsi l’annonce d’une commande de 30 millions d’euros aux jeunes artistes montre comment la France ne laisse pas tomber ses artistes.
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.Alfons Mucha peignant son épopée slave, juste pour mettre une belle image

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Artistes

Mais qu’est ce qu’un artiste ?

Concrètement (fiscalement dans le cas de la France), il s’agit de tous travailleurs qui vend (donc déclare) des œuvres ou des services artistiques, mais aussi toute la chaîne de travail permettant à ces artistes de proposer leur création. Dans le cas des comédiens et des musiciens, il faut donc compter les techniciens comme les ingénieurs du son, les régisseurs de salles de spectacles, les cameramen de plateaux télévision, etc. Cette catégorie vague peut donc concerner le clown qui propose des animations dans les hôpitaux, comme le présentateur télé, le graphiste qui met en page des menus de restaurant, le correcteur orthographique d’un article sur les verrues plantaires, le dessinateur de bande dessiné ou le peintre du dimanche qui expose à la foire à la saucisse (je parle de moi).
(edit : pendant les régionales, la gauche a présenté un tract journal prenant la défense de la culture en rappelant la nécessité de rouvrir les lieux de culture, notamment « les discothèques ». )

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clown

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La commande, intitulée « Mondes nouveaux » précise :

« Le présent appel se donne pour objectif de sélectionner des artistes ou collectifs d’artistes, français ou résidents en France, dans les disciplines suivantes : arts visuels, musique, spectacle vivant, écritures, design et arts appliqués. »

Revenus artistiques

Pour la plupart de ces artistes, pouvoir tirer un revenu régulier permettant de subvenir à leurs besoins matériels était déjà une énorme galère bien avant les confinements.

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Trouver des clients ou prestataires n’est pas toujours facile, certains artistes dépendent parfois d’un seul client, notamment le parc Disneyland Paris engageant sous des conditions abusives des décorateurs de spectacles et autres comédiens réduits à rembourser leurs cours de théâtre en portant des costumes Mickey Mouse lors des parades. Certains animateurs d’émissions de divertissement ou stars de télé-réalité gagnent très bien leurs vies, (pour relativiser son salaire rapporté par Stéphane Guillon (un contrat de 250 millions pour 5 ans, soit plus de 215 000 € par mois), Cyril Hanouna se défend en indiquant que Claire Chazal gagnait 120 000 € par mois) tandis que des sculpteurs sur pierre tentent de faire valoir leurs qualité face à la mode et l’économie des sculptures en impressions numériques. La précarité des artistes réside aussi dans la nécessité de faire comprendre que l’art est un vrai métier qui mérite une vraie rémunération (et non un affichage « ça te fera de la pub »).

Le cas des illustrateurs de bandes dessinées est assez symptomatique. Le secteur marche très bien, de nombreuses BD sortent chaque année avec des chiffres de vente en expansion, mais certains éditeurs font de moins en moins leur travail de promotion et payent de moins en moins les illustrateurs (environ 8% du prix d’une BD soit moins de 2€ pour un album vendu 20€, pour des mois de travail où il faut bien payer son loyer).

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Ce problème est souvent évoqué lors du festival de bande dessiné d’Angoulême sans que des mesures concrètes soient réellement appliquées. La presse aime aussi parler des revendications des « intermittents du spectacle ». Là aussi, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne et une représentation théâtrale ou musicale n’est souvent que la phase qui cache les heures et les heures de répétitions, souvent entendu comme du travail invisible mais pourtant réel. Ceux qui viennent de familles privilégiées en capital économique (les moyens) et social (les relations) auront plus facilement le loisir de travailler dans de bonnes conditions matérielles avec les contacts permettant la tenue d’un spectacle et la garantie d’un public, tandis que ceux qui doivent penser à économiser chaque centime pour continuer de payer leur loyer abandonneront peut être une carrière réservée finalement à un entre soi qui met rarement en avant les classes moins privilégiées.

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Compétition

Heureusement, l’État est là pour montrer son soutien « en même temps » qu’il brandit des barrières créatives, administratives et matérielles à la majorité des artistes.

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Le journal Le Monde diffuse cette publicité en présentant :

« Cette « grande commande artistique » avait été promise par le gouvernement lors de la présentation, le 3 septembre 2020, du plan de relance, doté de 100 milliards d’euros, dont 2 milliards pour la culture. »

On découvre ensuite qu’il s’agit d’un concours « les candidats doivent soumettre leur projet à un comité artistique ». Les concours sont une méthode bien appréciée des capitalistes. Appliquer la compétition tout en enrobant l’opération d’épithète « solidaire ». Alors que les institutions sont capables de réclamer à chaque artiste les taxes qu’ils doivent payer, celles-ci semblent moins capables de retrouver ces personnes pour vraiment les aider de façon plus équitables. Ainsi, alors que chaque « cotisant » pourrait se voir aidé, il n’y aura en réalité qu’une aide pour quelques personnes sélectionnées. Cela n’a rien d’un plan de relance, cela n’a rien à voir avec de la solidarité. Le capitalisme impose son paradigme du « que le meilleur gagne tout en fournissant les dés pipés », remplaçant les luttes sociales du « donner à ceux qui en ont besoin » sur l’exemple de la sécurité sociale.

Cette logique se retrouve dans les formes de « philanthrocapitalismes » de mentalité américaine qui déverse de l’argent pour contourner les structures démocratiques en place et imposer des contreparties, des idéologies et des idées dignes des pires régimes totalitaires, en ancrant leur puissance et leur monopole, comme l’explique Vandana Shiva à propos des industries agricoles (et le brevetage des semences) notamment. Je parle de l’influence des Etats Unis et des philanthropes comme les Rockefeller dans l’art moderne et contemporain dans mon article « Faut il aimer l’art contemporain », paru dans le numéro 90 de la revue Rébellion.

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Cette commande publique ressemble à la majorité des commandes publiques (1 %, etc.), ateliers ou résidences d’artistes. Ces initiatives devraient être ouvertes, transparentes et accessibles à tous les artistes mais sont en réalité bien souvent un système d’entre soi institutionnel déguisé permettant de distribuer de l’argent public à ses relations et amis qui répètent à loisir les slogans « démocratie » ou « solidarité » (et maintenant « inclusivité ») pour cacher leur clientélisme arriviste, discriminatoire et profondément bourgeois.

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Jeunes

L’article du Monde poursuit en signalant la favorisation des jeunes :

« Dans les faits, aucun critère d’âge n’a été fixé pour répondre à cet « appel à manifestation d’intérêt » du ministère de la culture, même si « une attention particulière » sera portée aux jeunes créateurs, promet-on Rue de Valois. »

En gros on a le droit de participer mais pas de gagner, un peu comme dans la société démocratique capitaliste « parle toujours » plutôt que « ferme ta gueule » en régime de dictature. L’adjectif « jeune » est assez particulier, surtout lorsqu’on sait qu’un artiste qui travaille depuis plus de 15 ans est souvent encore désigné comme un « jeune artiste » ou un « jeune créateur ». Mais il n’a pourtant plus le droit aux aides réservées aux jeunes, car tout d’un coup il n’est plus jeune. Toujours trop jeune pour recevoir une rémunération juste, mais plus assez jeune pour avoir les « aides pour les jeunes ». C’est magique, c’est un peu comme le « face je gagne, pile tu perds ».

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Mondes nouveaux

Le document PDF de présentation de la commande intitulée « Mondes Nouveaux » précise l’orientation artistique demandée.

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Sans surprise tout cela devra être progressiste et contre le passé. Cela peut sembler une évidence tant on est baigné dans cette idéologie imposant l’idée que le passé est forcément horrible et le futur forcément radieux, or l’histoire et le présent nous prouvent que les choix capitalistes amènent la planète et les êtres vivants vers la destruction, la dépression, l’accroissement des inégalités entre riches et pauvres, les extinctions de masse des espèces, les catastrophes climatiques, la plastification des océans, la violence, etc…

« Une évidence s’impose à celles et ceux qui s’efforcent d’en dégager la portée historique : tout est à refaire. »

«  pour tâcher de tirer un bilan du passé »

«  Des mondes nouveaux, riches de promesses. Car peut-être a-t-on oublié que les artistes, les créatrices et créateurs étaient les mieux à même de répondre à nos aspirations, les acteurs essentiels de nos transformations, les meilleurs interprètes, aussi, du tremblement du temps. »

« au cœur d’un monde qui a pour mission de se reconstruire. »

Pourtant pour reconstruire, il ne faut pas le faire avec les mêmes logiques capitalistes qui ont mené au chaos actuel.
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Désacraliser la Sainte Chapelle

Les artistes sont invités à proposer des projets « en résonance avec un ou des sites du patrimoine architectural, historique et naturel ».

« Afin que ces créations puissent dialoguer avec des espaces emblématiques, les créateurs qui le souhaiteront pourront proposer des projets en résonance avec un ou des sites du patrimoine architectural, historique et naturel relevant du Centre des monuments nationaux (CMN) ou du Conservatoire du Littoral (CdL). « 

La volonté de cette commande est de mettre les œuvres proposées en relation avec des endroits de nature ou des œuvres du passé (églises, châteaux, littoraux,…). On devine clairement la volonté d’insulter ces merveilles pour les réduire à la vision progressiste de l’idéologie souhaitant « déconstruire le passé » (et la nature).

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Jury

Pour être sélectionné, il faudra envoyer un dossier comprenant la formation et le parcours artistique. Comme la plupart des CV, cela permettra de voir par quels entre-sois institutionnels (écoles des Beaux Arts, Fondations privées, musées publiques,…) et idéologiques le candidat a été formaté. Il faudra aussi qu’il rédige une note d’intention de l’œuvre qu’il souhaite réaliser. Le dépôt des dossiers sera disponible le 28 juin (soit la semaine prochaine).

Les candidats sélectionnés pourront recevoir jusque 10 000 € pour créer leur œuvre.

La sélection sera décidé par un comité artistique qui pourra également proposer un accompagnement.

« Celui-ci est composé de neuf professionnels de l’art, parmi lesquels le chorégraphe Noé Soulier, le musicien Bruno Messina, le plasticien Julien Creuzet, le philosophe Ronan de Calan, la directrice de la Villa Gillet, Lucie Campos, la responsable de Lille Design, Caroline Naphegyi, Rebecca Lamarche-Vadel, la directrice de la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, ou encore Chloé Siganos, la directrice des spectacles vivants au Centre Pompidou.«

J’aurai aimé étudier en détail le profil de chaque personne de ce jury (et si vous voulez contribuer à cette analyse n’hésitez pas), mais je vais me pencher sur mon domaine « de compétence », celui des arts plastiques en regardant un peu le parcours de Julien Creuzet.

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Oeuvre de l’artiste plasticien Julien Creuzet
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Un article de mixtemagazine titre :

« « Exposées à la FIAC et la Frieze de Londres, ses œuvres, chargées d’histoire coloniale, proposent une vision riche et composite du monde qui n’est pas sans confronter l’art et la pensée occidentale à leur ethnocentrisme. »«

On a donc affaire à des œuvres et des démarches dénonçant « l’ethnocentrisme de la pensée occidentale ». Cela ressemble à un dogme à répéter, que je retrouve souvent de la part des artistes, professeurs et intervenants des écoles des Beaux Arts et autre médias dominants.

« il pratique un art hétérogène et réflexif dont les pièces ne sont certes pas systématiquement grandes, mais presque toujours immersives (parfois littéralement : il pratique la VR) »

La technologie est bien évidemment valorisée, les casques de réalité virtuelles s’inscrivant parfaitement dans le monde-machine de smart-cities et économies virtuelles encouragées par le patron de DAVOS favorable au transhumaniste.

«  » Je pense que mon émotion est caribéenne. En même temps, elle est profondément urbaine, dans le sens où j’ai beaucoup d’affection pour le bouillonnement des grandes villes, l’agitation, la diversité, la poussière, les détritus. »

Encore une fois, il ne s’agit pas de promouvoir des cultures autochtones traditionnelles, mais de faire la promotion de l’urbanité, de la ville moderne.

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.Oeuvre de l’artiste plasticien Julien Creuzet

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« M. Est-ce que la reconsidération des œuvres du passé fait partie des missions de la décolonisation de l’art et des esprits ? Que penses-tu, par exemple, des débats sur le corps indigène chez Gauguin ?

J. C. C’est un exemple intéressant. Aujourd’hui, les États-Uniens se posent la question : doit-on montrer les œuvres de Gauguin ? Est-ce que ce n’était pas un pédophile raciste, d’un white male ayant décidé d’abuser de jeunes filles et d’exotisme ? Dans les monuments parisiens, les choses à requestionner sont nombreuses également : la place de la Concorde, les lions comme symboles royaux, ou ne serait-ce que la place de l’or, qui est partout dans l’art hexagonal sans jamais avoir été produit dans des sols purement français. On ne manque pas de choses à requestionner – y compris la restitution des œuvres à l’Afrique. On nous dit qu’il faut des infrastructures, des musées. Mais ces œuvres n’étaient pas non plus faites pour être pérennisées : elles avaient des fonctions, des usages sociaux, que l’on ne pratique voire ne connaît plus. La pérennité des œuvres d’art est purement occidentale. »

On reconnaît ici encore les slogans idéologiques formatés des institutions artistiques qu’on retrouve chez l’intervenant aux Beaux Arts de Cergy, Geoffroy de Lagasnerie, que je critiquais déjà dans un article écrit l’an dernier, puis plus en détails dans l’article publié dans le numéro 90 de la revue Rébellion :

- vision occidentale (donc mauvaise) de la pérennité des œuvres (dogme idéologique que j’ai retrouvé dans le magazine Sciences & Vie consacré au patrimoine),

- diabolisation du passé, de l’histoire, du patrimoine,

- déconstruction des musées,

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.Oeuvre de l’artiste plasticien Julien Creuzet

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« M. Ces questionnements multiples, leur trouves-tu des réponses ? Sur la restitution des œuvres, par exemple ?

J. C. Si on veut y répondre, je crois qu’il faut d’abord qu’on se demande ce qu’est une œuvre d’art aujourd’hui. Quand on considère l’état économique, climatique, humanitaire du monde, faut-il construire des musées qui coûtent de l’argent, prennent beaucoup de place en stockage, sans parler de la spéculation du marché de l’art ? Est-ce qu’il n’y a pas là une forme d’indécence ? Je crois qu’il y a un nouveau format muséal à inventer, que les collections d’art qui ont marqué l’Histoire et sont nourries du pillage, du vol ou de la duperie, doivent être remises en question. Il faudrait trouver de nouvelles modalités muséales. C’est peut-être une pensée utopique, mais un musée du monde, pourquoi pas itinérant, avec une collection à l’échelle internationale et qui voyagerait sans cesse, ce serait intéressant. »

Tout cela s’inscrit dans le projet déjà évoqué dans d’autres articles de la destruction des œuvres du passé, de l’histoire, de l’héritage, de toute chose permettant de comprendre l’humanité, sa filiation… Cette stratégie permet bien évidemment de rendre amnésique les peuples pour les soumettre aux nouvelles dictatures technologiques capitalistes que les entreprises, les banques, le marché spéculatif des crypto-monnaies et des NFT, les élites, « young leaders », chefs d’État et patrons de multinationales du forum économique mondial de Davos dirigé par Klaus Schwab, nous imposent.

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« La directrice du FMI s’est interrogée : qu’est-ce que « l’histoire retiendra de cette crise ? » Un grand retour en arrière ou cette « grande réinitialisation » ? »

Pour ces « élites » au pouvoir, il faut absolument rejeter son identité, son patrimoine culturel et génétique pour pouvoir mieux consommer les produits biotechnologiques qu’on nous proposera contre rémunération régulière.

Dans un article, Anselm Jappe écrit à propos des techniques de reproduction médicalement assistées :

 « Tout comme Monsanto avait fait sa fortune en stérilisant les semences pour pouvoir les revendre tous les ans, les tentatives de banaliser l’hétéronomie reproductive ressemblent bien à une tentative de nous forcer à devoir acheter nos propres enfants »  à commenté une personne bien avertie. »

C’est pourquoi parler d’art contemporain pourrait sembler un sujet qui n’intéresse que peu de gens, pourtant la propagande qu’il permet s’inscrit dans une logique globale de remplacement de tout ce qui permet aux humains de vivre dans leurs diversités, leurs identités, leurs autonomies et leurs dignités.

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Toutes ces choses me poussent à vouloir lutter pour la sauvegarde de notre héritage humain, de l’histoire des hommes et des femmes. Cela me force à vouloir protéger les œuvres d’art, les créations et les joyaux architecturaux, témoins d’un savoir faire aujourd’hui oublié, ringardisé, diabolisé. Le Beau n’est pas seulement interdit, il doit être effacé par cette idéologie du progrès, qui n’est que le progrès, à l’instar de la croissance, de la fortune des humains les plus psychopathes sans limite pour l’hubris, se cachant derrière un « philanthropisme » mesquin et destructeur. Aujourd’hui en France, la destruction de l’Histoire, passe notamment par l’égorgement de professeurs d’histoire, avec une soumission ou une complaisance des pouvoirs publiques pour la montée de ces menaces (alors que le pouvoir sait prendre des mesures fortes et inacceptables pour les gilets jaunes réclamant plus de justices sociales).

« . Es-tu satisfait des conditions dans lesquelles il t’est permis de travailler en tant qu’artiste en France aujourd’hui ?

J. C. De nos jours, en France, il est possible en venant de diverses classes sociales, d’économies différentes, d’intégrer une école des Beaux-Arts pour y recevoir un enseignement de niveau master 2, pour très peu d’argent me semble-t-il. »

L’artiste remercie le système qui l’a porté et ses institutions, sauf que ce qu’il avance n’est pas tout à fait vrai. Cette réponse est un peu dans le style du « tout le monde peut participer, mais on ne sélectionnera que les jeunes ». De nombreuses personnes issues des classes défavorisées ne savent pas qu’on peut intégrer les Beaux Arts et ce n’est pas sûr d’être pris sans avoir la culture bourgeoise nécessaire pour la sélection.

Même moi, qui ne me trouve pas totalement inculte et incapable de créer et formuler une pensée critique, je n’ai pas cette culture qui m’a permis d’intégrer ces écoles. L’art est inenvisageable pour les classes « populaires ». Et c’est d’ailleurs pourquoi ma famille m’a renié. Ce rejet du noyau familial est très contraignant et fait que peu de jeunes osent choisir cette voie artistique.

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Je tiens à préciser que je n’ai rien contre l’artiste, la personne ou ses œuvres. Chacun a le droit de créer ce qu’il veut mais je critique et dénonce l’idéologie qu’il porte (consciemment ou non). Lui même, dans une de ses réponses semble vouloir s’extraire des cases ou hashtags (« migration », « décoloniaux ») dans lesquelles les médias et les institutions veulent l’assigner.

« M. Ces questions d’histoire et de migrations, de personnes ou de matériaux, sont-elles au centre de ton œuvre ?

J. C. Précisément, le mot que je n’ai pas employé, c’est “migration”. C’est toi qui le dis et qui projettes une vision de ma pratique, ce qui me semble important à soulever. On a parlé d’une certaine idée de la culture, de géographies différentes, mais pas de la migration.

On peut bien sûr en débattre ! Je ne refuse pas le mot, loin de là, mais on m’en parle beaucoup, et je pense que c’est lié au fait que je suis racisé. C’est comme si je parlais de la migration malgré moi.

M. Un autre terme t’a été plusieurs fois associé, c’est “décolonial”. Peux-tu nous en dire plus ? Qu’est-ce que l’art décolonial ?

J. C. Encore une catégorie ! Cela vient des gens qui pensent par le prisme académique et qui créent une nouvelle case. On entend aussi souvent “post-colonial”, comme s’il y avait un après possible à l’histoire coloniale… Décoloniser, ça veut dire décharger, disséquer, décortiquer tout ce qui, dans notre culture, notre langage, a été colonisé. C’est comprendre ce qu’est un individu racisé, et que quelque chose a été transmis – par le sang, par la culture, par d’autres moyens encore. »

Ainsi, cet artiste est lui aussi d’une certaine façon victime de cette dictature idéologique, car on l’enferme dans le cliché tendance du moment (le « décolonialisme ») plutôt que de prendre en compte sa personnalité et sa singularité. Il est peut être conscient qu’il est un kleenex interchangeable par un même « racisé » au discours semblable sortant de l’usine idéologique des institutions artistiques. Pendant des années, j’ai moi même voulu m’exprimer sincèrement sur les combats qui m’animent.

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.Oeuvre de l’artiste plasticien Julien Creuzet

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J’ai toujours essayé de « bien faire », de « faire plaisir », de suivre ce qu’il fallait. J’ai essayé de dessiner des personnages comme il fallait, d’avoir un style plus « commercial », plus souriant, plus coloré, plus familial, plus bourgeois, mais finalement j’ai toujours été exclue de cette « culture », la seule légitime, la seule qui permette d’avoir des clients, d’exposer dans des lieux « prestigieux », qui permet d’avoir des contrats… Je ne suis pas la seule, et finalement nous sommes très nombreux à ne pas être conformes, qu’il s’agisse d’artistes graveurs comme Aude de Kerros, ou d’artistes à la rue, nous sommes la majorité à être exclus des opportunités.

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Il est alors urgent et nécessaire de construire des cultures alternatives, autonomes qui défendent des valeurs, questionnent le Beau sans le détruire, (contrairement à ceux qui dénoncent le Beau pour cacher leur manque de maîtrise et de goût), il est temps de reconstruire des cultures alternatives où toutes les classes, mêmes les plus populaires peuvent s’exprimer en dehors du rôle dans lesquels les élites financières veulent les réduire. Il est temps de retrouver de la sincérité, de la liberté d’expression, de la diversité d’opinion, de l’authenticité, de l’amour du Beau, de la technique apprise de l’histoire, de la vérité…

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Illustration dystopique 2 La machine à bébés

Illustration dystopique 2 La machine à bébés

Retrouvez la première partie ici.
Deuxième partie

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Voici ce que j’écrivis sur les réseaux sociaux pour expliquer mon illustration :

Je peins cette illustration en décembre 2018.

La terre mérite des personnes qui la protège, pas des exploiteurs, la seule méritocratie que je respecte est celle de la terre. J essaie de dessiner ce qui me dérange a cause d un texte sur Deep Green Resistance disant qu un artiste se devait de se soumettre au combat politique… Je déteste les propositions d art engagé, trop faciles, impersonnelles, hypocrites et récupérées par les institutions donc consensuelles. Je préfère dessiner la beauté, mais j ai cette rage en moi que je dois matérialiser d une façon et je ne sais pas le faire par la violence. Au lieu de représenter la laideur du capitalisme j essaie de représenter des héroïnes qui se battent contre ce soit disant « progrès », sabotent le système répressif dans lequel un humain sensible et honnête ne peut avoir une vie décente s il n a pas les capitaux ou l esprit sociopathe de dominateur.

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Le besoin de s en prendre a la biotechnologie tant que le capitalisme ne nous y a pas encore rendu dépendant. Car ce n est pas la technologie ou l industrie que je critique mais son application par le capitalisme (la marchandisation) voire le militaire.

Ce matin j entends sur France inter que la Chine aurait mis au monde les premiers bébés génétiquement modifiés, en même temps que je faisais cette illustration, pour moi ce n est pas une simple synchronicité, car je travaille depuis plusieurs année au développement de ma sensibilité et de mes émotions dans le but d être encore plus sensible, c’est à dire de sentir l invisible et de travailler comme William Blake a un art de visions. Ces visions sont pour le moment émotionnelles et peu intelligibles par ma raison, mais je sais que ces émotions sont capables de sentir des choses (notamment l intention de certaines personnes).

On m a reproché qu on ne savait pas trop ce que voulait faire mon personnage, que c était problématique, qu il faudrait rajouter des slogans par exemple. Mais c est justement le fait de ne pas savoir, de douter, de se poser des questions qui est important, intéressant. Le fait de questionner la société est important. Il faut s opposer au prêt a penser et aux idéologies toutes faites. Si on se questionne sur « veut elle tuer des bébés ? » ou « veut elle saboter l usine a fabrication biotechnologique d humains ? Pourquoi ? » c est apporter une vision aux individus et leur proposer après leur réflexion une analyse de la situation et des propositions pour en sortir. Le monde est plus complexe que des slogans publicitaires. Questionner, douter, rechercher, trouver des réponses alternatives est plus important qu affirmer sans étudier sans « se poser de questions ».

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Critique de la bio-technologie

Je suis parti d’un article et de ce texte de Théodore Kaczynski pour orienter mon sujet vers la critique de la bio-technologie et plus particulièrement l’idée transhumaniste de créer des vagins artificiels (soit disant pour libérer la femme, alors qu’on lui prive de ce qui la distingue de l’homme : son potentiel à être une mère. L’une des rare chose que les plus sexistes des sociétés ne pouvaient lui retirer. Le transhumanisme infusé dans la publicité médiatique en faveur du transgenrisme tente d’enlever dans l’opinion publique cette particularité féminine (la maternité). Heureusement que certaines personnes transgenres voient cette récupération et ne veulent pas y être associées).

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Voici un extrait du texte :

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« 6/ Les radicaux doivent attaquer le système aux points névralgiques.

Pour travailler efficacement à l’élimination du système techno-industriel, les révolutionnaires doivent attaquer le système sur les points où il ne peut s’autoriser à céder de terrain. Ils doivent attaquer ses organes vitaux. Bien entendu lorsque je parle d’attaque je ne songe nullement à une attaque matérielle, mais exclusivement à des formes légales de contestation et de résistance.

Les organes vitaux du système sont, entre autres :

  1. L’industrie électrique. Le système est totalement dépendant de son réseau d’approvisionnement en électricité.

  2. L’industrie des communications. Le système est incapable de survivre sans moyens de communication rapide tels que le téléphone, la radio, la télévision, le courrier électronique et ce qui s’en suit.

  3. L’industrie informatique. Nous savons tous que le système s’effondrerait rapidement sans ses ordinateurs.

  4. L’industrie de la propagande. Elle comprend l’industrie des loisirs, le système éducatif, le journalisme, la publicité, les relations publiques et l’essentiel de la politique et l’industrie de la santé mentale. Le système ne peut fonctionner sans que les gens se montrent suffisamment dociles et se conforment aux comportements dont il a besoin. C’est la fonction de l’industrie de la propagande que d’enseigner aux populations ce type de pensées et de comportements.

  5. L’industrie des biotechnologies. Pour autant que je sache, le système n’est pas encore matériellement dépendant de la biotechnologie. C’est toutefois un sujet sur lequel il ne peut se permettre de céder car il revêt pour lui une importance critique, comme je vais essayer de le prouver à l’instant.

 

 

 

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« 7/ La biotechnologie pourrait être la meilleure cible pour une attaque politique.

L’industrie biotechnologique est probablement la cible la plus prometteuse sur ce terrain. Bien que les révolutions soient généralement portées par des minorités, il est fort utile d’avoir un certain degré de soutien, de sympathie ou au moins d’acquiescement de l’ensemble de la population. S’assurer de ce genre de soutient ou d’acquiescement est un des enjeux de l’action politique.

Si on menait une attaque politique sur l’industrie électrique par exemple, il serait extrêmement difficile de s’assurer quelque soutien que ce soit, en dehors d’une minorité de radicaux, parce que la plupart des gens résistent à tout changement de leur mode de vie, et particulièrement aux changements qui pourraient les gêner personnellement. C’est pourquoi peu nombreux sont ceux qui souhaiteraient renoncer à l’électricité.

Mais les gens ne se sentent pas encore aussi dépendants des biotechnologies qu’ils le sont de l’électricité. Éliminer les biotechnologies ne modifiera pas radicalement leur existence. Au contraire, il pourrait être possible de leur montrer que le développement continu des biotechnologies transformera leur mode de vie et anéantira les plus anciennes valeurs humaines. Aussi, sur ce terrain, les radicaux pourraient-ils être à même de mobiliser en leur faveur la résistance humaine naturelle au changement.

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La maternité comme humanisme et non transhumanisme

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Ici l’idée de maternité, de la capacité de la femme a pouvoir donner la vie est questionnée. Sa réappropriation par la machine (la bio-technologie) est représentée de façon froide et agressive (les pinces pour s’occuper des bébés fabriqués). La femme se réapproprie son pouvoir d’enfantement par le sabotage de la machine (représenté par le couteau). La capuche renvoie à la fois à une tenue de saboteur et à la Vierge Marie qui a donné naissance à Jésus Christ et qui est un des thèmes majeures de l’art occidental et fait ainsi parti de notre culture voire de notre inconscient collectif. Elle incarne l’image de la mère sacrée. Cette image de la déesse mère, déesse de la fertilité est bien évidemment présente dans toutes les autres cultures, sous d’autres formes et d’autres noms comme un fondement sacré de l’humanité. Sans ce pouvoir, certaines sociétés machistes pourraient reprendre le pouvoir de la femme, la rendre remplaçable par la machine, mais la femme et la mère ne sont pas que des corps reproductifs, ils sont aussi des individus nourrissant, élevant et guidant l’enfant. Ce que la machine ne peut remplacer.

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J’ai exposé ces deux illustrations lors de ma grande exposition au Centre Culturel d’Epinal en mai 2019 dans le cadre du festival de littérature de l’Imaginaire Les Imaginales.

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Illustration dystopique 1 La panthère-robot

Illustration dystopique 1 La panthère-robot

Première partie

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William Morris

Je suis très sensible à l’écologie et à la critique du capitalisme qui exploite et aliène les travailleurs, encourage les consommateurs à l’égoïsme matérialiste, extrait les ressources, pollue la terre,… En effet William Morris, artiste, auteur, socialiste (à l’origine le socialisme s’intéresse à améliorer la condition sociale des travailleurs et des ouvriers en particulier, il combat la pensée et les abus de la bourgeoisie. Par bourgeois j’entends ici ceux qui ont la mentalité de ou font la réappropriation du travail d’autrui pour son profit personnel, l’appropriation des (biens) communs comme la terre et ses extractions, l’eau, le bois, aujourd’hui la Lune ou Mars par les millionnaires Elon Musk, ceux qui pensent aux autres qu’à travers la manière de mieux les exploiter, leurs productions ou notre environnement, ceux qui gaspillent les ressources pour créer une marchandisation ou une spéculation etc. Une personne de la classe bourgeoise ne pense ou n’agit pas spécialement comme un bourgeois de même qu’une personne de milieu modeste peut avoir une mentalité de bourgeois. Le socialisme combat l’exploitation capitaliste. Depuis, le socialisme a été récupéré par le capitalisme pour l’assimiler en neutralisant son combat, il se passe la même chose avec le féminisme et aujourd’hui l’écologie), artisan de l’Angleterre de la fin du XIXème siècle, proche de la pensée de Ruskin, de l’héritage du Romantisme et des peintres préraphaélites de la première vague qui dénonçait déjà l’industrialisme bourgeois. William Morris constitue la pierre majeure à l’édifice que représente mes tendances politiques et sociales.

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Portrait de William Morris que j’ai illustré en haut à gauche et quelques livres sur ses motifs (pattern design), discours politiques et romans.
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Il étudia les mythes anciens, la sociologie contemporaine, écrivit et édita des essais et des romans et donna des conférences pour avertir des méfaits de l’industrialisation du travail qui aliène l’humain et crée des objets laids à la chaîne. Pour lui, l’humain doit s’épanouir au milieu de beaux objets non obsolescents, que chacun transmettra fièrement à ses enfants, créés par les mains d’amoureux de leur travail. L’artisanat, inspiré des guildes du Moyen-Age était très important et il fut le plus actif représentant du mouvement Art & Craft, qui influença par la suite le style Art Nouveau. Il écrivit des romans inspirées de textes antiques et médiévaux (L’Énéide de Virgile, L’Odyssée d’Homère, le poème épique anglo-saxon Beowulf, Old French romances ) et des saga islandaises qu’il traduisit («  Völsunga Saga » pour renouer avec l’épopée mythique déjà en vogue avec le pré-Romantisme un siècle avant inspiré par Ossian. (Les modes ne sont pas linéaires, mais plutôt cycliques et contemporaines d’autres modes plus ou moins opposées). Ces romans replaçaient le sens du sacré et de la nature au premier plan et ont inspiré des auteurs comme J.R. Tolkien et ensuite le style littéraire de la Fantasy (qui fut ensuite réapproprié par le capitalisme qu’il dénonçait). Dans le seigneur des anneaux, J.R. Tolkien décrit la Comté, village des hobbits fait de prairies verdoyantes, de potagers et de petits paysans comme fut l’Angleterre avant son industrialisation par les routes et les usines polluantes. A l’opposée, il dresse le portrait de Saroumane, esprit du rouage et du métal levant des armées d’orcs aliénés travaillant avec des machines et créant des armes en avalant les arbres et la forêt pour les remplacer par une terre stérile d’où émane des fumées noires toxiques. C’est la métaphore du monde techno-industriel et du mal (Saroumane devient aliéné par la rancoeur, la conquête et le matérialisme dans le Silmarillion) cherchant à envahir la terre. Le marketing, c’est à dire le capitalisme, a transformé une œuvre dénonçant de façon évidente l’industrialisme, en marchandise devenue culte pour des consommateurs perpétuant ce que Tolkien détestait. On encourage même les fans à récupérer eux-mêmes les œuvres en bannissant leurs auteurs (Lovecraft, J.K. Rowlings,…). William Morris s’inspirait du passé et tentait de construire le futur dans des conférences (« comment nous pourrions vivre ») ou des romans d’anticipation (« Nouvelles de Nulle Part »).

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L’anticipation

Vivre mieux, pour la majorité des humains et du vivant autour d’eux (ce qui les environne, c’est à dire), est une question qui m’obsède. Pourquoi est ce que je souffre ? D’où viens-je, ou vais-je ? Se poser ces questions et chercher telles les pérégrinations des héros mythiques sont ce qui nous permet de devenir des adultes, le commencement de l’humain accompli. C’est l’archétype du roman de chevalerie, la quête personnelle de chaque individu vers un être plus adulte, plus responsable, plus accompli. Il est sain d’écouter ses pensées intérieures, aussi noires peuvent elles nous sembler (ou sembler à la société qui rejette toute obscurité et lui préfère la médication, le rejet ou la destruction des émotions) et de construire une voie pour que nos actes puissent se réaliser dans une certaine harmonie avec notre environnement. Hélas le chemin est difficile tant les obstacles sont nombreux, mais ce qui importe est de tracer son propre sillon, celui qui nous mènera au coeur du labyrinthe initiatique, c’est à dire au coeur de nous-même. Etre un individu est important pour rester intègre (l’individualisme philosophique n’est ni l’égoïsme ni le nombrilisme mais la capacité à rester maître de soi-même au sein d’une communauté ou non, j’écrirai une note prochaine sur le sujet).

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Comme dirait Michel Onfray, on peut vivre dans cette société en tentant de cultiver son propre potager dans son coin, mais est ce que cela ralentira le monde horrible que les capitalistes dominants nous imposent ? Non. Alors c’est difficile, mais il faut aussi, pouvoir rester debout, fort, courageux et enraciné face à cette réalité pénible qui extermine le vivant à coups de spams publicitaires chargés de personnages colorés et souriants. Aussi mignons et bienveillants peuvent ils se prétendre, ils ne sont pas nos amis.

Imaginer le futur est important. De nombreux auteurs de sciences-fiction ou de cyberpunk nous ont averti des dangers qui guettaient la société. 1984 d’Orwell ne nous montre pas qu’il avait tout anticipé, mais montre que nous n’écoutions pas ses avertissements. Nul besoin d’être devin pour comprendre les intentions de ceux qui en ont les moyens (Elon Musk, Jeff Bezos, les GAFA…). La manière dont ils exploitent leurs travailleurs et se servent de leurs consommateurs révèlent qu’ils n’ont rien d’humanistes, alors pourquoi croire qu’ils vont nous apporter la technologie pour sauver le monde ?

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Deep Green Resistance

Ces dernières années (été 2018), j’ai trouvé du réconfort intellectuel et des réponses dans le mouvement écologistes Deep Green Resistance. J’apprécie beaucoup leurs positions qui m’ont permis d’interroger ma vision du monde. Je suis nourrie de leur combat, mais pour autant existent aussi de fortes contradictions entre nos visions (ça ne sert à rien de les expliquer ici). Il y a beaucoup plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent. Et je trouve cela important d’écouter des opinions, même quand on ne les partage pas toutes entièrement.

Je suis d’ailleurs très inspirée par des textes de Théodore Kaczynski, et encore une fois je ne partage pas tout ce qu’il dit (je travaille sur le féminin sacrée, l’émotion, la sensibilité,… (chez la femme comme chez l’homme) contrairement aux choses qu’il défendait).

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Un article de DGR expliquait que c’était impardonnable si on était artiste et qu’on ne mettait pas notre art au service du combat écologique (de destruction de la société industrielle).

Mais en des temps comme ceux-là, pour un artiste, ne pas consacrer ses talents et ses énergies à la création d’armes de résistance culturelle est une trahison de la plus haute magnitude, un signe de mépris envers la vie elle-même. C’est impardonnable ».

. Pourtant, au fond de moi, je suis une personne pacifiste et j’aime dessiner ce qui est beau à mon goût, c’est à dire sombre, doux, mélancolique, romantique. Mon art n’a pas le style de l’art engagé conventionnel. Ce que je dessine est plus proche du Romantisme et du contemporain « pop-surréalisme ». Pourtant le Romantisme constitue en son essence une critique de la société industrielle, seulement c’est peut être trop « conceptuel ». L’idée de ce que je me fais du style engagé, (alors que je me sens moi même engagé) est un style niais, naïf et bourgeois. Je n’aime pas les « chansons engagés », le « street art engagé », je trouve ça souvent pauvre artistiquement et complaisant et ça ne subvertit rien. Cela décore les salons des riches bobos quand une médaille du bien-pensant ne leur suffit plus.

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Je préfère dessiner le beau comme des motifs de William Morris (qui est en soi un combat à mener contre un monde laid) plutôt que le laid qui dénonce (malheureusement une grande partie de la gauche politique associe le « beau » (c’est à dire l’ensemble du travail subjectif et technique que des artistes ont consacré pendant toutes leurs vies à construire, réfléchir, étudier, peindre et transmettre pour atteindre un sens esthétique supérieur et harmonieux, incluant divers débats et querelles millénaires pour les transcender et y ajouter la philosophie de l’incarnation de l’auteur, souvent maudit par ses contemporains matérialistes et peu sensibles) comme quelque chose d’offensant car « maîtrisant » ce qu’ils ont étudié et pratiqué mieux que ceux qui ne l’ont ni étudié ni pratiqué, le maître étant une figure « réactionnaire et fasciste » impliquant une hiérarchie (à combattre à gauche) ou une manifestation de la civilisation (à combattre chez les écologistes radicaux – qui m’inspirent néanmoins, refusant les communautarismes partisans). Lire ma note sur ce sujet. Mais je me suis mise au défi (c’est horrible d’écrire avec le vocabulaire du capitalisme) de réfléchir à créer des illustrations plus éloquentes quant à mes critiques du monde industriel et bio-technologique que les capitalistes nous imposent (à coups de marketing et produits « doudou » rassurants notre nombrilisme d’enfant client roi).

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Résistante contre le monde à venir

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Je voulais donc ensuite peindre une autre (voir partie 2) héroïne du futur, en l’imaginant conduire une panthère blanche robotique (vu que la société industrielle aura tué tous les animaux et le vivant), coiffée du bonnet frigien des esclaves antiques affranchis repris par des révolutionnaires du XVIIIème siècle. Leur combat étant malheureusement récupéré par la classe bourgeoise et n’ayant en rien arrangé le sort du peuple, si ce n’est le rendre encore plus dépendant du travail industriel, continuellement réprimé par la République.
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Cette héroïne combat sous un étendard de résistance face à la dictature technologique écocide. J’ai utilisé un symbole que j’ai construit à partir de symbole Vénusien et Neptunien pour charger l’idée de l’Art comme combat en étendard.

J’ai exposé ces deux illustrations lors de ma grande exposition au Centre Culturel d’Epinal en mai 2019 dans le cadre du festival de littérature de l’Imaginaire Les Imaginales.

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A propos des privilèges

A propos des privilèges

Au début du confinement, j’ai écrit un texte par rapport à l’indécence de certains bourgeois qui ne comprennent pas en quoi c’est problématique de se réjouir de ne pas être logé à la même enseigne que les pauvres.
http://diglee.com/indecence/
« Je sors de mon silence pour contrer cette vague de haine et vous dire que moi, eh bien je suis ravie de savoir que certains ont des jardins et peuvent admirer le printemps qui fleurit.
Je suis ravie de savoir que des enfants peuvent encore courir libres dans une prairie couverte de jonquilles, soulagée que tous, nous ne soyons pas logés à la même enseigne, celle d’être confinés dans de minuscules appartements ternes perchés sur le bitume gris des villes. »
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Pour nuancer et expliquer au mieux le propos, le développement peut paraître long mais nécessaire pour tenter d’être plus claire. Je l’ai partagé sur Facebook mais je le partage maintenant ici. Etant souvent touchée en tant qu’artiste, femme et métisse par les discriminations liées au travail, j’ai beaucoup lu (et écouté des vidéos, conférences,…) sur les questions d’inégalités, sur la critique du travail gratuit, la nécessité de valoriser le travail artistique, la précarité, l’uberisation proche du statut de free-lance, la défense des acquis sociaux,… Je les partage sur ma page Facebook.
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Témoignage de la vie réelle
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Il y a quelques années en 2008, avait eu lieu à Paris une exposition des photographies de André Zucca intitulée « les français sous l’occupation ». C’était une exposition montrant photos et objets des années 39-45 témoignant comment certains parisiens tentaient de vivre, certains profitaient bien, sous ce climat particulier. A l’époque bien évidemment personne ne savait comment allait se terminer la guerre et beaucoup pensaient à leur survie, cela signifiait pour beaucoup devenir collaborationniste avec l’ennemi nazi. Cette exposition avait choqué car elle refusait de montrer que les français n’étaient pas tous de courageux résistants et libérateurs de la France. Des pressions ont été faites pour annuler cette exposition, mais elle est restée en changeant le titre « les français… » par « des français sous l’occupation ».
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Andre Zucca Rue de Rivoli, Paris, 1941
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Inégalités
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Comme le soulignent légitimement de nombreux articles, la crise du coronavirus aura montré les inégalités. Nous ne sommes pas tous logés en confinement à la même enseigne. J’espère que nous serons plus nombreux à voir le problème de ces inégalités, qui sont là le reste du temps, criés en manifestation, en billets sur internet, dans des livres ou des journaux,…
Ces inégalités ne sont pas dues, comme tentent de le faire croire ceux à qui cela profite, au fait que des fainéants n’ont pas eu envie de travailler ou que d’autres ne savent pas « saisir leurs chances », comme j’ai encore pu le lire sur les réseaux sociaux aujourd’hui, mais plus à des entreprises qui licencient pour du profit, qui piétinent le droit du travail par un management sauvage, à celles qui marginalisent et privent d’emploi certaines personnes, etc,… La chance n’est pas la même dès lors que nous disposons de capitaux, économiques, sociaux ou culturels différents comme l’expliquait déjà Pierre Bourdieu.
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Indécence
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Evidemment la société est composée d’individus tous différents, il n’y a pas les gentils précaires, certains en effet sont fainéants et fraudeurs, et les méchants riches, certains et j’en compte parmi mes amis ont une conscience qui ne s’arrête pas à leur compte en banque. De même que l’égoïsme et l’égocentrisme n’a pas de classe (dans les deux sens du terme).
Mais l’indécence chez les privilégiés est de se complaire dans l’illusion qu’ils sont au dessus des autres et qu’ils ont un droit quasi divin, comme le pensaient les monarques de pouvoir plus profiter du luxe ou de simplement des produits de base ou même de la nature, de la santé ou de la sécurité, pendant que les autres ne pourront ni se les offrir ni les rêver. Je n’ai aucun problème avec le luxe, le confort ou l’argent. Si des parents aisés ont voulu donner à leurs enfants toutes les chances et les gâteries qu’ils pouvaient, je trouve ça bien car pour moi c’est le rôle des parents de leur apporter ce qu’ils peuvent (sinon ils ne devraient pas faire d’enfants). Ce qui me dérange en revanche c’est de se vanter de ses privilèges, de narguer les autres tout en continuant à véhiculer ce qui crée les différences de moyens, tout en les encourageant, en faisant s’accroître ces écarts de richesse, en pratiquant la ségrégation économique…
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Le mécanisme de la précarité
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Car ces inégalités sont pour la majorité fabriquées de toute pièce par ceux qui veulent garder le pouvoir et la richesse. Comment faire pression sur les salariés si on ne peut les mettre en concurrence avec l’armée de réserve que constitue les chômeurs, eux même mis en concurrence avec les SDF, mis en concurrence avec les immigrés ? Ils défendent leurs intérêts, quelque part je les comprends, bien que ça ne puisse que créer une pauvreté et une insécurité qu’ils se prendront tôt ou tard à la gueule. Ces inégalités ne sont pas juste le fruit de la chance ou du mérite. Les personnes plus riches attirent les contacts, elles ont plus de contacts, de services gratuits et de passe-droit. Elles se marient et se reproduisent entre elles et lèguent leurs capitaux à leurs enfants, qui peuvent bénéficier d’éducation privilégiée, de métiers privilégiés, de clients, de nouveaux contacts, d’expérience (tourisme,…) privilégiés.
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Se rendre compte des privilèges
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Avez-vous déjà remarqué sur internet une personne poster le compte rendu en images d’une soirée privée, une entrée VIP à tel événement, des vacances offertes par des compagnies touristiques, des cadeaux de produits de beauté offertes par des marques de luxe, un partenariat pour travailler avec telle entreprise qui vous fait de la publicité et étoffe votre CV, un test du corona-virus. Vous êtes-vous un jour demandé « pourquoi pas moi après tout ? » La réponse est que vous êtes pauvres, issus d’un milieu modeste ou ne savez pas développer la logique capitaliste visant à prendre ce qui appartient à tous, écraser les autres pour se hisser au sommet, mentir et tricher (comme on le voit chez les concurrents des télé réalité) etc,… Dans un sens on vous apprend qu’être modeste ne vous mènera nulle part, mais qu’avoir une attitude de requin (même si les requins sont moins féroces) peut parfois être récompensé. Je trouve ça dommage d’encourager les individus dans cette voie, cela crée une société d’égoïstes infantilisés immatures et irresponsables (et non individualistes qui sont des individus et non des accumulateurs de possessions). Certains en lisant cela se diront surement « je ne suis pas d’accord, j’ai une bonne situation, j’ai travaillé dur pour cela et je n’ai pas la mentalité capitaliste », et pourtant, vos parents vous auront peut être payé un loyer dans Paris pour que vous puissiez développer votre réseau ? Comme je l’ai dit plus haut, cela ne fait pas de vous un salaud, mais un privilégié et il faut s’en rendre compte. Les privilégiés ne sont pas tous des tyrans, mais la plupart continuent de discriminer les pauvres, de ne pas vouloir travailler avec eux ou les payer honnêtement pour leur travail, voire de les penser comme des larbins,… Quand ils le font, ils pensent faire de la charité et ne manquent pas de montrer à la terre entière à quel point ils sont de bonnes personnes, parfois ils portent même des badges « Amnesty International », c’est à se demander ce que cela cache. Seulement voilà, le fait de penser qu’on aide quelqu’un, alors qu’on travaille avec cette personne est déjà une mentalité de subordination ou de hiérarchie où le client prestataire est « inférieur ». Lorsque vous travaillez avec un client privilégié, vous ne vous posez pas en sauveur, vous trouvez ça juste normal, c’est du business.
Ecoutez Juan Branco, les Charlot-Pinçon et bien d’autres en témoigner.  Et non, tout cela n’est pas due parce que les privilégiés sont des êtres exceptionnels, plus intelligents, malins ou meilleurs que les autres, cela est due à une richesse (et donc des réseaux que celle-ci attire) de base.
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Normes
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Encore une fois je ne juge pas le fait de bénéficier de tous cela, mais je juge le fait d’agir pour conserver et exacerber ces inégalités, ne serait-ce en imposant son concept de « normalité ». La norme est une construction sociale, mais elle semble aussi une construction de classe. Un enfant qui grandira entouré de femmes de ménage à qui donner des ordres, réussira mieux qu’un enfant qui grandira à devoir s’écraser et faire la femme de ménage. Cela s’appelle le savoir-être, qui fait parti du capital culturel. Je ne pense plus qu’aujourd’hui connaître les oeuvres de Wagner, de Dante ou de Delacroix contribue à réussir car les nouveaux riches ont imposé leurs nouvelles cultures dénuées de raffinement, en revanche savoir parler avec confiance et autorité à quelqu’un que l’on interrompt sans cesse, que l’on n’écoute pas ou qu’on ignore ostensiblement, pour obtenir quelque chose est ce qui marche le plus dans notre société aujourd’hui. Et de la même façon, ne pas écouter une personne introvertie, trop polie ou respectueuse fait partie de la nouvelle donne. « Il faut s’imposer », c’est à dire être grossier, fermé aux autres et sans gêne. Ce qui crée une société mal éduquée agissant de plus en plus de façon violente et triviale où la loi du plus fort est de mise.
Pour le Docteur Raoult, c’est normal que des milliers de personnes meurent chaque année de maladies liées au monde moderne (problèmes respiratoires liés à la pollution, obésité, cancer, problèmes cardio vasculaire liés à la mauvaise nourriture, dépression et addictions , virus liés à l’exploitation animale industrielle,…). Sa norme, ce sont les statistiques des années précédentes. Mais est ce une norme éthique, une norme doit-elle éthique ? On peut voir que ces normes sacrifient les individus pour des masses.
De la même façon, pour les bourgeois, c’est à dire une majorité de personnes ayant vécu avec des privilèges et d’autres personnes, issues de milieux modestes mais qui ont la mentalité capitaliste (concurrence, abuser des autres, s’imposer, opportuniste menteur et tricheur, …), il est normal qu’il y ait des « faibles » qu’on abuse et des « forts » qu’on respecte. Mais cette normalité est elle vraiment juste ? Est elle normal pour ceux qui souffrent des inégalités et ceux qui restent honnêtes et polis ? A mon sens, non. Nous n’avons pas la même vision de la normalité car nous n’avons pas la même éducation, la même sensibilité ou la même empathie.
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Expliquer à un bourgeois que sa conception n’est pas « normale » ou juste, sera difficile à faire entendre, quand de base ces gens rejettent toute forme d’empathie et classe même cette faculté dans la case « faiblesse ». Le bourgeois prend, s’approprie, vole, c’est sa norme. Il se sert des autres, se fait servir et abuse des autres. Ce n’est non seulement une norme, mais c’est un sentiment de plaisir, un sentiment de domination qui lui fait se sentir au dessus des autres. Comment lui faire entendre que cette façon d’être et de penser, même si c’est celle qui domine dans les médias et la société,qui est encouragée dès l’école puis dans les entreprises est problématique ? Pour les laissés pour compte, les perdants, les invisibles, les parias, les bourgeois ne peuvent avoir aucune empathie ou compréhension car cette « caste inférieure » leur est utile symboliquement (pour se sentir dominant) et matériellement (financièrement et d’un point de vue utilitariste, c’est à dire de l’abus et l’exploitation de l’autre). Ceci est une tendance humaine innée chez certaines personnes, comme le fait de vouloir tuer des gens par exemple. Ils vivent ensuite dans une société avec des lois et des limites (l’homicide étant interdit par la loi) et se comportent en fonction. Si la société non seulement autorise la pensée capitaliste (nombriliste, d’accumulation par le vol du bien commun, de tendance à exploiter les humains, le vivant, les ressources,…) mais en plus l’encourage, les individus qui ont ses traits bourgeois ne peuvent entendre que cette mentalité capricieuse et nombriliste est problématique, mais ils savent aussi qu’ils doivent avoir une image publique opposée à cette attitude.
Au temps de la monarchie, il n’était pas normal qu’un simple paysan puisse s’adresser à un noble. Ces normes étaient faites par et pour les dominants. Expliquer qu’il n’est pas normal pour un noble de maltraiter un esclave et il réagira comme les privilégiés d’aujourd’hui, avec déni, mépris et arrogance. Ces gens ne changeront peut être pas, même si certains ont plus de coeur que de besoins de dominer. J’écris donc cela pour les dominés, ceux qui applaudissent les bourgeois, qui ont de la tristesse quand ils leurs arrivent un petit bobo, qui sont prêts à les soutenir quoi qu’il en coûte. Ne soyez pas aveuglés par leurs systèmes de castes, ne soyez pas leurs fanatiques, ne soyez pas leurs laquais. Privilégier ceux qui ont de réels mérites, ceux qui n’ont pas d’attaché-presse ou de financeur pour « réussir », ceux qui n’écrasent pas les autres pour se montrer important comme Nabilla ou comme « une star mondiale dans son domaine« , comme dirait le Docteur Raoult.
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Le contraire du ruissellement de l’argent
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Etre privilégiée n’est pas un problème, consommer des produits luxueux ou high tech, montrer des beautés de ce monde via ses réseaux sociaux non plus, mais il faut être reconnaissant des moyens financiers (attirants des réseaux et des cadeaux) que l’on a. Ces moyens viennent souvent du fait de les avoir pris, exigé, volé à d’autres (en exploitant des ressources ou des ouvriers par exemple). Se sentir plus malin ou plus intelligent parce qu’on vole l’autre n’a rien d’admirable. L’emploi que vous avez gagné est aussi celui que vous avez pris à un autre, qui en avez peut être plus besoin. L’argent qui revient aux plus riches est celui pris aux plus pauvres, il est cette économie, ce manque ayant contribué à la dégradation de nos services publics (personnels soignants, professeurs, chercheurs, agents culturels,… ces gens que vous méprisez car n’exhibant pas assez de formes extérieures de richesse) pour faire fructifier les entreprises possédantes et leurs actionnaires. L’argent que vous gagnez naît souvent de l’exploitation salariale des ouvriers plus précaires, faisant un boulot dont vous avez le privilège de pouvoir refuser sans que cela n’affecte vos soucis de payer votre loyer, remplir votre frigo, rembourser vos prêts d’étude et payer tous les abonnements horribles que la société capitaliste nous impose doucement. Des centaines de milliers de français n’en peuvent plus, certains dorment dehors et tentent de se défendre en manifestant pour protéger leurs retraites, leurs chômages ou leurs aides sociales (APL,…) des coupes organisées par l’Etat corrompu par les patrons et les marchés dont sont issus peut être vos proches. Vous vanter de ce que vous avez le loisir de manger pendant que des milliers de personnes ont peur de ne plus pouvoir s’acheter des pâtes, est indécent et ignoble.
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privilèges
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Le bourgeois n’est pas systématiquement un salaud.
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Je conseillerai même que quand on a les moyens, on devrait consommer plus équitablement, veiller à ne pas faire appel à l’uberisation qui précarise encore plus, ne pas acheter sur Amazon quand on a le choix de faire vivre du commerce de proximité, ne pas encourager les entreprises qui délocalisent, licencient en masse pour le profit, polluent, déforestent, assassinent les animaux sauvages ou les humains qui vivent sur leurs terres de ressources que ces entreprises cherchent à exproprier, ne pas prendre la place de ceux qui peuvent moins exister, leur laisser la parole éventuellement, la chance de pouvoir avoir accès à des études ou un métier qu’ils aimeraient faire, notamment en les engageant plutôt qu’en engageant des personnes de votre « réseau » de privilégiés, etc,…
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Arrêter de légitimer ceux qui achètent des marques ou des produits (dont le tourisme) onéreux et traitent de « prolo » ou de « clodo » ceux qui ne le peuvent pas (mentalité qu’on impose dès l’école et qui brime dans la cour de récréation), arrêter de traiter les gens comme des serviteurs mais leur rendre la dignité d’être humain en considérant leurs paroles et leurs savoir-faire sans condescendance, arrêter d’exiger  comme un enfant gâté à ces gens de faire du travail gratuit (rendre des services, donner des choses alors qu’ils ont peu) tout en les méprisant parce qu’ils ne gagnent pas assez d’argent (car on leur demande de toujours faire du travail gratuit), le genre de service ou de sacrifice que vous n’oseriez pas demander à quelqu’un qui a plus de moyen, pour vous faire bien voir ou pire, faire de la spéculation sociale, c’est à dire vous montrer généreux entre personnes dont vous vous êtes assurés qu’ils pourront rendre (en leur demandant ce qu’ils « font dans la vie » qui veut dire « combien gagnent ils »). S’entourer de gens sur lesquels on spécule et se croire généreux est comme se croire généreux d’acheter des parts de marché. Peut être avez- vous été élevé en ayant du personnel travaillant pour vous et un sens de la hiérarchie et que cela est votre « normalité », celle de donner des ordres à des gens qui doivent en recevoir tout en partageant publiquement une image de star hollywoodienne à un gala de charité ou donnant un discours en recevant un prix en robe Haute-Couture, « être charlie » et écrire de la bien pensance sur le respect de la démocratie et votre combat contre les inégalités, signer des pétitions virtuelles, tout en perpétuant les valeurs de la croissance, la croissance des inégalités dont vous jouissez.

Bipolaire

Bipolaire
J’ai lu cet article, et je me suis sentie concernée parce que je suis souvent jugée « trop sensible » et que j’aime passionnément l’univers (mais pas le milieu) de la mode. Pour moi sensibilité et mode sont indissociables. Chacun adopte les meilleurs analyses et remèdes à ses maux car chacun est différent et je ne blâme pas ces choix, je partage justes les sentiments qui me sont venus à la lecture de l’article et peut être quelques remèdes.
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Étiquettes du monde moderne

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J’ai toujours une gêne face aux étiquettes, surtout les étiquettes pathologiques. A la fois cela peut permettre d’être mieux compris, ou alors plus enfermé dans une définition réduite voire aléatoire, et puis sans oublier que cela fait le bonheur des marchés pharmaceutiques.
J’ai toujours une gêne devant la réception de la « sensibilité » par la société : sorte de maladie, handicap, et en effet cela est devenue discriminée, du coup avec un mot du médecin, certaines choses passent mieux en société.
On passe du terme « sensibilité » à « hyper-sensibilité », comme pour montrer que l’extrême est mauvais, qu’il faille un soit disant « juste milieu », qu’on est hors norme, marginal, non adaptable, donc rejetable, excluable.
Pour ma part, je suis sensible et j’aime cela. Cet état est idéal pour capter la mode. Le problème est qu’on capte tout, les belles choses, les bonnes, les mauvaises. Certains appellent cela avoir « des hauts et des bas », et on appelle cela, parfois, la bipolarité.

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Marginalisation

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Ma sensibilité a souvent engendré le rejet et l’exploitation par les autres. J’ai manqué de nombreuses occasions d’emplois sous prétexte que « je ne pourrais pas tenir la pression ». La part de créativité de mon travail n’a jamais été consultée, les DRH préfèrent cerner la capacité d’endurance au labeur d’un candidat, même si c’est juste pour gérer les stocks de magazines dans l’arrière salle d’une obscure chaine de librairies.

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Certaines personnes sensibles savent naturellement se protéger, se défendre, d’autres non.
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 Plonger au coeur de moi même en acceptant cette sensibilité comme une qualité et non un défaut m’a aidé à comprendre ce qui se passait, sans l’avis d’une soit disant autorité médicale, ayant pour but homogénéiser la population à des individus neutres et « gris », et surtout résignés et médicamentés.
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Après avoir écoutée voire suivie les avis de tous ceux qui aiment avoir un avis sur tout de manière consentante (psy à l’écoute, hypnothérapeute-arnaqueur) ou non (famille, gens), j’ai aujourd’hui une lecture différente de ce que je vis. Et j’arrive à avoir d’autres réponses que celles qui serait « une maladie traitée par médicaments ».
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Remède vitaliste

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Je tends vers une philosophie vitaliste de l’existence, j’ai toujours souhaité prendre soin de mon corps. Je comprends ceux qui n’en ressentent pas le besoin, mais mon corps est lui aussi sensible, je peux tomber malade, avoir des douleurs facilement et c’est avant tout par nécessité que j’ai du me prendre en main par la pratique de taï chi et de yoga, et une attention portée à mon alimentation.
Dans cette même logique vitaliste, et à la suite de mauvaises rencontres et expériences, j’ai du apprendre à me défendre. J’ai du apprendre à apprécier la vie jusqu’à réveiller mon instinct de survie, très largement bâillonné par le carcan familial. Cela n’est pas facile et je suis encore en train de réveiller mes ressources naturelles et « animales ». Pour cela, je regarde du côté du chamanisme. Un chaman est un individu qu’on qualifierait dans nos sociétés modernes d’hyper-sensible, voire de bipolaire, capable de se mettre en connexion avec les forces de la nature, végétales, animales, et autres esprits en vadrouille. Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, chaque individu avait sa place, et on ne forçait pas une personne sensible à ne plus l’être ou une personne brutale à ne plus l’être, on lui donnait l’activité adéquate et tout cela devait former un ensemble complémentaire. Ainsi mon discours n’est pas de dire que tous doivent être sensibles, mais que tous doivent être eux mêmes (du moment qu’on ne commette pas d’injustice) sans se mentir et sans forcer les autres à suivre leurs modèles.
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Animal sauvage

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L’instinct de survie et la défense invoquent la violence de l’animal en soi.
J’ai longtemps choisi la non violence, étant de nature pacifiste, mais j’ai aussi un grand besoin de justice et une horreur de l’injustice. Certains diront que l’homme est injuste par nature et que dans sa grande majorité, il a besoin de dominer et de détruire l’autre. Je ne peux qu’acquiescer face à ce constat tout en voulant naïvement croire à autre chose. La règle première de la survie est donc de ne pas choisir la « non-violence » face à l’agression répétée et gratuite.
La personne sensible ne doit pas être l’espèce rare en voie de disparition ou le gibier des exploiteurs nuisibles sans talents.
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L’interprétation des « hauts et des bas ».

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Chacun selon ses croyances religieuses, morales, sociétales ou scientifiques interprètent ces différents moments donnés à l’individu « non gris » pour reprendre l’article (ou non tièdes) ou êtres sensibles que fut l’humain. Pour les « hauts », c’est assez difficile à expliquer tellement c’est personnel et évident, mais pour ma part, un environnement de nature et créatif, émule mon cerveau et me rend heureuse.
Pour les bas (baisse de morale, tristesse sans raison apparente ou mauvaise nouvelle, etc), j’ai principalement trois axes d’identification. Je tiens à préciser que j’appellerai cela des « croyances » pour ne vexer personnes, mais pour moi ce sont des certitudes. Depuis plusieurs années j’entraine mon esprit à percevoir un maximum d’informations et de sensations pour développer mes capacités de voyances (ou d’extra sensibilité) et ce sont celles ci qui ont confirmées certaines pistes.
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- La santé. C’est pour moi la première raison des « bas », le manque de sommeil (ou mauvais sommeil), le manque de nutriments, d’exercices physiques, de « promenades oxygénantes » pour le cerveau.
- Les astres. En observant l’étude de l’astrologie, on remarque des faits tout à fait incroyables. C’est un sujet trop long à développer mais cela est un bon indicateur de « choses qui arrivent » plus ou moins bien dans notre vie. Et parfois, et ce n’est pas la faute d’un « mercure rétrograde », les planètes nous donnent des « bas » (mais aussi des « hauts »).
- Les attaques. Et parfois il y en a de nombreuses. Pour les personnes sensibles qui n’ont pas développées de défenses, cela peut être la déprime permanente. C’est pour ça que j’ai parlé de devoir de défense pour parer ces nuisibles. Ces attaques peuvent être verbales, physiques ou mentales. Je renvoie à la création d’égrégores pour éventuellement prévenir de cela. Cela peut être simplement la présence de personnes avec la volonté de nuire qui nous prend toute notre énergie. Ces dernières années, je me rendais souvent dans le quartier de la goutte d’Or à Paris ou à Porte de Clignancourt. J’ai habité Clichy et Aubervilliers. Pour moi, le métro, surtout dans le nord de Paris était devenu très difficile, je me faisais souvent bousculer à Barbès, et je n’aime pas du tout cela. On m’a souvent dit que j’étais trop sensible, que je devais ceci cela, que c’était moi le problème, que s’était il passé dans mon enfance pour que je n’apprécie pas qu’un individu m’insulte dans un métro bondé ? etc… Alors oui, beaucoup de personnes supportent, d’autre ne voient pas le problème et d’autres encore adorent cette « ambiance chaude », mais moi non. Donc j’ai déménagé dans les Vosges parce que j’ai choisi une meilleure qualité de vie, à hauteur de ma sensibilité. Et cette sensibilité n’est donc pas qu’un handicap (sauf pour le MEDEF), elle est surtout ce qui me permet de créer et de développer ma magie. Mais nos meilleurs ennemis sont bien souvent plus proches que les inconnus des métros ou des rues et il est nécessaire d’y faire le ménage.
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Encore une fois, les êtres sensibles n’ont pas à être les souffre-douleurs des êtres nuisibles (certains diront des pervers narcissique) ou la vache à lait des pseudo artistes copieurs sans talents. La sensibilité, comme la connexion avec les forces de la nature est une force vitale redoutable.

Est-ce bien raisonnable de porter du fluo ?

Je ne porte pas de fluo.

Je ne trouve ça ni beau ni laid mais je constate qu’il est à la mode, et comme toutes les modes, il y en a dont je me satisfais et d’autres que je laisse pour d’autres.

J’ai parfois lu des réactions contre cette mode, sur ton sérieux comme s’il s’agissait de lutter contre l’augmentation du prix des loyers. Apparemment cela apparaît un sujet moins important.

Je lis cet article du Monde.
http://www.lemonde.fr/style/article/2012/09/07/est-ce-bien-raisonnable-de-porter-du-fluo_1756346_1575563.html

J’ai déjà eu l’occasion de parler de la liberté que j’aimais accorder aux styles vestimentaires de chacun, que ceux-ci suivent une règle érigée par telle figure autoritaire ou qu’il se compose d’affects personnels.

Il existe probablement des limites et des lois (comme celle interdisant aux femmes le port du pantalon), mais globalement je parle de choses qui sont réellement innocentes.

J’écris ceci contre l’uniformisation des idées, des formes et des styles. En faveur de la possibilité de se vêtir comme on le désire du moment qu’on ne fait de mal à personne. Et je vous entends déjà vous plaindre de la douleur de vos yeux devant l’habit de votre voisin de métro alors que la plupart ici n’hésitent pas à perdre le reste de ses facultés sensible dans le spectacle d’images les plus stériles, vulgaires que nous proposent l’Internet.

Bien sur moi aussi je me sens hostile à certains styles, ceux notamment qui accompagnent une attitude bruyante d’appel à la reconnaissance. (Bien qu’un style n’impose pas nécessairement une attitude précise). Donc je me sens plus importunée par une personne parlant fort publiquement dans son téléphone (ou non) que par une personne qui porte des baskets jaunes fluo, tout simplement parce que je peux détourner les yeux ou les fermer alors que je n’ai pas de paupières aux oreilles.

Je note dans l’article, ce léger ton de mépris « bourgeois-friendly » face à une « caste » de travailleurs représentant pour certains le symbole de l’échec social auquel il faut à tout prix se détacher, mais qui du coup ouvre la possibilité de moqueries par comparaison à ce qui semble le moins glorieux. Bien évidemment je trouve ça détestable de se moquer sincèrement des pauvres, des clochards ou des agents de le DDE.

Selon l’article, si on ne porte pas de vêtements conformes à la « normalité » formelle et chromatique, qui s’ennuie à répéter année après année les mêmes vêtements de grande diffusion informe (car de taille basique pour des corps et des besoins tous différents) ce n’est seulement que pour « matérialiser ce besoin de visibilité et garantir […] de n’être jamais considéré comme un individu transparent ». En gros c’est tout noir ou tout blanc, ou fluo devrais je dire. L’individu porteur de vêtement ne peut raisonner seulement suivant l’imagination de l’auteur « journaliste », qui s’est à peine intéressé au sujet des styles et des formes, mais qui, dans la moquerie consensuelle de la « mode », la « nouveauté » ou d’une certaine « différence », s’assure une quantité d’approbateurs-suiveurs et de « like » (pour reprendre l’article).

Qu’on ne pense pas que je critique la grande diffusion « informe » à « bas prix », encourageant la logique de pays ateliers exploités, au profit de marques moins abordables. J’encourage toujours et encore l’artisanat, le local, la qualité plutôt que la quantité, le DIY, la possibilité de se remettre devant des machines à coudre et des aiguilles (et pas seulement pour les femmes), le « recyclage » via les réseaux de secondes mains, il existe mille et une manière de se vêtir.

Pour ma part, portant plus majoritairement du noir je me fais souvent jugée de personne qui souhaite être remarquée. Les personnes qui refusent de se vêtir seulement selon les codes « mass-industriels » du textile sont souvent ramenées à l’ordre par des gardiens de la morosité si on a le malheur de croiser leur route ou leur ligne de métro. Pour beaucoup la seule raison de s’habiller, dans leur langage, « différemment », est de se faire regarder. C’est bien projeter ses fantasmes personnels que de réduire les intentions d’un individu à sa propre logique. Pour répondre à ceux qui sont persuadé de cela, il existe des milliards de raisons de choisir tel ou tel vêtement, la première étant souvent celle du plaisir personnel et je le dis encore innocent. Me concernant, penser que j’ai tel style pour me faire remarquer est aussi stupide que l’idée qu’une femme porte une jupe dans le but de tenter les hommes à la violer. Personnellement je déteste être regardée, dévisagée et jadis dans notre civilisation cultivée, cela était impoli de le faire, car il est impoli de risquer mettre mal à l’aise son voisin qui n’a rien demandé. Si je veux me rendre chez des amis, je suis parfois obligée de prendre le métro, et non je ne choisis pas ma tenue pour les personnes de la rue, pour les divertir, les choquer, l’envie de me prendre des réflexions, aussi méprisant cela peut il paraître, mais il en va de même pour la majorité des gens. Et j’aimerai vraiment que les mentalités sur ce sujet changent c’est pourquoi j’aimerai faire remarquer que cet article et cette mentalité, peut à un certain niveau encourager sinon approuver le fait de se faire embêter dans la rue plus ou moins agressivement. Nul n’est censé ignorer ce savoir vivre.

Non critiquer le fluo, ne valorisera pas le noir, critiquer les blondes ne valorisera pas les brunes, critiquer le hip hop ne valorisera pas le rock. Dans ces dualités le perdant sera toujours l’individu, le non-conforme.

Ce qui me dérange au fond est de lire ce genre d’analyse sous le nom de journaux renommé, prouvant une fois de plus que la médiocrité arrive plus souvent à percer que la sensibilité discrète et pertinente malheureusement moins prise au sérieux. Ce genre d’article est à peu près du niveau de Vice.

C’est sur qu’avec de tels sujets « mode », le lecteur moyen peut la trouver superficielle et l’affubler de tous ces arguments dévalorisants trahissant un manque de culture certain sur le sujet.

image : Vogue Italia Mai 2008 photo Miles Aldridge