Inspirations.
Mon travail artistique se base autour de recherches. Au fil des années, j’ai construit une carte heuristique assez dense, et j’aime y faire des ponts d’idées en idées. L’un des sujets sur lequel je travaille se base sur les légendes arthuriennes. Je travaille également le costume et j’étudie aussi l’époque du XIIème siècle et la figure de la reine Aliénor d’Aquitaine, car elle a importé à la cour de Paris, les arts raffinés des troubadours et que sa fille Marie de Champagne a commandé à Chrétien de Troyes les principales oeuvres arthuriennes, plus ou moins inspirées de plus anciennes légendes réactualisées à la mode de l’amour courtois. Le moyen âge, tout comme le mythe arthurien me renvoie également à William Morris (et Walter Crane) et son travail, qui m’inspire et me guide.
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Quand on pense au cinéma français des années 70 abordant les thèmes arthuriens, on pense inévitablement au très bon Perceval le Gallois de 1978 de Eric Rohmer avec Fabrice Luchini .
Mais il existe également un Tristan et Iseult réalisé en 1972, plus d’un siècle après (1865) l’opéra de Richard Wagner, par Yvan Lagrange lorsqu’il avait 22 ans et produit par le styliste Pierre Cardin. Certains fans le connaissent pour la bande originale composée par Christian Vander (Magma).
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C’est un film que je viens de regarder sur YouTube en brodant une bordure de manche de ma robe médievale. C’est un film contemplatif qui se compose de tableaux oniriques très beaux alternant scènes de combats de chevaliers et jeune fille appelant son aimé. La pellicule est très abimée, mais le flou des années 1970 est délicieux pour ceux qui apprécient cette esthétique, on y voit de la femme nue qui crie, cela rappelle Zulawski.
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Ce film m’a rappelé et encouragé à juste créer de belles choses, sans trop se mettre d’autres barrières et contraintes. J’ai réalisé récemment un court métrage pour notre performance des Imaginales avec Christophe Siébert. Faire ce film m’a rappelé que j’aimais faire cela et qu’il ne fallait pas que j’écoute les autres, ni leurs avis, ni leurs goûts (ils peuvent faire leurs propres films). Hier, en brodant, j’ai également regardé une « leçon de cinéma » de la part d’un de mes cinéaste contemporain préféré, Nicolas Winding Refn, et cela m’a aussi encouragé à créer, en me libérant des contraintes données par tous ceux qui aiment me contredire à la moindre idée que j’expose. J’aime ces moments où les artistes et les créateurs nous émulent par leurs visions et leur sensibilité. J’aime ceux qui font et je m’ennuie de ceux qui parlent (sans faire). Tous ceux qui nous ralentissent, nous mettent des obstacles, nous contredisent dans la création sont des ennemis de la création et de l’art. Je suis contre la censure, même si mes créations n’ont rien de subversives ou transgressives. J’ai juste envie de raconter de belles images.
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L’utilisation de la viande m’a fait penser à l’artiste autrichien Hermann Nitsch et ses performances commencées au milieu des années 1950 (selon son site) et très présentes dans les années 1970, inspirées de Sade, Bataille, Nietsch ou Artaud, « Théâtre des Orgies et Mystères », ainsi qu’au photographe Joel-Peter Witkin, et donc aux films de Ari Aster notamment Midsommar (2019). Je retrouvais cette « ambiance de sculptures de chairs » dans une scène de The Northman (2022) de Robert Eggers.
Retrouvez mes œuvres sur mon stand d’exposition et vente, au chapiteau de Cristal, place de l’Atre d’Epinal.
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. Comme l’année dernière, je serai avec les sympathiques Pigment T derrière la Basilique St Maurice.
De 11h à 20h, du jeudi 15 au dimanche 18 décembre 2022, n’hésitez pas à venir voir en vrai mes peintures.
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J’ai commencé dernièrement à peindre une série de portraits de Carl Gustav Jung sur carton brut que j’ai exposé lors du Bazar des Beaux Arts. J’ai poursuivi ma série inédite sur format A5 (environ) pour ce long week end.
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(extrait d’une de mes notes sur ma démarche artistique actuelle)
Carl Gustav Jung
Les surréalistes s’intéressent aussi à la psychanalyse. Le monde des rêves, l’inconscient, les mythes, les symboles, l’alchimie, les mandalas sont des sujets étudiés par le psychanalyste suisse Carl Gustav Jung. Je me suis ainsi plongée dans des documentaires, des expositions, des élèves, des ennemis de Jung.
Son livre rouge regroupant ses notes, rêves et visions semblent vraiment intéressant en terme de méthode personnelle pour s’ouvrir à des choses. Il reprend aussi l’idée du « laisser advenir », proche du wou wei chinois qu’il appelle en allemand Geschehenlassen. Ce point me permet de travailler notamment les dessins et la peinture automatiques et libres que je réalise de plus en plus, non pas spécialement pour un résultat plastique, mais pour atteindre un état de transe me permettant de créer de façon plus fluide et inspirée, en toute conscience.
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Jung a beaucoup travaillé sur l’imagination et lorsque je lis des choses psychanalytiques sur ce sujet, j’ai l’impression qu’on parle d’évidence. Mais quand je parle à des personnes et qu’elles s’interrogent sur mon « imagination », je comprends alors que ce monde est un mystère pour la plupart des gens (qui y ont pourtant tant goûté dans leurs enfances). C’est pourquoi j’ai décidé de faire des séries de portraits de Jung, en utilisant le Geschehenlassen sur le fond et des portraits plus figuratifs et réalistes, mais dans des couleurs toutefois que j’aime (pastels, fluo, violets sombres, etc.).
Les notions de symboles, mythes, inconscients collectifs, archétypes sont également des points importants à explorer. J’ai déjà montré mes peintures récentes traitant de ces sujets avec un labyrinthe, un minotaure et d’autres éléments pour témoigner de ces inspirations.
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Carl Gustav Jung (16 octobre)
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Pour moi, peindre un portrait, ne signifie pas qu’on aime émotionnellement telle ou telle sujet, qu’on le trouve sympathique ou autre. Ici, il s’agit d’expliquer ma démarche et de citer une personne ayant travaillé sur des sujets qui m’intéressent. On peut citer ces auteurs dans des textes, comme on peut en faire des portraits en peinture.
Après une première série de 4 peintures sur carton, que j’ai présenté au Bazar des Beaux Arts, je continue mon exploration avec une série de 10 peintures sur papier supplémentaires, que je proposerai lors de ma prochaine exposition/vente du 15 au 18 décembre 2022.
Il y a d’autres sujets qui m’occupent, dans cette démarche actuelle : l’art abstrait, et notamment l’abstraction lyrique ou art informel renouant avec mes premières amours (Wols,…), le spirituel dans l’art des abstraits comme Kandisky ou Malevitch, l’art mediumnique de Hilma af Klimt, l’art brut et visionnaire, l’animisme, la Tradition primordiale, le spiritisme etc,… Tout cela rejoint et nourrit l’idée d’inspiration et de connexions à des mondes subtils (est ce notre propre Soi, inconscient, ou est ce des entités d’autres mondes?) grâce au travail de modification d’état de conscience par l’art, la méditation, les rêves ou la transe.
Vous pourrez une nouvelle fois voir trois de mes peintures lors de l’exposition collective Pigment’T qui se tient à la galerie du Bailli du 25 février au 2 mars 2022.
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Les yeux de Saba, 2019
. Profondo Azzuro, 2020
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Erzuli
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Triptique
J’apprécie réunir ces trois peintures, non pas seulement car elles sont dans les mêmes teintes de bleus, ou de même format 55 x 46 cm, mais aussi parce qu’elles racontent quelque chose ensembles. J’ai toujours été attaché au chiffre trois et je trouve que dans ce chiffre sacré s’opère un rapport dynamique vibrant. On redécouvre une peinture sous un angle différent lorsqu’elle est à côté d’une autre.
Texture
On remarque d’abord les points communs, ou l’évolution : il y a une recherche plastique dans les effets picturales des fonds : coulures, traces de pinceaux, effets. Dans Erzuli, il y a de la broderie d’un dessin de deux mains. Elle se remarque surtout en se déplaçant autour de la peinture en fonction de l’éclairage. J’ai plusieurs fois brodé d’autres toiles après cette peinture car j’aime y ajouter de la fibre (un symbole important pour moi). On observe ensuite dans Les yeux de Saba que la texture se fait plus franche, plus « sale » ou plus brute avec un peu de matière.
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Dessins automatiques
Ce qu’il y a aussi dans les fonds chez Erzuli sont des sortes de symboles, qui évoquent les vèvès vaudous. D’où le nom du loas (esprit) de l’amour (émotion proche de ma personnalité et également en astrologie (Venus)). Il s’agit en réalité de « dessins automatiques décoratifs ». J’ai essayé de me laisser aller pour permettre d’avantage ce genre de dessins, comme le faisaient les surréalistes. Cela devait me permettre d’être plus réceptive au hasard, être moins dans le contrôle (très difficile chez moi), ouvrir mon esprit à l’imagination des traits, développer une sorte de connexion avec mon inconscient, tenter des approches nouvelles du dessin, etc,… J’ai fait cet exercice dans des carnets de dessins pour m’habituer à une certaine fluidité. On retrouve donc de nouveaux des symboles dans Profondo Azzuro (titre en référence à un de mes films préféré Profondo Rosso de Dario Argento). Certains sont conscients (les zig zag réfèrent à une sortie astrale hors du corps voyageant dans un vortex spiralé et les sphères en haut à gauche réfèrent à l’énergie (onde) électro-magnétique, l’atome, les planètes, les vibrations,…) et d’autres encore à découvrir. Cela figure les informations invisibles qui flottent autour de l’âme sensible de l’artiste (qui choisit cette voix de la sensibilité), cela représente l’inspiration de symboles à capter, matérialiser sur la toile et interpréter.
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Méditation
Je continue de faire de la méditation après mon yoga pour travailler ma sensibilité (la capacité à sentir l’invisible). Je me concentre pour mettre mon corps en état « d’ouverture de conscience ». Je me concentre sur ma respiration, j’aimerai développer le pranayama, je contracte mes muscles du périnée sur l’inspiration, je visualise une sphère qui monte du périnée (shakra racine) vers le haut du crane. Quand je me concentre sur ma tête, je pense au milieu des yeux et souvent j’ai une sensation « d’évanouissement », ou lorsque je commence à m’endormir, sauf que je suis assise en position lotus. J’imagine que je fais monter une énergie à chaque inspiration. J’essaie aussi de « manger du prana » par le plexus solaire (à la manière vampirique (je ne suis pas faite pour me nourrir pas sur les gens)). Sur l’expire, je me détends ou j’imagine faire sortir de mon corps des énergies négatives (toxines etc,…). Le plus important n’est pas de faire cet exercice longtemps mais de le faire régulièrement. Je pense que chacun a sa propre « cuisine », c’est ma méthode personnelle qui reste perfectible. Cela m’aide à « être en contact » avec des choses « supérieures », non matérielles. Selon les interprétations, il peut aussi s’agir d’être en contact avec son inconscient ou soi même. Je laisse chacun choisir la forme que cela prend, ce n’est pas ça qui est très important. Mes exercices de méditation font parti de ma peinture, ils l’alimentent, ils sont aussi important que de laver ses pinceaux après usage, ou étudier l’anatomie, la théorie des couleurs, la perspective ou la place des lumières,…
Je l’ai annoncé depuis plusieurs mois et nous voilà arrivé à la dernière ligne droite :
Mon exposition à la Chapelle de la Suche commence ce vendredi !
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Vendredi soir, il y a un concert, et le vernissage est samedi matin à 11h !
J’expose du vendredi 6 août au 5 septembre. La Chapelle est ouverte les samedis et dimanches. Si vous passez, n’hésitez pas à m’envoyer un message pour savoir si je suis présente.
L’exposition a été avancé depuis la première annonce !
J’ai hâte que tout soit installé pour lâcher la pression.
Je suis vraiment très heureuse de pouvoir exposer dans un si beau lieu construit dans les années 50, au milieu de la nature et près de rivières vosgiennes. La forêt est vraiment très belle et je sens toute une atmosphère qui se prête parfaitement bien au titre de cette exposition : « le murmure des Muses ».
En effet, ma démarche artistique est d’être inspirée et connectée à des muses et de transcrire dans la matière leurs enseignements et leurs grâce.
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J’exposerai deux peintures réalisées cette année plus quatre autres plus petites dans un format « fanion ». Vous pourrez en gagner deux lors d’une tombola organisé par l’association qui gère les animations de l’été (expositions et concerts).
Vous pourrez aussi voir des foulards imprimés avec mes motifs répétés disponibles que le site Redbubble.
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Je suis ce genre de personne qui achète « Speak and Spell », le premier album de Depeche Mode sorti en 1981 au sombre automne de 2020. Il m’a beaucoup aidé à surmonter une sorte de morosité hivernale de confinement.
Depeche Mode est un groupe très populaire que j’ai découvert à l’adolescence, notamment avec la sortie de « Barrel of a gun » en 1996. Je trouvais le clip étrange, donc il me plaisait, mais à cette époque j’avais besoin de musique plus « agressive » et américaine. J’écoutais alors « Mellon Collie and The Infinite Sadness » des Smashing Pumpkins avant de plonger vers 1998 dans « Antichrist Superstar » de Marilyn Manson à l’entrée du lycée. (Ces deux groupes ont d’ailleurs fait des reprises de Depeche Mode, « Personnal Jesus» pour Marilyn Manson en 2004 et « Never Let Me Down Again » pour Smashing Pumpkins, présent sur un album tribute a Depeche Mode que j’avais acheté en 1998 à cause de la présence de ce dernier groupe ainsi que Rammstein et Deftones. La reprise des Smashing Pumpkins est assez appréciée par le groupe ainsi que la reprise de Personnal Jesus que Johnny Cash a fait plus tard). Je connaissais le groupe de réputation (j’avais aussi vu le reportage live « 101 » qui était passé sur MCM) sans creuser d’avantage leur discographie. Dans ces années 90, Depeche Mode essayait d’enterrer leur image de groupe lié au style New Wave, en mettant plus de guitares saturées et en usant des claviers de façons plus « subtiles ». C’est un groupe qui préfère aller vers l’avant, vers l’avenir et aime la nouveauté technologique. Ils détestent notamment qu’on les associe au « New Romantics ». Je suis trop jeune pour avoir aimé le groupe à ses débuts, leurs premiers albums correspondent à une époque que je n’ai pas beaucoup vécu si ce n’est « inconsciemment » dans le décor des années d’enfance (à travers des sonorités, des jingles comme celui du Top 50, une esthétique graphique, etc… ) Dans les années 80, je m’intéressais plus aux dessins animés qu’à la musique anglaise et je n’ai pas grandi dans un environnement culturel stimulant. La télévision, comme pour la plupart des enfants de classe populaire était ma seule source de « culture ».
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2000 – dancefloor
J’ai toujours préféré les musiques un peu sombres et tristes (comme les films, la littérature, la peinture et les individus), et c’est tout naturellement que je gravitais autour du mouvement « gothique ». Mon goût s’est alors affiné vers moins de culture de masse américaine, télévisé et à la mode (propulsé par une communication commerciale privilégiée) pour plonger vers la musique anglaise prenant racine dans les années 80, et plus particulièrement après les Sex Pistols de 1975, tout en étant influencée par ce qui existait avant comme le disco ou le glam mais surtout David Bowie. J’ai réécouté avec plaisir les sons de synthétiseurs des années 80, après les avoir fuit dans les années 90 et début 2000. Et ce n’est pas tant la musique pop qui m’a reconnecté à ces sonorités que les premiers morceaux de Death In June comme sur l’album « Nada ! » de 1985 ou « Come Before Christ and Murder Love » sur « The World That Summer » l’année suivante ou d’autres groupes comme Dead Can Dance. Ce qui est pratique quand on cherche des albums rangés par ordre alphabétique dans des magasins est qu’ils sont réunis sous les lettres « De… ».
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2010 – Youtube
J’écoutais de temps en temps Depeche Mode comme une sorte de « easy listening » assez dansant et agréable donc je m’étais familiarisée avec les chansons mais pas avec le visages des musiciens. Ils se sont toujours défendus d’être sombre ou triste et c’est surement pourquoi je ne les écoutais pas souvent. Il y a quelques années, j’avais vu la vidéo de «Shake the Disease», où le groupe Depeche Mode était sur une sorte de péniche. Et j’ai eu une sorte d’attirance pour le blondinet peroxydé en tenue latex et yeux maquillés. C’était comme si je le voyais pour la première fois. Plus exactement je le regardais pour la première fois, car dans les années suivant cette période, son style me laissait plutôt indifférente.
A la fin de l’automne dernier, j’écoutais beaucoup plus cette musique, car je voulais quelque chose sur quoi danser, même si c’était toute seule en pyjama dans ma chambre, il me fallait lutter contre l’enfermement, le manque de soleil, l’addiction aux écrans en restant assise, et le froid humide. J’ai donc regardé plus de vidéos sur Youtube de Depeche Mode et notamment les lives des années 80 et c’est là que je suis devenue accroc.
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Devotion
J’avais parallèlement une sorte de saturation de certaines informations d’actualité (que mon esprit a besoin de connaître comme arme de résistance à ce qu’on nous fait subir) et j’avais besoin d’accrocher mon attention vers quelque chose de moins énervant. J’ai une grande capacité à aimer, à adorer, à aimer aimer, tomber amoureuse, être fan, ressentir l’amour des autres pour les autres, etc,… Je suis quelqu’un de très émotionnelle et d’empathique, et j’aime aussi analyser, raisonner et réfléchir. Je ressens très fortement les choses, mon coeur s’emballe très facilement. Comme il sait le faire pour des choses négatives, j’essaie de louer cette capacité d’émotion en le faisant battre pour des choses positives en m’entourant de belles choses, en écoutant de la musique que j’aime, en regardant des œuvres d’art, etc,… Mon coeur d’adolescente n’est pas enterré et je suis très heureuse de pouvoir continuer de ressentir ces choses, avec le recul de l’expérience (qui sait m’apporter la déception).
Ces morceaux de lives m’apportent beaucoup de joie. Puis j’ai regardé de plus en plus d’entretiens et j’ai déterré les Gigaoctects de Youtube au point d’avoir l’impression d’avoir vu toutes les vidéos sur le sujet, donc j’ai commencé à les regarder plusieurs fois, tous les jours. J’ai ensuite regardé sur Pinterest et Tumblr beaucoup de photos, puis j’ai cherché des gifs animés, puis j’ai créé des gifs animés, puis j’ai dessiné un peu, et puis dessiné sérieusement.
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Analyse d’émotion
Je me suis focalisée sur Martin Gore, le compositeur de Depeche Mode. J’ai étudié son thème astrologique. Si quelqu’un connaît son ascendant (ou son heure de naissance) je serai heureuse. Je me nourrissais de son aura en même temps que j’essayais de décortiquer intellectuellement ce que je ressentais, pourquoi je le ressentais, comment ça pouvait m’influencer, me faire avancer etc,…
Martin Gore ne ressemble pas spécialement au type physique qui m’attire, si ce n’est les yeux et les sourcils. J’apprécie généralement les personnes plus sombres, mais à la fois, j’adore son côté « Lion ». Il est à la fois exhibitionniste bronzé et souriant et à la fois très timide. En interview Andy rit parfois sur des anecdotes où Martin se mettait souvent nu. C’est la personne qui souffre de crise d’angoisse et qui aime se mettre plein de paillettes dorées.
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J’ai donc évidemment fait une sorte d’identification, étant moi même introvertie et aimant les paillettes. J’aurai aimé être une femme forte, guerrière, sombre, froide, dure qui ne montre pas ses émotions, une personne qui sait s’imposer, mais c’est complètement raté. J’apprends à m’aimer, à aimer ce que je suis intimement (grâce à l’astrologie) et c’est pour ça que j’ai aimé voir ces éléments (la timidité) chez quelqu’un, pour m’inspirer de son aura, dans le but de m’aimer à travers lui. C’est d’une certaine manière narcissique. Mais en même temps si j’étais narcissique (ce qui est un but – le côté Lion/paillettes), je n’aurai pas besoin de faire ce travail. Martin Gore m’apprend à être plus narcissique et à vivre mon introversion et ma timidité de façon flamboyante et positive. Tout ce que j’écris est l’analyse de mes sentiments, ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé en amont, c’est le fruit du décorticage de ce que je ressentais. C’est également une hypothèse, et non une vérité absolue.
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Le style physique de Martin Gore
En regardant les interviews de Martin Gore, je me suis mise progressivement à aimer la moindre de ses expressions, chaque muscle de son visage transmet à mon cerveau une information qui stimule des endorphines. Sa voix est devenue un remède contre le stress. Je m’écoute des podcasts où il parle et cela suffit pour accélérer mon rythme cardiaque et tomber dans une sorte d’extase. Je suis totalement amoureuse de son accent anglais, de sa façon de parler. Son sourire généreux qui semble cacher un mélange de timidité et de provocation mêlé à un côté indolent crée une sorte de joie et de désir. Et tout cela a été amené grâce à son goût, à son style vestimentaire, entre provocation (quand il portait des robes ou des accessoires fétichistes), extravagance, et une touche sombre.
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Le mauvais « type d’attention » que cela a engendré, m’a pêché comme un poisson. Les entretiens reviennent sur le fait qu’au début, la presse s’est focalisée sur les vêtements de Martin Gore plutôt que sur la musique et que cela nuisait à l’image qu’ils auraient voulu donner. C’est pourquoi ils ont ensuite travaillé avec des personnes, comme Anton Corbijn pour mieux diriger le style visuel du groupe. Je dois dire que le style d’Anton Corbijn ne marche pas du tout sur moi, c’est un peu la raison pour laquelle je ne m’étais pas vraiment intéressée au groupe visuellement. Alors que j’adore le style « communiste/réalisme socialiste » (très présent chez Laibach) de la pochette de « A broken Frame » et « Construction Time Again ». Il marque vraiment le style des années 90, en noir et blanc, plus sobre, que je n’aime pas. Ce style années 90 est aussi très marqué par les publicités noir et blanc de sous vêtements unisexe Calvin Klein. Pourtant Anton Corbijn a réalisé un de mes clips préférés qui est « Heart Shaped Box » de Nirvana.
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Martin Gore, Depeche Mode, illustration Holy Mane
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Energie créative de l’innocence
C’est pourquoi je reste surtout amoureuse de la période des années 80, qui est une période extrêmement riche. Le côté naïf et juvénile que les musiciens reprochent à cette période est aussi ce qui leur donne une extraordinaire créativité et une volonté d’agir sans peur, grâce à l’ignorance. Signer chez Mute sans contrat, sortir un album chaque année et faire des tournées entre chaque, jusqu’à être parfois 24 mois sur les routes,… J’ai aussi besoin de retrouver cet âge d’insouciance comme une énergie créative qui m’inspire et m’aide à dépasser mes blocages de personne trop raisonnable et donc qui se limite. Pour ma peinture, ma création, j’ai besoin de voir que les choses sont possibles, qu’on s’en fout de rater, que l’acte de faire est ce qui compte, que de créer en « do it yourself » est une belle alternative devant le manque de moyens. Je passe trop de temps à analyser les stratégies de communication permettant de ne pas être noyée dans l’arène de compétition du monde moderne et cela me déprime beaucoup. Je passe trop de temps à faire de la promotion dans le vide plutôt qu’à créer de nouvelles choses. Mais c’est aussi parce que j’ai énormément de créations, de matières et que j’aimerai les faire vivre autrement que dans mes cartons. Toutes ces questions m’éloignent de la création pure et j’ai besoin d’être dans cette spontanéité artistique. C’est pourquoi les albums des années 80 de Depeche Mode sont vraiment une nourriture stimulante.
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Contrairement à ce qu’on peut imaginer, la presse n’était pas vraiment tendre avec eux au début, cherchant toujours à les réduire à un groupe à filles (expression d’ailleurs misogyne).
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Songs of Faith and Devotion
J’essaie d’analyser mes sentiments, mais aussi ceux des fans. Je ne me sens pas, à ce stade fan. J’ai été fan de Marilyn Manson, je le suis de Death In June, mais pas encore de Depeche Mode. Ce groupe peut compter sur ses fans, qui sont vraiment dans une adoration quasi religieuse qui elle même, inspire le groupe à son tour. Ceux qui se tatouent ou dorment devant l’ouverture des magasins pour acheter en premiers les billets de concert, qui écoutent en boucle un seul morceau pendant toute une journée en pleurant, qui s’évanouissent tellement leurs corps ne peuvent plus supporter tant d’émotion sont très nombreux. On parle souvent d’une de leur session de signature dans un magasin de musique, qui a créé des accidents, tellement il y avait de monde. Les vitres du magasin ont explosé, des personnes ont été blessé,… Martin Gore aime parler de ce sentiment religieux, de l’inspiration du gospel, d’une sorte de sacré qui peut réunir des humains. Il parle de la religion comme de la sexualité, ce sont deux thèmes puissants dans ses textes. « Condemnation », sur l’album « Songs of Faith and Devotion » sorti en 1993 est une de leur chanson préférée pour l’influence gospel.
J’aimerai moi aussi comprendre comment un groupe peut rendre des personnes fanatiques et surtout procurer un amour et une dévotion comme celle ci. Je pense qu’évidemment beaucoup sont nombreux à vouloir comprendre et utiliser « la recette du succès ».
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Composition du son
Concernant les compositions, ce que j’apprécie de façon intense sont les sortes de petites dissonances qu’il glisse dans ses mélodies. Ca me rend vraiment folle et résonne avec des sons que mon corps d’enfant à enregistré au coeur de sa mémoire. Quelques notes peuvent me bouleverser puissamment, notamment dans les notes de clavier de « A question of Lust » (lorsqu’il chante « It is all of these things and more ») présente sur Black Celebration » de 1986.
J’aime énormément l’introduction (surtout dans les versions live des années 80) de Blasphemous Rumours » sur « Some Great Rewards » de 1984.
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J’aime l ‘energie de la chanson « Tora, Tora, Tora ! De Speak and Spell (1981) ; Pipeline sur « Construction Time Again » ou « Told You so » avec son petit côté oï ! (très lointain, mais je ne sais comment le dire mieux).
Les notes dans la mélodie chantée sont aussi parfois déroutantes (cela dépend évidemment de chaque oreille, de chaque « culture » musicale), la ligne de chant de la chanson « Home » sur l’album Ultra sorti en 1996 me séduit pour son audace d’aller dans les aiguës où on ne l’attend pas malgré un arrangement très années 90.
Martin Gore, lorsqu’il parle a une voix plutôt grave, et lorsqu’il chante, il peut aller vers le ténor et faire des « choeurs d’arrière chant » aiguës. Dave Gahan a une voix profonde et ronde plutôt impressionnante qui ne faiblit pas avec l’âge, contrairement à celle de Martin qui était surtout au sommet au début des années 2000. Il a d’ailleurs sorti un album solo de reprise en 2003, qui s’intitule « Counterfeit² » après un EP nommé « Counterfeit » en 1989. Il a depuis les années 80, pris des cours de chants et perfectionné sa voix et sa musique (abusant peut être des mini vibrato), c’est une des raisons pour laquelle ils voient leurs premiers morceaux avec des oreilles techniques plus sévères. Dave Gahan aussi a beaucoup progressé depuis leurs débuts quand ils avaient 18 ou 19 ans. Martin Gore est né en 1961 et Dave Gahan en 1962. Le premier a commencé un groupe avec leur camarade de lycée Andy Fletcher et Vince Clarcke dans « Composition of Sound » en 1980. Je trouve d’ailleurs le morceau « Ice Machine » vraiment bon.
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Alan Wilder a rejoint Depeche Mode par la suite en 1982, pour partir en 1995 entre « Songs of Faith and Devotion » en 1993 et « Ultra » en 1996. Bien que les musiciens s’expliquent très peu ou vaguement sur le sens des paroles ou des titres de leurs chansons, préférant laisser chacun interpréter comme il le souhaite, Alan Wilder commente dans une interview que le terme « masses » est employé de façon un peu ironique. Certaines personnes disent que son départ vient aussi du fait que le son qu’il apportait était moins « commercial » et qu’il trouvait qu’on ne lui donnait pas assez de place au sein du groupe. Son départ coïncide avec la décennie qui m’intéresse moins, même si j’adore quelques morceaux, mais c’est surtout l’esprit des années 80 plutôt que le son qui fait appel à des choses profondes et étranges comme, codées en moi, du fait de grandir dans ces années là.
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Fragiles aspérités sensuelles
Il y a trop de morceaux que j’apprécie pour tous les citer (« one Caress » quand même), et l’émotion change et évolue d’écoute en écoute, ce qui est intéressant, notamment par la présence de petits sons subtils qu’on découvre peu à peu. Je suis à la fois mon sujet et mon analyste d’étude. Même si j’aimerai comprendre aussi ce qui se passe dans la tête, le corps et le coeur des autres fans. Quand je vais sur youtube, j’ai le très mauvais besoin de lire les commentaires des vidéos. C’est généralement la voix de la haine et des stupides, mais sous les vidéos de Depeche Mode, il n’est pas rare de lire des témoignages vraiment touchant où l’amour se ressent dans une sorte de possibilité humaine oubliée.
Dans le live « I want you now», je suis capable de pleurer d’émotion , même si la qualité de la vidéo est très mauvaise.
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La voix chantée de Martin Gore devient un vecteur d’émotion incroyable. C’est dans le grain, les petites aspérités que surviennent les pics d’amour. Tout ce qui est considéré comme des défauts, ce qui entrave au lisse, prend de la grâce et du charme. Comme beaucoup de fan, je préfère Martin Gore avec ses dents d’enfant de la working class. Il les a refaite et vit à Santa Barbara, on ne peut que lui souhaiter le meilleur. Chaque expression de moue du visage, tremblement de sourcils, main dans les cheveux, grain de beauté sont autant de marques de dévotion. Oui, je n’ai pas encore parlé de ses cheveux. Je vais donc censurer ce passage pour ne pas glisser dans le fétichisme.
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L’art du portrait
J’adore plus que tout dessiner des portraits. Ce que j’aimerai faire est capter la beauté. Ou capter l’émotion que je ressens devant le visage de certaines personnes et réussir à transmettre ces sensations sur du papier. C’est à la fois difficile et à la fois, je suis encouragée par la beauté et la grâce qui me transportent. Je ne sais pas si c’est vraiment possible qu’un artiste arrive vraiment à faire partager des émotions à la fois intenses et subtiles (dans la subtilité des détails qui provoquent des effets physiques intenses). J’essaie de le faire et en même temps, je crois que je suis poussée par quelque chose, par cet amour, cette dévotion. Je ne sais pas quels sont les mots qui expriment vraiment ce que je ressens. Je ne suis pas amoureuse, je ne suis pas « excitée sexuellement », il y a de l’identification, un besoin d’admiration, de modèle, de moteur, et dans le cas de Martin un besoin de douceur, de fragilité, de tendresse. Il incarne beaucoup cette vulnérabilité tant diabolisée à notre époque. C’est comme si il me rassurait en me disant que j’avais le droit d’être fragile. « Fragile, like a baby in your arms » sont les premières paroles de « A Question Of Lust », on est très loin du guerrier viril et pourtant on a envie d’être cette personne qui va protéger et donner tout son amour à cette créature sensible et pleine de créativité. On n’est plus dans le slogan actuel « prends mon argent », on n’est pas dans le « prends mon corps », mais on est dans le « prends mon amour ». Même si, comme je l’ai écrit plus haut, la sexualité est un des thèmes assumés. Dave Gahan aime également se dandiner sur scène, et cela doit séduire beaucoup de fans. Je crois que personnellement, je préfère le trouble que fait naître la sexualité, comme sur la chanson « A World Full Of Nothing », que le sexe en lui même.
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Le sexe peut être très bien, mais je crois qu’en ce moment dans notre société il est trop présent, trop vulgaire, réduit au corps voire au porno et cela m’ennuie. Je préfère les choses plus contrariées peut être, sans tomber dans la frustration non plus. Je suis quelqu’un qui aime les fioritures et je peux être qualifiée de midinette par ceux qui ne ressentent pas ce qui me rend la vie plus passionnante.
En dessinant le visage de Martin Gore, j’ai essayé de capter ce que j’aimais chez lui, mais je crois que je n’ai pas réussi à mettre suffisamment les mots, il y a une grande part que je n’arrive pas à déchiffrer et je ne sais pas si j’arrive alors à le reproduire sur papier, à faire comprendre la sensation d’un coeur qui saigne d’amour. Je trouve ça toujours un peu kitsch ou ringard de faire des portraits de stars, des « fan arts ». Cela rappelle des dessins d’adolescents et leurs posters de stars dans leurs chambres. Mais j’aimerai rendre hommage à cet état d’esprit. Le style des années 80 a été largement ringardisé, puis remis à la mode en parti, puis re-ringardisé, donc ce portrait pourra être pris de façons différentes selon notre culture et nos goûts. Je suis contente du résultat.
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Ecouter le son des années 80 en 2020 me fait beaucoup de bien, cela a peut être un côté réconfortant que certains appellent « l’effet doudou », même si l’esprit de l’époque était tourné vers la nouveauté, les synthétiseurs, les ordinateurs. J’ai une âme nostalgique, pour des musiciens qui, donc ne partagent pas mes goûts, vu qu’ils se tournent vers les expérimentations nouvelles, inspirés par d’autres groupes comme Kraftwerk. Mais c’est la même chose pour beaucoup de personnes qui aiment écouter des musiciens d’avant garde comme Beethoven ou Eric Satie.
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Martin Gore a aussi sorti des albums instrumentaux, notamment « MG » en 2015, et récemment « The Third Chimpazee » en février 2021 également chez Mute.
Comme chacun, nous sommes soumis aux autorisations et interdictions gouvernementales, sans nous laisser le temps de nous adapter comme on le souhaiterait et avec à tout moment la possibilité de changements.
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Cela me rappelle fortement les témoignages de souffrance au travail (dont une philosophe du travail rappelle qu’il faudrait plutôt appeler cela « maltraitance au travail » ou « harcèlement au travail « car ce n’est pas la faute du travailleur mais du « manager ») orchestrée par le capitalisme actuel. Ce type de management de plus en plus appliqué au secteur public comme la culture, l’éducation, la santé, se généralise maintenant à toute la population avec les ravages ( les employés d’Orange France Télécom) que nous connaissons pourtant…
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Comme je le dis souvent, je pense que notre société doit plutôt non pas s’adapter et faire résilience pour continuer à aller droit dans le mur, pour la Croissance des plus riches, mais plutôt ralentir et prendre soin de soi et des autres. Nous visons une époque de pandémie et personne ne parle réellement de prendre soin des corps et du vivant (la nature, les animaux, les végétaux,…) si ce n’est nous imposer un scientisme déraciné (la science profane comme religion comme l’explique René Guénon en 1927 dans la crise du monde moderne) à travers une course absurde (dans le sens de la précipitation plus que la qualité) pour un vaccin.
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Les humains sont réduits à des chiffres, des statistiques, des courbes de croissance et non plus à des individus avec des corps sensibles. Comment pouvons nous construire un futur sain avec ce genre de mentalité ? Il y a quelques années quand Staline parlait des morts comme des statistiques tout le monde trouvait ça horrible et maintenant c’est devenu la nouvelle norme.
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Fin octobre, j’avais donc prévu mon exposition et « marché » (vente d’impressions et de mes bijoux d’art textile) à la Voûte, située dans un petit village des Vosges. Cela a été entravé par la règle de l’ouverture des lieux seulement « essentiels ». Mon exposition chez le fleuriste a également été fermé.
Maintenant que les vacances de Noël arrivent, de nouvelles « adaptations » pour les commerces sont mises en place (laissant les restaurateurs et les bars à leur confinement). C’est ainsi que la Voûte peut réouvrir. En effet cette association, comme une maison d’artisans et d’artistes permet de s’acheter des créations artisanales faits mains. C’est aussi un lieu où se retrouver, où se poser, prendre son temps et regarder. Le lien humain est plus important que « l’obligation d’achat ». La Voûte est un beau lieu gardant une structure architecturale d’ancienne ferme, modernisée permettant à chacun de garder les « distanciations physiques » de rigueur. Elle est idéalement placée au centre du village près du clocher de l’église et profitant même d’un restaurant à côté qui permet de livrer des pizzas à défaut d’ouvrir ses portes, et d’un petit terrain adapté aux voitures (qu’on appelle « parking » dans le monde civilisé).
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Me voila donc installée à la Voûte, à une place d’honneur depuis dimanche 29 octobre et pour tous le mois de décembre (selon les changements de plan du manager de l’Etat). La voûte est ouverte du mercredi au dimanche de 13h30 à 18h30.
Ce qui m’intéresse est sa position dans le monde rural et les échanges possibles avec d’autres créateurs, et c’est encore plus stimulant si certains partagent certaines de mes idées, notamment le besoin de nature et de « spirituel » (que j’appelle « animisme », mais sans vraiment le nommer car il ne s’agit ni de dogme ni d’orthodoxie et encore moins de morale). Dans mes réflexions, en perpétuelles constructions, analyses, nourritures, je réfléchis à la manière de construire une société plus idéale, sans oublier que mon idéal n’est pas l’idéal de mon voisin, mais c’est important d’observer tous les possibles. Dans mon idéal, il faudrait des plus petits groupes d’humains autonomes dont le pouvoir n’est pas centralisé par une capitale comme Paris ou pire, Bruxelles qu’on appelle aussi New York.
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J’ai une amie qui habite une île au Japon est cela dessine bien les contours de mon idéal : quelque chose de traditionnel, sans être ni xénophobe ni sexiste pour autant, qui conserve un culte des anciens, un culte des lieux, des pierres, des rivières, des esprits (un mélange de croyance local et de shintoïsme), vénéré lors de fêtes traditionnelles, où musiques, costumes, contes, danses conservent un lien social intergénérationnel et remémorant le passé et les mythes fondateurs. L’entraide y est très présent, les gens ont tous un potager et partagent leurs légumes avec les voisins, ils viennent chez vous sans non plus s’imposer, ce qui me rappelle ma grand mère picarde qui avait toujours du café pour les visiteurs. Il y avait vraiment une solidarité et même si les réseaux sociaux numériques n’existaient pas, les gens ne souffraient pas comme aujourd’hui de solitude. La nature a une place importante mais pour autant ils vivent dans le présent, avec la technologie associée. Quand les gens font des choses pour toi, c’est moins difficile de faire des choses pour eux (sans être exploités par eux). C’est ce que les petites communautés, au contraire des grandes villes peut enseigner.
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Je pense que la ruralité peut prendre cette voie. Les parisiens aiment représenter les vosgiens comme des arriérés, des chasseurs et des consanguins. Mais ce n’est pourtant pas ce que j’ai rencontré (même s’il y en a sûrement, comme partout en fait). J’étais même plutôt ravie de rencontrer des personnes sensibles et cultivés. Ici, les gens ont plus un goût de la nature, et on peut parler astrologie, magnétisme et fantômes sans passer pour des gens bizarres ou naïfs (ce qui est le cas dans les « villes civilisées »). Le capitalisme et l’idéologie ont récupéré l’astrologie et le tarot pour faire des guidances et du coaching teinté de morale « woke », ce qui dénature terriblement cette science sacrée en partie oubliée (voir encore le chapitre sciences sacrées sciences profanes de René Guénon dans la crise du monde moderne de 1927). Je n’angélise pas le monde rural qui a de nombreux défauts, j’essaie d’observer et de construire dans ma tête un idéal. Ce que j’ai manqué pendant mon adolescence en Seine et Marne était de culture. Aujourd’hui, je souffre de ne pouvoir aisément aller à une exposition sur les Hittites au Louvre ou sur William Blake à Londres. Bien sûr, nous sommes plus mobiles qu’auparavant (quoiqu’avant il existait plus de lignes de train, notamment une ligne sous Napoléon III qui reliait Paris à Plombières les Bains). L’idéal serait d’avoir des lieux artistiques en zone rurale. Pourquoi pas. Alors bien sûr il en existe, comme ici à la Voûte, il y a aussi des squatts (mais la politique tue l’art, même si je suis profondément politique) mais si je poursuis mon idéal, on pourrait voir une exposition comme celle sur Mucha ou sur les préraphaélites par exemple. A Epinal, on a bien le Musée de l’Image et le Musée d’art ancien et contemporain qui accueillent de grands artistes reconnus. A Plombières ils voulaient réouvrir un musée avant le confinement.
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Selon moi, le problème ou le défi comme disent les bien pensants capitalistes, c’est le public. C’est vraiment un problème, et en fait, cela ne touche pas que les campagnes, car j’ai habité longtemps en région parisienne et j’ai pu voir que les gens n’étaient plus sensibles comme avant. Selon ma théorie, les gens ont trop bouffé de culture de masse et n’ont plus de goût pour les belles choses, ils ne se déplacent qu’en troupeau, mais ne prennent plus le temps de flirter individuellement et intimement avec l’art, ils sont dans la représentation de goûts et non plus dans l’émotion et la sensation, à cause de la société du spectacle actuelle qui t’indique quoi consommer, quoi penser, contre quoi t’indigner selon les hashtags à la mode.
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En ce moment, j’écoute Martin Gore et les titres de Depeche Mode des années d’avant la chute du mur de Berlin, une période très riche musicalement (Martin Gore y habitait un peu). Honnêtement j’ai des coups de mou et cette musique m’a vraiment aidé à me concentrer sur la joie de danser plutôt que sur le prix du panier de course, les factures à payer et l’administratif à gérer. Dans mon idéal, j’aimerai des clubs de musique avec des punk romantiques venant danser sur de la synth pop comme à Londres au début des années 80. Mais aujourd’hui, même à Paris, on ne peut pas dire qu’il y ait foule. J’ai déjà écrit mes notes désespérées sur ce que la gestion sanitaire a tué dans la culture artistique, notamment les artistes les plus précarisés, et je sais que malgré les bonnes intentions des gens, ça ne sera plus comme avant, on ne pourra plus danser. Car je ne veux pas d’un vaccin ARN qui modifie mon ADN, car mon corps a besoin de ce corps non génétiquement modifié pour m’approcher de William Blake et de sa capacité créative à avoir des visions. Le bruit des voitures, l’électricité et la technologie altèrent déjà mon corps (insomnie,…), alors comment pourrais je avoir foi en pire ?
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En tout cas il est important de « rêver », d’imaginer, pour ensuite construire des idées et proposer des alternatives, car il y a vraiment trop de choses qui ne vont pas. C’est pourquoi rencontrer des gens « en vrai », est important. Je continue de réfléchir à tout ça, il y a tant de propositions, j’ai vraiment besoin d’une énergie créative pour m’ouvrir de nouvelles portes. Il faut trouver des manières à l’art de s’exprimer et permettre de retrouver du lien social et faire naître des oeuvres de génies telles que les chansons de Martin Gore. A la Voûte on réfléchit à d’autres projets et événements possibles, c’est très stimulant !
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J’expose :
Ou ? :
La Voute, 36 Le Village, 88240 Les Voivres, France
Quand ? :
Du 29 novembre au 29 décembre : Mercredi à Dimanche, de 13h30 à 18h30
(Je ne serai pas présente toujours)
Je vous invite à une nouvelle exposition qui aura lieu du 22 au 27 février 2019 à la Maison du Bailli à Epinal.
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J’expose quatre oeuvres originales avec le collectif Pigment’ T. N’hésitez pas à venir au vernissage qui aura lieu vendredi à partir de 18h30 !
Je serai par ailleurs présente à la galerie dimanche après midi !
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Dernièrement, je suis passée par différents états émotionnels et de réflexion qui se sont concrétisés par une petite série d’illustrations. Je les ai partagé sur les réseaux antisociaux et je vais tenter de résumer les idées ici.
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« Je voulais juste à la base des dessins en tant que supports d estampes (imprimer une plaque gravée et encrée) puis finalement elles existent pour elles mêmes, comme des particules de vie, comme des amas d étoiles. Je les ai nommé Pléiades, ces étoiles proche de la constellation du Taureau qui m est cher, plus nombreuses que les sept soeurs grecques. Certaines semblent avoir eu des mains ou des yeux emportés par des grenades des forces de l ordre capitaliste, mais ce n est qu un pur hasard »
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Cet été, j’étais dans un besoin de couleurs pastels, notamment du fait de son impopularité auprès de certains préjugés anti féminin, autant de la part de certains phallocrates que chez certaines féministes et autres moralistes new ageux (prônant le capitalisme « naturel » et vert et préjugeant les femmes coquettes de superficielles sans jamais leur donner la parole). Le rose pastel est notamment une de mes couleurs préférés, qui m’apporte beaucoup de bonheur quand je la vois, notamment lorsqu’elle prend possession des nuages. Elle porte le stigmate d’une féminité niaise qu’il faudrait dépasser. La seule chose qu’il faille dépasser est ce qu’on nous impose qui ne nous correspond pas, et en l’occurrence on nous impose de la rejeter. Même si ces cinq dernières années elle revient beaucoup dans la mode, certaines personnes y restent allergiques pour ces préjugés. J’ai déjà parlé du rose pastel et de son association au bébé féminin au début du XXème siècle, je comprends combien il peut constituer un symbole genré à combattre, mais je trouve que c’est un cliché ringard. C’est plus souvent de la part des hommes, que je ressens (et non le ressenti n’est pas moins vrai que n’importe quelle injonction médiatique) un besoin de combattre un corps assumant son féminin sensible et maniéré (un corps de femme comme un corps d’homme d’ailleurs), ou ont ils plutôt l’impression d’une légitimation à laisser s’exprimer leurs pulsions de domination.
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Ensuite, l’automne m’a donné envie de me protéger du froid et j’ai eu besoin de rechausser mes rangers et porter mes manteaux noirs. La gravure me manquait, j’avais besoin de retrouver la texture et la matière de l’aquatinte. Le noir revenait dans mes dessins. Cela s’est superposé à une pression sociale qui trouvait un moment de respiration dans la crise des Gilets Jaunes. Je relisais et écoutais des podcasts critiquant le monde moderne et le capitalisme matérialiste, cherchait des alternatives écologiques au désastre de la terre sans cesse souillée, qui est une chose qui me rend très souvent triste. William Morris, Jean-Claude Michéa, Henri Guillemin, François Jarriges, Bernard Stiegler, les techno-critiques romantiques, Deep Green Resistance et les éco-féministes m’ont consolé de mes tourments.
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Le jeu de rôle que je repratique depuis près de deux ans me mène vers le théâtre, la performance, le rituel, le shamanisme, la danse, la musique et l’expression physique et orale. Il m’aide à « invoquer » les esprits m’aidant à me déconstruire des normes sociétales et me guider vers ce à quoi j’aspire : une certaine spiritualité, un état de reconnexion avec le monde sensible et les esprits invisibles. Les théâtreux parlent des « ghosts » invoqués par Shakerpeare, lorsqu’ils incarnent un personnage. La musique dark folk Sturmpecht m’inspire beaucoup.
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J’ai eu ensuite une phase photographique, d’abord pour travailler sur ma perception de la lumière, afin de mieux la représenter en peinture, d’où le fait aussi que je peignais des néons roses. Cela m’a apporté une certaine délivrance, je me suis sentie « inspirée » (possédée) lors d’un de mes shooting et c’était très agréable, j’avais l’impression d’accéder à quelque chose de différent, de m’élever de la matière (que je ne rejette pas par ailleurs). Et j’avais aussi le plaisir intellectuel de me rendre compte que j’avais accéder à un de mes objectifs. J’avais envie de me replonger dans Current 93, Coil et surtout John Balance et la Chaos Magick.
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Cet état de lâcher prise m’a amené vers la création de dessins quasi automatiques, à la manière de Austin Osman Spare. Je voulais revenir à la gravure, à la texture sombre et donc créer des supports à imprimer, mais finalement je les laisse ainsi, prêt à être exposés.
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Hier la mort de Karl Lagerfeld, dont j’aime et respecte l’érudition et l’amour des belles choses m’a fait reconsidérer ma démarche. J’aime la discipline et la rigueur et le lâché prise n’est peut être qu’une injonction à laquelle je ne devrais pas me normer. Du coup je pense que c’était plutôt un état émotionnel et de sensibilité (permettant le contact avec le monde sensible) qui m’a conduit à ce résultat plus fluide, plus « poissons ». Car au fond de moi je trouve la discipline plus sexy que la négligence et mon but est de travailler sur mon être intérieur et authentique. Et je ne suis pas la personne détendue qu’on aime, que la société valide et encourage mais tant pis car je garde en mémoire la citation de Jean Cocteau comme une maxime : « Ce que le public te reproche, cultives le, c’est toi. »
Je relisais un livre sur Kali pour me remettre dans son sillage, l’invoquer pour de nouvelles oeuvres à venir. Le travail d’illustration ne se contente pas de devoir maitriser les techniques du dessin, dans la forme, la lumière, la couleur, l’anatomie, la perspective et tant de choses qu’une seule vie ne permet pas de gagner totalement. Il faut à l’illustrateur de se nourrir de culture, terme vaste, mais il lui faut aussi la semence qui fasse germer l’idée que lui apporte cette culture. Cette graine s’exprime par la poésie, la philosophie, la spiritualité et d’autres choses encore.
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Pour que je puisse aimer le travail d’un artiste, et d’un illustrateur en particulier, il faut que je puisse sentir derrière ses lignes une curiosité intellectuelle et culturelle, une maturité esthétique, une pensée dense et palpable, sinon le travail d’une photocopieuse ou de la machine en général peut très bien faire l’affaire. Pour que l’humain ne disparaisse, il ne doit pas laisser la machine le supplanter, c’est pour ça qu’il doit recultiver son âme avant que la machine se développe jusque là, si ce n’est pas déjà en cours. Une personnalité, une intégrité, des émotions, des sensations, voilà le minimum qu’un vrai artiste doit pouvoir accoucher.
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Ces derniers temps, je me sens bousculée par les projets, j’en ai déjà parlé et je m’en réjouis plutôt, mais cela condamne certaines choses à être mises de côté. Je suis déjà socialement et familialement totalement dévouée à mon art, dans le sens où j’ai renoncé à partager du temps avec ce qui ne le fait pas fructifier. L’Art demande des sacrifices, et cela, peu de gens peuvent le comprendre…
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Aujourd’hui se dresse dans le ciel la lune noire, l’absence de lumière dans la nuit. Cette nouvelle lune s’annonce plutôt négative pour moi. C’est drôle car il y a quelques jours je lisais sur des réseaux sociaux les apports bénéfiques des phases de la lune. Tout était si positif, et donc hypocrite et manichéen comme savent le faire les mythomanes new ageux. Il était dit que pendant la nouvelle lune, il fallait commencer de nouveaux projets. Ma croyance et celle de nombreuses traditions pensent l’inverse. La nouvelle lune symbolise souvent la Mort. Et ici, astrologiquement elle ne m’aide pas à rester dans le bien être.
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(les lunes correspondent ici au standard du pacifique, en France par exemple les pleines lunes de janvier et mars sont le 2). Pour les heures précises, vous pouvez consulter ce site.
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Je parle de la Lune car je parle de cycle quand je parle de Kali. Le cycle de la Vie, et de la Mort. Et c’est très étrange que je lise des lignes sur elle ce jour. (Même si je fais des recherches depuis quelques jours et que je construis mon projet depuis quelques semaines).
Donc pour que l’artiste puisse mettre de la consistance et de la vie dans son oeuvre, il doit faire aussi des recherches. Et cela, peu le comprennent… « ah, elle s’amuse, elle fait passer le temps,… elle n’est pas sérieuse,… ». Et pourtant il en faut du sérieux pour se remettre à bâcher sur les livres, les conférences, les émissions, prendre des notes, faire des synthèses et laisser l’esprit s’adonner à son intuition pour sélectionner les morceaux les plus germinateurs ».
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Kali est liée à la Vie, la Création et aussi la Mort. Ainsi il est nécessaire d’avoir des jours d’inertie. Je déteste l’inertie, c’est quelque chose qui m’effraie et que j’évite au plus haut point. Je ne sais pourquoi ça me rend malade. C’est pour ça que j’ai du mal à rester avec des gens, à part si les conversations se font riches et productives, ce qui est rare, mais en même temps je ne cherche pas assez, je n’ai pas le temps, je dois travailler le dessin et penser à l’Art.
Aujourd’hui ne devrait donc pas être un jour pesant mais un jour de « temps mort ». Kali surpasse la notion de temps.
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« Kâlî détruit Mahâkâla au moment de la grande dissolution; c’est à dire que Kâli, puissance du temps, absorbe Kâla (le temps), le destructeur universel. »
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L’hindouisme nous apprend a relativiser le temps. Pourquoi ai je si peur du temps qui passe ? Pourquoi me lamente-je de n’avoir que 24h dans une journée ?
Je disais plus bas, qu’un jour je mourrai et n’aurai pu profiter de toutes les oeuvres d’Art incroyables que peut contenir mon coeur. C’est quelque chose de douloureux. Je n’ai pas le temps car j’ai peur du temps qui passe et de l’inertie, comme la Mort, que je crois être mes ennemis. Mais le cycle qu’incarnent les grandes déésses mères fécondantes que sont Kali ou Ishtar ou tant d’autres qui ne sont que plus ou moins la même entité sous des langues et des terroirs différents, s’étant incarnée différemment pour mieux se faire comprendre des différents peuples du monde, ce cycle est vital, il est la Vie.
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Pourquoi se soumettre à rendre des comptes à ceux qui nous oppressent ?
Pourquoi courir contre la montre alors qu’on pourrait parfois s’octroyer le temps de souffler, de dormir, de mourir, pour mieux renaître. Cette nouvelle lune, entre deux pleines lunes de janvier m’apprend l’humilité de la mort. J’ai la sensation d’avoir vécu des morts initiatiques, en rêve, sur le Pont du Diable. Je crois en avoir déjà parlé. Ce jour j’ai réalisé combien n’importe qui pouvait (et voulait) me tuer. (Depuis je sens cette sensation chez certaines personnes à mon égard, cela fut nécessaire pour développer mon instinct, à travers mon instinct de survie : devenir l’animal qui sent le prédateur et apprend à développer ses poisons).
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Il me faut absolument penser à redevenir un être sensible qui ne court pas après la productivité, les expositions, les projets, les contrats, car je n’ai rien à prouver à personne, je n’ai aucun compte à rendre; pour devenir un être complet, il me faut prendre le temps de réaliser mes projets un à un en leur donnant le temps nécessaire. Je dois prendre du temps pour aller au delà de mes problèmes techniques de vidéo, continuer mes peintures à l’huile qui me prennent plusieurs mois, filer et tisser trame par trame pour sentir la matière, crocheter les mètres de fils en motifs. Personne ne m’arrête mais aussi personne ne doit accélérer le rythme nécessaire des cycles de création. Plus de philosophie, d’esthétique, de spiritualité, de pratique magique, d’émotions, d’amour et de temps morts.
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PS : Rien à voir, mais j’ai testé l’application/le site Canva. Je n’en voyais pas l’utilité car j’utilise Photoshop, mais pour ceux qui ne disposent pas de ce logiciel, cela permet de notamment créer facilement des « panneaux de tendance » ou graphisme élémentaire.
Pour cette peinture à l’huile, j’avais envie de peindre un endroit près d’une marre. Peindre le paysage et la nature est un exercice et je voulais m’y atteler dans le but de repousser mes limites. Cela fait plus d’un an que le paysage est devenu un sujet pour moi, même s’il n’apparaît souvent qu’en arrière plan d’un personnage.
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J’avais envie de douceur dans le sujet et d’une saison plein de lumière. J’ai commencé cette peinture en novembre 2015 pour la terminer en février 2016 et l’hiver n’est pas la période la plus agréable alors il me fallait une saison et des couleurs plus douces.
Je n’ai pas eu un parti pris relativement « réaliste » dans le sens où les couleurs ne correspondent pas à la réalité du sujet. Je les ai posé ainsi, au fur et à mesure selon mon « inspiration ». J’aime avoir des relations et des émotions avec des couleurs de tubes de peinture. Je pense que si on enregistrait l’activité de mon cerveau on y verrai des impulsions électriques, il se passe une réelle communication invisible rien qu’à ce stade.
Dans le traitement des herbes, je n’ai pas été « réaliste » non plus c’est à dire que j’aurai peint quelques aplats avec des ombres et des lumières pour un rendu plus « photographique » et atmosphérique, j’ai plutôt quasiment peint les herbes une à une à l’instar des tapisseries mille fleurs médiévales que j’aime beaucoup, telle la Dame à la Licorne.
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J’ai glissé quelques cubes sombres pour continuer mes séries de cubes, et y mettre des références alchimiques sur la matière première, même si les cubes sont bien plus que cela.
J’ai composé le personnage en me prenant en photo pour étudier les plis en peinture, dans la video que je partage ici, il s’agit de la peinture du détail des plis de la robe. Le visage n’est pas le mien mais un visage que j’ai trouvé beau, en accentuant le côté juvénile. La faon symbolise ici encore des éléments relatifs à la forêt, l’innocence.
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On peut voir différentes étapes de la peinture. Je commence par peindre grossièrement les formes et ensuite je reviens en couches sur elles. Peindre l’ensemble de la toile permet d’avoir une meilleure idée du rapport des couleurs entre elles. Je commence ensuite par le fond et notamment le ciel (quand il y en a un). Après je continue l’arrière plan en descendant. Je peins ensuite le personnage en commençant parfois par le vêtement, ensuite le visage. je fais les yeux et les détails en dernier et ensuite les cheveux dans lesquelles on peut voir des fleurs bleues.
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J’ai toujours un peu de mal à trouver des titres pour mes peintures, autant je peux m’épancher dans de longues explications, autant résumer avec un minimum de mot est parfois difficile.
Alors que j’avais terminé ma peinture mon copain l’a regardé comme si elle lui parlait. Il a « entendu » dans sa tête le mot « Kupala« , non pas qu’il soit schizophrène, mais dans notre approche artistique respective, nous travaillons à développer notre sensibilité, ce qui est souvent confondu dans notre société par les émotions ou encore la « sensiblerie ». La sensibilité est relative aux sens, la vue, l’odorat, etc… Il y a moins la notion de jugement ou d’ego que pour les émotions.
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On parle parfois de sixième sens qui serait en rapport avec l’intuition. En gros nous cherchons à développer notre intuition par des exercices comme s’il s’agissait de faire des exercices de dessin. Concrètement il peut s’agir pour moi de phases de méditation qui accompagne ma pratique de yoga en me concentrant sur les moindres informations, images, sons qu’on peut avoir. Beaucoup de gens ont des images qui leur apparaissent quand ils ferment les yeux, certaines personnes ont également des sons, moi j’ai aussi des « goûts » étant très portée sur la nourriture. Ce ne sont pas des hallucinations, c’est comme ces images qu’on peut avoir dans la tête. Si vous fermez les yeux et qu’on vous suggère de penser à un tigre, vous aurez surement une image mentale, bref, on peut développer notre esprit à aiguiser nos sens en partant de là.
Notre société fait totalement l’impasse sur cela alors que le corps et l’esprit humain est capable de tout cela, rien à voir avec des croyances ou de la spiritualité, c’est physique. A partir de ces outils physiques, on en fait ce qu’on veut et c’est là qu’on peut parler de croyances.
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Après des recherches, il s’est avéré que Kupala était une déesse slave de la nature. Il n’en avait jamais entendu parlé et ce n’était pas dans ses centres d’intérêts, ils préfèrent faire des recherche sur les démons mais c’est une autre histoire.
Quand je crée, il se passe des choses invisibles tout à fait fascinantes selon moi. Je me sens connectée à quelque chose et poussée par quelque chose, seulement je n’arrive pas encore à comprendre exactement et précisément ce qu’il se passe. Avant Leonard de Vinci me semble t’il, on parlait d’inspiration venant de dieu.
Une théorie discutable serait que j’entre en connexion avec des égrégores (créés par des gens qui « prient » une entité ou l’entité elle même) qui me commandent telle ou telle peinture, dans le but d’avoir des formes matérielles dans ce monde causal. Ayant constaté que cela se passe souvent, je commence à croire en cela. Ca a notamment été très fort quand je faisais mon oeuvre « Kybele« , comme une certitude et quelque chose qui ne vient pas de moi mais qui passe par moi qui me pousse à faire telle chose d’artistique. Beaucoup d’écrivains ont des propos similaires, en peinture on parle d’artistes visionnaires à l’instar de William Blake, mais le terme me gène encore.
Ensuite je pense que si je travaille sur un thème sincèrement (ce que je fais tout le temps), que je m’entoure de lui, que je m’ouvre et me connecte, il se passe quelque chose. Pour ceux qui travaille en magie, en travaillant avec une entité, par exemple une déesse des eaux et de la nature, que l’on s’entoure de ses attributs, symboles etc, si celle ci accepte de travailler avec toi c’est à dire d’établir un échange, elle peut t’offrir sa protection et ses « pouvoirs ». Par pouvoir j’entends des choses probables comme être plus sensible avec le symbole de la lune, être plus guerrière avec le symbole de mars, être plus sévère avec le symbole de saturne etc, il ne s’agit pas – malheureusement – de pouvoir projeter des boules de feu mais d’agir sur des choses déjà présentes en nous. Du coup si vous détestez la nature, je doute qu’il faille choisir de s’associer avec des entités qui l’habite.
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Evidemment je peux contrôler et refuser cela, je ne suis pas dans le cas de voix que j’entendrai qui me demanderai de tuer des gens, mais j’essaie de m’ouvrir au maximum et laisser mon esprit se faire envahir par des choses proches de ma personnalité, c’est à dire la nature, ou des puissances féminines créatrices. Mais généralement quand on me demande de faire quelque chose que je ne veux pas, je ne le fais pas et les ennemis sont le prix de l’insoumission. Ses ennemis sont alors accueillis par les dieux anciens qui leur chuchotent leurs terreurs dans leurs rêves.
J’aime beaucoup l’été, surtout après ce premier hiver dans les Vosges où je ne pouvais quitter mes sept épaisseurs de vêtements. Il fait froid en hiver mais également très chaud en été, la canicule n’épargne pas l’est de la France.
Le rebord de ma fenêtre :
Mon basilic pourpre (qui ne l’est plus vraiment).
Profiter des bois est un bonheur incroyable, ça me délasse de l’écran de l’ordinateur et des impératifs du quotidien. (En ce moment je prépare une journée d’exposition de mes récents dessins dans un parc et les préparatifs sont un peu épuisants). Cela m’aide à mieux dormir, à mieux respirer, à être mieux et enfin je me répète, la nature est une source d’inspiration incroyable, et elle se renouvelle à chaque instant. Récemment, sur une plage de rochers près de chez moi, j’essaie d’observer la Moselle et de voir venir les esprits des eaux. Je travaille ma sensibilité, j’ai encore du chemin à faire pour cerner l’invisible. Il faut que je leur dédie des peintures.